La Torah merveilleuse de Rabbi Shalom Sharabi (le Rashash) – Les 4 Principes de la Kabbale

 



La Torah merveilleuse de Rabbi Shalom Sharabi (le Rashash) – Les 4 Principes de la Kabbale


Il est impossible de transmettre en quelques mots les contributions merveilleuses que le saint Rabbi Shalom Sharabi a apportées à la Kabbale.
Et pourtant, nous allons tenter de le faire en son honneur, espérant qu’il me pardonnera d’être bref.

Le grand mekoubal Rav Yitzhak Kadouri a résumé la chose ainsi :
« Celui qui étudie la Kabbale du Ari zal sans le Rashash est comme un aveugle qui sort la nuit. »
De nombreux autres sages ont exprimé des choses similaires. La raison en est simple : même si nous étions tous des génies connaissant par cœur tous les Kitvé haAri (écrits du Ari), il nous serait très difficile de comprendre bon nombre de passages.

Dans sa grande sagesse, en compilant les Kitvé Ari, Rabbi ‘Haïm Vital a laissé intentionnellement de nombreuses contradictions, des lacunes d’informations et, selon certains, même des "erreurs", dans le but de détourner les individus indignes de l’étude de cette œuvre exaltée qu’est la Kabbale.

On pourrait se poser de nombreuses questions comme :

  • Comment peut-il y avoir un autre Zivoug (union) juste après la ‘Amida de Cha‘harit, lors de Nefilat Apayim ? Quand avons-nous élevé les bérourim pour que cela soit possible ?

  • Que se passe-t-il exactement à ‘Hatsot Halayla (minuit) ?

  • Comment est-il possible d’élever la Shekhina des mondes spirituels inférieurs jusqu’à Atzilout lors de la Mitsva de secouer le Loulav avant Cha‘harit ? Et pourquoi, selon certains écrits, redescendrait-elle ensuite pour la prière ?

  • Et presque toutes les Kavanot (intentions mystiques) que le Ari zal décrit pour Roch Hachana…

Toutes ces questions, et bien d’autres encore, ont trouvé réponse grâce aux écrits et au Siddour de Rabbi Shalom Sharabi.
Pourtant, dans son extrême humilité, il déclara :
« Je ne suis pas venu ici pour écrire quoi que ce soit de nouveau, mais seulement pour éclaircir les paroles saintes du Ari zal. »
Et bien que tout ce qu’il écrit semble être un ‘hidoush (nouveauté), et bien qu’il semble parfois renverser entièrement la Kabbale du Ari, c’est précisément par ce renversement que tout devient limpide. C’est un émerveillement.


Un peu sur la vie de Rabbi Shalom Sharabi

Rabbi Shalom Sharabi, connu sous le nom de Rashash, est né en 1720 dans la petite ville de Sharab, au Yémen. Ses capacités intellectuelles prodigieuses furent manifestes dès son jeune âge, mais sa vie fut marquée par de nombreuses épreuves. La mort prématurée de son père le contraignit à devenir le soutien de famille, ce qui le mena à travailler comme marchand itinérant.

Malgré ses responsabilités financières, il consacra ses soirées à l’étude intense de la Torah. C’est durant cette période qu’il découvrit les enseignements mystiques de la Kabbale, en particulier les profondeurs de la pensée du Ari zal (Rabbi Isaac Louria), qui deviendra plus tard le fondement de toute son œuvre.

Un récit célèbre raconte qu’il fut un jour enfermé dans la maison d’une femme riche qui cherchait à le séduire. Se sentant en danger, il se jeta par la fenêtre et fit un vœu en plein vol à Hachem : s’il survivait, il consacrerait toute sa vie au service spirituel. Miraculeusement, il sortit indemne de sa chute.

Il finit par émigrer vers la Terre Sainte, honorant son engagement, et s’installa à Jérusalem. Là, il rejoignit la prestigieuse Yéchiva Beit El, un centre majeur d’étude kabbalistique. Humble et discret, Rabbi Shalom cacha dans un premier temps son immense savoir, travaillant comme shamash (bedel), tout en absorbant silencieusement les enseignements de la yéchiva.

