Le concept kabbalistique mystérieux des Partzoufim – Ce qu’ils sont et comment s’y relier

 

Le concept kabbalistique mystérieux des Partzoufim – Ce qu’ils sont et comment s’y relier

Le concept de Partzoufim trouve ses origines dans les enseignements de Rabbi Isaac Louria, également connu sous le nom de l’Arizal, le plus célèbre et influent kabbaliste des mille dernières années, qui a révolutionné l’étude de la Kabbale.

L’Arizal, par l’intermédiaire de son principal disciple, Rabbi ‘Haïm Vital, développa un système exhaustif qui expliquait la dynamique des émanations divines et leur influence sur les mondes spirituels et physiques. Parmi les enseignements les plus profonds de la Kabbale, l’un des concepts centraux est celui des Partzoufim, qui offre un cadre pour comprendre l’interaction dynamique entre Hachem, les quatre mondes spirituels, et nous.

En hébreu, « Partzouf » signifie « visage » ou « figure », et le pluriel est « Partzoufim ». Les Partzoufim représentent la manifestation des attributs et des énergies d’Hachem d’une manière structurée et hiérarchisée. Ils servent de réceptacles à travers lesquels la lumière divine infinie est canalisée dans les domaines finis, permettant la création et le maintien de toute existence.

Personnellement, j’aime les appeler des « systèmes spirituels ». Pour ceux qui étudient la Kabbale du Rashash, cela prend tout son sens, car chaque aspect de l’Avodat Hachem que nous accomplissons possède son propre système spirituel (ou Partzouf) que nous cherchons à réparer (faire le Tikkoun).

Selon les enseignements de l’Arizal, l’essence divine d’Hachem (appelée Ein Sof) dépasse toute compréhension humaine, transcendant toute catégorie ou description. Cependant, afin que la lumière divine de Ein Sof puisse être expérimentée et perçue par les êtres créés (nous), elle descend à travers une série d’étapes progressives, connues sous le nom de Partzoufim.

Il existe six principaux Partzoufim : Atik Yomin, Arikh Anpin, Abba, Imma, Zeir Anpin et Noukva. Selon le Etz ‘Haïm, chaque Partzouf contient dix Sefirot, bien que cela ne soit pas une règle absolue.

Chaque Partzouf représente un aspect ou attribut distinct du Ein Sof. Ce sont des revêtements utilisés par la lumière divine infinie pour animer et gérer la Création. Les Partzoufim sont souvent décrits dans les textes kabbalistiques sous forme anthropomorphique afin de rendre ces concepts spirituels complexes plus accessibles. Ces figures possèdent divers « organes » ou « traits », chacun correspondant à une qualité créative et une fonction spécifique.

Cependant, il ne faut surtout pas les imaginer comme des représentations physiques — ni même comme des contreparties spirituelles de ce que nous connaissons dans le monde matériel !
Il est crucial de bien insister sur ce point : si nous utilisons des termes anthropomorphiques pour parler des Partzoufim, c’est uniquement pour trois raisons :

1. Connaître leur position spirituelle : par exemple, les yeux sont plus élevés que la bouche ou le nez.

2. Comprendre leur fonction dans la Création : par exemple, Hachem « sent » l’encens avec le « nez », ou « surveille » la Création avec ses « yeux », ou encore, nos prières doivent s’élever jusqu’aux « oreilles ».

3. Développer une relation avec le Ein Sof et utiliser les Kavanot ; sans cette mise en forme, cela serait inaccessible à notre compréhension.

Encore une fois, il ne s’agit absolument pas d’un « oreille spirituelle » ou d’un « Tefillin divin » ressemblant à ceux que nous mettons physiquement. Ces concepts sont au-delà de toute compréhension humaine et n’ont aucune équivalence concrète dans notre monde.

Organisation des Partzoufim

Comme mentionné précédemment, les Partzoufim sont disposés selon une structure hiérarchique, formant un réseau complexe d’énergies et de lumières interconnectées. Les Partzoufim supérieurs servent de sources et réservoirs de Shefa (abondance/lumière), tandis que les Partzoufim inférieurs reçoivent et transmettent cette énergie divine aux niveaux inférieurs. Ce processus se fait par émission, contraction et diffusion, créant une chaîne de mondes spirituels et matériels.

