Contrefaçons en archéologie et les vestiges du Premier Temple
Contrefaçons en archéologie et les vestiges du Premier Temple
Les hommes de Nebucadnetsar furent si minutieux dans leur destruction du Premier Temple qu’il n’en resta pas la moindre trace.
Comme cela avait été prédit dans le Sefer Tehillim (Psaumes 137:7), ils arrachèrent ses puissantes pierres en criant : « Aru, aru ad hayesod ba ! » — « Rasez-le, rasez-le jusqu’à ses fondations ! » Pour cette raison, les archéologues n’ont jamais trouvé le moindre vestige de ses pierres de construction ni de ses objets sacrés.
Puis, un événement incroyable se produisit. En 1988 (5748), une ancienne grenade en ivoire de la taille d’un pouce fut proposée au Musée d’Israël par un agent représentant un vendeur anonyme. Ce qui rendait cette grenade véritablement unique était l’inscription en hébreu ancien qu’elle portait : « Appartenant au Tem[ple] de [Has]hem, saint pour les kohanim. »
Cette inscription datait avec certitude l’artéfact à l’époque du Premier Temple, en faisant le tout premier vestige tangible du bâtiment le plus saint ayant jamais existé. Le musée acheta cet artéfact extraordinaire pour 550 000 dollars, versés sur un compte suisse numéroté, acquérant ainsi l’un des trésors historiques les plus rares.
Bien que ce sujet semble sans lien avec la Kabbale, il illustre une idée très importante qui y trouve ses racines.
Une autre découverte du Premier Temple
En 2001 (5761), une autre découverte stupéfiante fit surface. Un individu mystérieux se présenta avec une pierre ancienne qui semblait sortie tout droit du Tanakh. Dans la Haftara de la Parachat Shekalim (Melakhim II, chapitre 12), nous lisons à propos du roi Yoash de Juda, qui commença à régner à l’âge de sept ans et régna à Jérusalem pendant quarante ans.
Le texte décrit comment il répara les murs endommagés du Premier Temple au cours de sa vingt-troisième année :
« Yehoyada le Kohen prit un coffre, fit un trou dans son couvercle, et le plaça à côté de l’autel, à droite de ceux qui entraient dans la maison d’Hashem. Les kohanim qui gardaient l’entrée y déposaient tout l’argent apporté à la maison d’Hashem. L’argent compté était ensuite remis à ceux chargés de superviser la maison d’Hashem, et ceux-ci payaient les charpentiers, les bâtisseurs, les tailleurs de pierre et les sculpteurs. Ils achetaient du bois et des pierres de taille pour réparer les dommages de la maison d’Hashem. Il n’était pas demandé de comptes aux hommes à qui l’argent était confié, car ils agissaient avec intégrité. »
Incroyablement, l’inscription sur la mystérieuse pierre faisait écho à cette histoire. Les lettres en hébreu ancien racontaient comment les villes de Juda avaient fait don de grandes quantités d’argent consacré pour acheter des pierres taillées, du bois, du cuivre et financer la main-d’œuvre pour les travaux de restauration. Le roi Yoash lui-même déclara : « J’ai réparé les dégâts de la maison et les murs alentour, l’extension, le treillis, les marches, la niche et les portes. Ce jour se tient comme un témoignage. Parce que les travaux ont réussi, Hashem bénira Son peuple. »
Mais cette tablette était-elle authentique ? Le Service géologique d’Israël lui fit subir une série de tests rigoureux, qu’elle réussit brillamment. Des particules de carbone incrustées dans la pierre indiquaient qu’elle avait été exposée au feu, ce qui correspondrait à un artefact ayant survécu à la destruction (Churban). Le carbone 14 de ces particules brûlées les datait à l’époque du Mikdash. De plus, de minuscules particules d’or retrouvées sur la tablette laissaient entendre qu’elle se trouvait à l’intérieur du sanctuaire recouvert d’or lorsqu’il fut consumé par les flammes.
Des experts examinèrent attentivement la surface de la tablette. Les véritables pierres anciennes développent une patine — un revêtement minéral formé par des réactions chimiques environnementales au fil des siècles. La tablette possédait non seulement une patine ancienne, mais les lettres gravées en étaient également recouvertes, indiquant qu’elles avaient été gravées lorsque la pierre venait d’être taillée, il y a des milliers d’années. En janvier 2003 (5663), la pierre fut authentifiée et proposée au Musée d’Israël pour au moins quatre millions de dollars — une somme considérable pour un fragment de pierre presque assez petit pour tenir dans un évier de cuisine.
Des questions difficiles en archéologie
Pour un prix aussi élevé, les directeurs du musée avaient besoin de plus que des indices circonstanciels. Ils commencèrent à poser des questions difficiles :
D’où provenait cette tablette ?
Qui en était le propriétaire initial ?
À ce moment-là, le vendeur mystérieux prit peur et disparut, emportant avec lui la pierre inestimable. Déterminée à ne pas laisser un artefact aussi significatif s’échapper, l’Autorité des antiquités d’Israël lança une enquête de neuf mois. Finalement, ils retracèrent la tablette jusqu’à O.G., un ingénieur israélien qui possédait l’une des plus grandes collections privées d’antiquités au monde. O.G. affirma qu’un Palestinien avait trouvé la pierre dans le cimetière musulman près de Shaarei Rachamim, le long du mur est du Mont du Temple.