Un autre récit marquant de son séjour à la yéchiva est celui dans lequel le Rosh Yéchiva, Rav Gedalya ‘Hayoun, fit face à une question difficile que personne ne parvenait à résoudre. Les étudiants furent stupéfaits de découvrir que, le lendemain, la réponse apparaissait dans l’un des livres qu’il utilisait. Ce phénomène se répéta jusqu’à ce que la fille du Rav décide d’enquêter, découvrant que c’était Rabbi Shalom Sharabi qui écrivait les réponses et les plaçait là en secret durant la nuit. Ils se marièrent, et Rabbi Shalom devint peu après son successeur.

Le génie du Rashash devint connu lorsqu’il résolut anonymement de nombreuses complexités kabbalistiques qui déconcertaient même les érudits les plus avancés de la yéchiva. De nombreux Rebbes ‘hassidiques d’Europe lui écrivirent également pour recevoir ses éclaircissements.

Ses contributions à la Kabbale

À l’âge de 27 ans, Rabbi Shalom Sharabi fut nommé à la tête de la Yéchiva Beit El, poste qu’il occupa pendant trois décennies. Son mandat fut marqué à la fois par une direction spirituelle profonde et un engagement communautaire actif. Il mit en place une méthode structurée de prière et de méditation kabbalistiques à travers son œuvre magistrale, le Siddour HaRashash. Il s’agit du siddour imprimé qui est connu aujourd’hui, et qui contient les kavanot (intentions mystiques) qu’il fixa par écrit. D’autres étudiants ont ajouté des annotations au siddour sur la base de ses enseignements, bien que certains kabbalistes ne les acceptent pas.

Ce siddour fournit des instructions détaillées sur les intentions méditatives permettant aux étudiants d’aligner leurs prières avec les mondes spirituels et d’accomplir les tikounim (réparations) nécessaires chaque jour. L’introduction du siddour, Rechovot HaNahar, demeure un texte fondamental pour les étudiants de la Kabbale de nos jours, après avoir étudié les Otzrot ‘Haim de Rabbi Yaakov Tzemach et de son élève Rabbi Meir Paprish, basés sur les écrits de Rabbi ‘Haïm Vital. Il apporte également une profondeur nouvelle à la compréhension des Sefirot et des mondes spirituels.

Le Rashash fut un maître vénéré, comptant parmi ses disciples des sommités telles que Rabbi ‘Haïm Yossef David Azoulay (le ‘Hida) et Rabbi Yom Tov Algazi. Son influence dépassait le monde de l’étude : il protégea activement la communauté juive de Jérusalem et joua un rôle de médiateur dans les conflits avec les communautés voisines.

Ses enseignements soulignaient l’humilité, la dévotion et une fidélité absolue aux écrits du Ari zal et de Rabbi ‘Haïm Vital, rejetant les autres interprétations kabbalistiques proposées par les contemporains du Ari.


Les 4 principes de Rabbi Shalom Sharabi

Les 4 principes du Rashash gouvernent une grande partie de son enseignement. Encore une fois, ce ne sont pas des nouveautés, mais des révélations sous-jacentes qu’il faut comprendre pour donner sens à la Kabbale du Ari zal.

Voici ces principes :


1. Le principe de la longueur (orekh) et de la profondeur (‘oviy)
Ce principe stipule qu’il existe deux grandes manières de concevoir l’agencement des Séfirot :

  • La première est celle où les Séfirot sont empilées ou investies les unes dans les autres de manière verticale. Cela est appelé la « longueur » (orekh) ou encore la pratout (individualité). C’est ainsi que la Kabbale du Ari zal apparaît à première vue.

  • La seconde est appelée la « profondeur » (‘oviy), dans laquelle on trouve six systèmes spirituels (Partzoufim) alignés les uns en face des autres. Le plus proche du Kav Ein Sof est Atik Yomin et le plus éloigné est Noukva (la Shekhina). Chacun de ces six systèmes contient également en lui les six autres systèmes — c’est ce qu’on appelle la klalout (généralité).

Essentiellement, on peut comparer cela à une personne qui voyait jusqu’ici tout en 2D, et qui désormais voit en 3D. Avant, il voyait 6 Partzoufim ; maintenant, il en voit 36.


2. Le principe d’inclusivité
Ce principe affirme que chaque Séfirah et chaque monde contient en lui toutes les autres Séfirot et tous les autres mondes spirituels.
Il décrit un système interconnecté, où chaque partie reflète le tout. Ce principe est à la base de nombreuses Kavanot présentes dans le Siddour du Rashash.