Tout cela est suggéré dans la Torah, et même le commentaire de Rachi y fait parfois allusion.

L’étude et la contemplation des Partzoufim sont essentielles dans la pratique des Kavanot, car l’un des buts majeurs de la Kabbale est de les réparer (Tikkoun). En comprenant leurs attributs et fonctions, nous approfondissons notre perception de la manifestation divine dans le monde. Chez l’Arizal, l’objectif ultime est de s’aligner sur les attributs divins, élever et raffiner sa propre Neshama, harmoniser avec les Partzoufim, et contribuer au Tikkoun Olam.

Bien que tous les quatre mondes spirituels de la Kabbale (Atzilout, Beria, Yetsira, Assia) contiennent des Partzoufim et des Sefirot, on fait généralement référence à ceux du monde d’Atzilout lorsqu’on parle d’eux.

Partzoufim de Atik Yomin et Arikh Anpin (Keter interne et externe)

Le Partzouf de Atik Yomin, tel que décrit dans le Zohar et chez l’Arizal, est l’aspect le plus élevé et le plus caché de la manifestation divine. Il fait le lien entre les mondes supérieurs et inférieurs (par exemple Atzilout et Beria, ou Assia et Yetsira).

• Atik Yomin signifie « l’Ancien des jours » ou « le Primordial ».

• Arikh Anpin signifie « le Long Visage » ou « le Visage Étendu ».

Ils représentent tous deux l’aspect expansif et miséricordieux d’Hachem, sans aucun Din (jugement) apparent. Ils sont parfois considérés comme un seul Partzouf correspondant à la Sefirah de Keter.

Le Zohar les décrit comme un seul Partzouf possédant un visage ineffable, sage et rayonnant d’une sagesse ancienne et éternelle. C’est cette dimension qui a été révélée au Sinaï.

Chez l’Arizal, Atik Yomin est l’aspect interne de Keter, associé à l’unité pure et à l’indifférenciation. Il précède toute différenciation dans la manifestation divine.

Arikh Anpin, quant à lui, est l’aspect externe, la source de la volonté divine, un réservoir de bénédictions. Il transmet la lumière vers les niveaux inférieurs avec compassion et grâce.

Le Zohar affirme que si Arikh Anpin « dormait », le monde cesserait d’exister immédiatement. Ce Partzouf est cependant très caché, et ne se manifeste qu’à certains moments de l’année : après Min’ha de Shabbat, à Chavouot, Yom Kippour et Roch Hachana.

Tous deux sont représentés par la pointe du Youd dans le nom ineffable (יהוה).

Partzouf de Abba (Sefirah de ‘Hokhmah – Sagesse)

Le Partzouf de Abba est situé juste en dessous de Arikh Anpin. Il représente l’attribut de sagesse et de pouvoir créatif.

• Abba signifie « Père », et il est associé à la Sefirah de ‘Hokhmah, la sagesse divine, l’inspiration, la vision originelle.

• C’est l’aspect actif et générateur de la lumière divine.

Abba est représenté par la lettre Youd du Nom ineffable (יהוה).

Partzouf de Imma (Sefirah de Bina – Compréhension)

Le Partzouf de Imma, « la Mère », correspond à l’attribut de compréhension, intuition et nourrissement spirituel.

• Imma est associée à la Sefirah de Binah, qui développe les idées en structures cohérentes et détaillées.

• Elle incarne la réceptivité, la matrice spirituelle, et la mère nourricière des mondes.

• Le Zohar décrit Imma comme source d’amour maternel, mais « c’est de là que commencent à s’éveiller les Dinim » (les jugements).

Elle est aussi associée à la dimension du Olam HaBa et de la Téchouva.

Imma est représentée par le premier Hé du Tétragramme du nom ineffable d'Hashem (יהוה).

Le Partzouf de Zeir Anpin (6 Sephirot)
L’Arizal enseigne que chacun de nous devrait se considérer comme suivant le Partzouf de Zeir Anpin. Zeir Anpin, également connu sous le nom de Z”A ou le « Petit Visage », représente le niveau intermédiaire entre les sphères divines supérieures et les sphères inférieures de la création.