Cependant, la révélation qu’O.G. était à l’origine de la tablette éveilla les soupçons. Il avait aussi récemment été lié à une autre découverte extraordinaire — un ossuaire en pierre (boîte à ossements) qui aurait contenu les restes d’un proche parent du Notzri. Était-il réellement possible qu’un seul homme ait fait deux des découvertes archéologiques les plus sensationnelles du siècle en si peu de temps, ou bien était-il un faussaire ? Cette question mena à une perquisition de l’appartement d’O.G., où la police découvrit non seulement l’ossuaire et la tablette, mais aussi ce qui semblait être un atelier rempli de « faux antiquités » à moitié terminées et d’outils de contrefaçon.
Une nouvelle équipe d’enquêteurs fut appelée à soumettre à un examen encore plus rigoureux à la fois la tablette et l’ossuaire. Les résultats furent préoccupants. Par exemple, un archéologue découvrit de minuscules fossiles marins incrustés dans la patine recouvrant les lettres gravées de la tablette. Jérusalem avait-elle été un jour submergée sous l’eau ? Peu probable. Il devint évident que la patine avait été créée artificiellement à l’aide de carbonate de calcium d’origine marine, contenant des organismes marins.
De plus, la pierre utilisée pour la tablette ne provenait pas d’Eretz Israël. Les enquêteurs supposèrent qu’au cours des Croisades, les navires arrivant d’Europe chargeaient leurs cales de pierres servant de lest pour stabiliser les bateaux. Ces pierres étaient souvent déchargées sur la terre ferme à l’arrivée, puis utilisées pour construire un château croisé près de Tel-Aviv. O.G. aurait probablement récupéré la pierre sur ce site pour sa contrefaçon.
Le rapport du comité d’enquête fut sans appel : « Nous, membres du comité pour l’examen du contenu et de l’écriture de l’inscription de Yehoash et de l’ossuaire de Jacques, concluons, selon notre meilleur jugement scientifique : A) L’inscription de Yehoash est une contrefaçon. B) L’inscription de l’ossuaire de Jacques est une contrefaçon. Nous concluons également que la patine sur les deux objets est artificielle et très différente de la patine d’origine. »
Acte d’accusation
À l’issue d’une enquête de dix-huit mois, la police publia un acte d’accusation contre O.G. et ses complices. Les chefs d’accusation comprenaient les éléments suivants :
« Aux alentours de 2001, l’accusé n°1 [O.G.] a conspiré pour falsifier une inscription sur une tablette de pierre, dans le but de la faire passer pour un artefact ancien datant de l’époque du roi Yehoash, décrivant la rénovation du Premier Temple… L’accusé a utilisé une tablette de pierre ancienne et, avec l’aide d’un complice, a gravé une inscription aujourd’hui connue sous le nom d’“inscription de la réparation du Temple” ou “inscription de Yehoash”. Cette inscription, rédigée en écriture hébraïque ancienne, comprenait des dizaines de lettres.
« L’accusé a commis cet acte afin de donner l’illusion que l’inscription était un vestige authentique du Premier Temple—un artefact correspondant aux descriptions figurant dans le Tanakh concernant le Temple. L’objectif de l’accusé était de vendre l’artefact pour plusieurs millions de dollars. Il s’agissait d’une tentative calculée et préméditée de contrefaire un artefact historique, dans l’intention de tromper des millions de juifs pratiquants, ainsi que des chercheurs en histoire et en archéologie du monde entier. En outre, l’accusé cherchait à en tirer un profit financier considérable, estimé à plusieurs millions de dollars, ainsi que d’autres avantages personnels. »
O.G., cependant, clama son innocence. Il affirmait qu’il vendait rarement des antiquités et qu’il était victime d’un coup monté par l’Autorité géologique israélienne dans le cadre d’un complot plus vaste visant à éliminer les collectionneurs privés. Selon lui, le nombre de ventes d’antiquités auxquelles il avait participé était « inférieur au nombre de doigts de mes mains ». Un petit groupe d’experts croyait encore à l’authenticité de sa tablette et de son ossuaire, et alors que le procès entrait dans sa quatrième année, un verdict final semblait toujours lointain.
Entre-temps, un autre coup dur frappa le monde des antiquités lorsque des experts révélèrent que la célèbre grenade du Temple exposée au Musée d’Israël était également une contrefaçon sophistiquée. Les enquêteurs découvrirent des produits chimiques synthétiques sous la patine des lettres gravées de l’artefact, ce qui éroda encore davantage la confiance dans ce qui était considéré comme l’un des artefacts les plus rares du Premier Temple.
Cette révélation provoqua une onde de choc dans la communauté archéologique. Avec des contrefaçons d’une telle qualité en circulation, l’authenticité d’innombrables objets dans les collections publiques et privées fut remise en question. La réalité troublante était que beaucoup des artefacts les plus précieux du monde pourraient être des faux. Ainsi, si un jour on vous propose une relique ancienne pour votre collection, méfiez-vous—il pourrait bien s’agir d’une contrefaçon, aussi convaincant que puisse paraître le vendeur, même s’il affirme l’avoir « fabriquée lui-même ».



Commentaires
Enregistrer un commentaire