3. Le principe des Arachin (valeurs relatives)
Ce principe traite de la position relative et de la hiérarchie entre les Séfirot et les mondes. Ces derniers sont agencés selon des niveaux différents, en fonction de leur fonction et rôle dans le système spirituel.

Par exemple :
Zeïr Anpin et Noukva sont appelés ainsi uniquement parce que, relativement à nous, ils représentent les deux premiers Partzoufim du monde d’Atzilout. Lorsqu’ils grandissent, ils prennent le statut de Abba et Imma.
De la même manière, ce qui était auparavant Abba et Imma devient Arikh Anpin et Noukva d’Arikh.

Selon les mots du Rashash :
« Tous les Partzoufim sont essentiellement les mêmes ; la seule différence entre eux réside dans l’élévation et l’intensité de leur lumière. »

La seule position absolue que l’on peut affirmer est celle de Ein Sof, qui est au-delà de notre compréhension. Tout le reste est relatif.


4. Le principe du Drush HaDa’at (exposition de la connaissance)
C’est le principe le plus complexe et bouleversant, car il semble inverser toute la structure kabbalistique.
Il affirme que les Partzoufim peuvent être interprétés comme des Séfirot dans une disposition différente, et inversement.

Il existe toujours un maximum de 12 Partzoufim dans un système donné, à savoir :

  1. Atik Yomin

  2. Noukva d’Atik Yomin

  3. Arikh Anpin

  4. Noukva d’Arikh Anpin

  5. Abba ‘Ilaa

  6. Imma ‘Ilaa

  7. Israël Saba

  8. Tevouna

  9. Zeïr Anpin (ou Israël)

  10. Léa

  11. Yaakov

  12. Ra’hel

Parfois, ces Partzoufim sont réduits à six (ou même cinq), ceux que nous connaissons le plus couramment.

L’un des usages les plus fréquents du Drush HaDa’at est dans la Kavanah des רפ״ח ניצוצין (les 288 étincelles), pour condenser ces 12 Partzoufim dans les 9 Séfirot correspondant aux quatre Noms Saints du A”B, tombés dans les mondes spirituels de Beria, Yetsira et Assia, comme on peut le voir sur la partie gauche de l’image suivante :


Comme nous le voyons, la première rangée contient les Bérourim de Atik, Abba et Zeïr Anpin, correspondant à la colonne de droite : ‘Hokhmah, ‘Hessed et Netsa‘h.

La deuxième rangée contient les Bérourim de Noukva de Atik, Imma et Noukva de Zeïr Anpin, correspondant à la colonne de gauche : Binah, Guevourah et Hod.

La troisième rangée contient les Bérourim de Arikh, Israël Saba et Yaakov, qui correspondent au côté des ‘Hassadim de la colonne du milieu : Da‘at, Tiféret et Yessod.

La quatrième rangée contient les Bérourim de Noukva de Arikh, Tevouna et Léa, qui correspondent au côté des Guevouroth de la colonne du milieu : Da‘at, Tiféret et Yessod.

Nous n’avons fait qu’effleurer la surface de cette idée extraordinaire, et bien sûr, il existe de nombreuses autres manières d’organiser les Séfirot, qui dépassent le cadre de cet article.

Lieu de repos


Rabbi Shalom est décédé le 10 Chevat de l’an 5537 (1777) et fut inhumé sur le Mont des Oliviers, à Jérusalem.


Avant sa mort, Rabbi Shalom Sharabi fit une promesse : les prières récitées sur sa tombe avec un cœur pur ne resteraient pas sans réponse.

Beaucoup ont l’habitude de réciter la grande Prière kabbalistique du Rashash, qu’il composa lui-même. On peut la réciter à tout moment, mais de préférence après minuit (il ne faut toutefois pas se rendre au cimetière la nuit).

Son œuvre continue d’inspirer, guidant les Juifs dans leur cheminement spirituel et façonnant l’étude de la Kabbale pour les générations futures.

Que sa mémoire soit une bénédiction, et que son mérite nous protège.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La puissance du Mazal – Quelle est la position de la Torah sur les loteries ?

Présentation du Cours – Lever les Blocages liés à l’Argent

La puissance des Téhilim – Clé du salut et 5 ségoulot connues pour leur utilisation