Il est composé principalement des sefirot de ‘Hessed (bonté), Guevoura (force), Tiféret (beauté), Nétsah (victoire), Hod (splendeur) et Yessod (fondement). Ces attributs représentent différents aspects du caractère humain que nous devons rectifier.

Zeir Anpin incarne les attributs divins qui forment la structure et l’harmonie de l’univers, guidant et régulant les interactions et dynamiques au sein de la création. Ils sont liés aux six jours de la Création.

Il est perçu comme l’archétype de la psyché humaine (selon le Baal Shem Tov), représentant le modèle spirituel et énergétique de l’humanité. Il englobe à la fois l’âme collective de l’humanité et les âmes individuelles qui la composent.

Puisque ZA contient 6 Sephirot, il est associé à la lettre Vav du Tétragramme (dont la guematria est 6). Zeir Anpin est également la source de la Torah Écrite.

Le Partzouf de Noukva (Malkhout – Royauté)
Le Partzouf de Noukva est probablement le plus crucial dans l’élaboration complexe de la manifestation divine, car c’est celui qui est le plus proche de nous. Noukva, également connue sous le nom de Malkhout ou la « Présence Féminine » (Shekhina), représente la dernière sefirah dans l’ordre descendant des sefirot.

Dans les enseignements kabbalistiques, Noukva est associée à l’attribut divin de souveraineté, de réceptivité et de manifestation. Celui qui souhaite gravir les échelons du service divin doit « recevoir » le joug de la Torah par la Téchouva. Ce n’est que par ce portail qu’il peut monter dans l’ordre des Sephirot.

Malkhout représente l’aspect féminin divin, symbolisant le réceptacle ou le canal à travers lequel les énergies divines s’écoulent et se manifestent dans les sphères inférieures de la Création. Elle canalise littéralement tout depuis Atsilout jusqu’aux mondes spirituels inférieurs.

Elle est souvent représentée comme la Reine du Chabbat, représentant l’aspect réceptif de la providence divine qui accorde bénédictions et subsistance à la création. Il existe de nombreuses allusions à cela, que nous verrons dans un article séparé.

Les enseignements de l’Arizal éclairent davantage la nature du Partzouf de Noukva. Elle représente l’aboutissement des émanations divines, servant de réceptacle par lequel les énergies divines se manifestent et se réalisent dans le monde. Elle est aussi l’aspect qui dispense le jugement aux méchants, comme ce fut le cas avec les Égyptiens.

Noukva, l’aspect féminin, est perçue comme le complément et la contrepartie de Zeir Anpin, le Partzouf racine de l’homme. Ensemble, ils forment une union dynamique, symbolisant l’interaction et l’harmonie entre les aspects masculins et féminins de la providence divine d’Hachem. Il faut se rappeler qu’ils sont les vêtements de la lumière infinie d’Hachem, l’interface par laquelle nous pouvons Le percevoir.

Elle est représentée par la lettre Hé finale du Nom d’Hachem, et est liée à la Torah Orale.

Remarques finales sur les Partzoufim
Partzouf signifie littéralement visage ou apparence. Tout comme on peut voir ce qu’il y a à l’intérieur d’une personne à travers l’expression de son visage (qui est une combinaison de parties fonctionnant en synergie), on peut également avoir un aperçu de l’implication d’Hachem dans la Création à travers les Partzoufim.

Le concept de Partzoufim dans la Kabbale offre une logique pour comprendre la manifestation des attributs et lumières divins de manière structurée et cohérente.

Ils sont logiques parce qu’en un sens, ils sont la source de l’archétype familial que l’on retrouve dans le monde physique :

• Atik Yomin représente la figure de l’arrière-grand-père (et arrière-grand-mère)

• Arikh Anpin représente la figure du grand-père (et grand-mère)

• Abba représente la figure du père

• Imma représente la figure de la mère

• Zeir Anpin représente la figure du marié

• Noukva représente la figure de la mariée

Puisqu’ils sont tous présents dans chaque aspect de la Création, ils suggèrent aussi l’interconnexion et l’interdépendance de tous les aspects de la Création, puisque chaque action en bas génère une réponse en haut, à tous les niveaux de la Création.

Il est important de noter que la compréhension des Partzoufim et de leur signification est bien plus complexe et nuancée que ce qui a été présenté ici dans ce court article.

Néanmoins, je pense que cela constitue une bonne introduction.