Le Livre des Visions de Rabbi ‘Haïm Vital – Une exploration fascinante de l’autobiographie d’un Tsadik Yessod ‘Olam
Le Sefer Ha‘Hezyonot (Livre des Visions) de Rabbi ‘Haïm Vital – Une exploration fascinante de l’autobiographie d’un Tsadik Yesod ‘Olam
Il y a énormément à apprendre de la vie de Rabbi ‘Haïm Vital, le principal disciple du Ari zal (Rabbi Yits‘haq Louria) et un maître kabbaliste à part entière.
Le Sefer Ha‘Hezyonot est un témoignage brut, direct et saisissant des moments les plus marquants de la vie de Rabbi ‘Haïm Vital. C’est une sorte d’autobiographie, concise, facile à lire, sans détour ni embellissement. Malheureusement, il n’existe qu’en version hébraïque imprimée. Ce billet pourrait donc être l’un des premiers à dévoiler certains de ses récits en anglais – et désormais ici en français – pour un large public.
Le livre commence par sa naissance, fils de Rabbi Yossef Vital, passe par son mariage, sa rencontre avec le Ari zal (sous lequel il étudia pendant seulement 22 mois), la mort prématurée de son maître, et continue jusqu’à sa propre mort à Damas. Tel un journal intime, le Sefer Ha‘Hezyonot relate les jours marquants, les rêves et les visions qu’il a eues au fil de sa vie — certaines, il faut le dire, sont même effrayantes.
Par humilité, Rabbi ‘Haïm Vital demanda initialement à son petit-fils, Rabbi Moché Vital, d’enterrer le livre avec lui. Mais celui-ci, voyant la valeur inestimable de l’ouvrage pour les générations futures, décida de le publier. En effet, Rabbi Na‘hman de Breslev, qui vécut plus tard, demanda un jour à son disciple Rav Nathan de Nemirov quel aspect du livre l’avait le plus frappé. La réponse fut : « Son humilité extraordinaire. »
Ce livre est à la fois une leçon de Moussar (discipline intérieure) et un traité de Kabbale pour chacun d’entre nous.
Rabbi ‘Haïm Vital ne cache rien : il raconte avoir été réprimandé par son maître à plusieurs reprises — notamment lorsqu’il faillit lever la main sur sa première épouse —, comment il désobéit à certains conseils du Ari et en tomba malade presque mortellement, ou encore ses manquements et ses luttes intérieures.
Et malgré tout cela, il s’éleva pour devenir un sage exceptionnel — sans doute le Tsadik Yesod ‘Olam (le juste, fondement du monde) de sa génération après la disparition du Ari — et changea à jamais la face du judaïsme tel que nous le connaissions.
Cela contraste avec tant d’ouvrages hagiographiques où les rabbins sont presque toujours décrits comme des anges parfaits, sans faute ni faille.
On pense notamment au livre The Making of a Godol, qui offrait une perspective honnête et nuancée sur les grands rabbins, mais qui fut finalement retiré de la vente après une énorme controverse et interdit à la suite de pressions.
Alors, plongeons maintenant dans cet ouvrage rare et lumineux.
Extraits choisis du Sefer Ha‘Hezyonot de Rabbi ‘Haïm Vital (traduction libre)
Rabbi ‘Haïm Vital est né à…
Le secret de la réincarnation
Rabbi ‘Haïm Vital, sous la direction du Ari zal, a révolutionné notre compréhension du système de la réincarnation dans son ouvrage Sha‘ar HaGilgoulim (La Porte des Réincarnations).
Le sujet de la réincarnation est déjà évoqué à plusieurs reprises dans le Zohar, en particulier dans Parachat Michpatim, où de nombreux versets concernant les lois civiles — qui paraissent absurdes à première lecture — prennent un sens profond lorsqu’ils sont interprétés à travers la sagesse de la réincarnation.
Avant le Ari zal, la notion de réincarnation était à peine abordée, encore moins développée.
Mais dans ses écrits, à travers les enseignements transmis par Rabbi ‘Haïm Vital, on trouve des explications fascinantes sur de nombreux récits du Talmud grâce à la lumière que jette la réincarnation sur les parcours des âmes.
Dans le Maggid Méycharim, Maran Rabbi Yossef Karo rapporte que son Maggid (un ange céleste) lui révéla que la réincarnation est une partie naturelle et essentielle du système spirituel de la Création.
De même, dans le Gilgoulei Neshamot du Ramah MiPano, on trouve des faits étonnants sur le retour des âmes et leur itinéraire à travers les générations.
Il est choquant de constater à quel point de nombreux rabbanim rejettent la Torah de la réincarnation, alors qu’elle constitue la clé suprême pour résoudre les grandes énigmes de la vie.
On peut même se réincarner en poisson
Oui, selon la Kabbale révélée par le Ari zal et transmise par Rabbi ‘Haïm Vital, l’âme humaine peut se réincarner même dans un poisson.
Cela fait partie du vaste système de gilgoulim (réincarnations), où selon les fautes, les manques ou les réparations à accomplir, une âme peut descendre dans des niveaux d’existence inférieurs — minéral, végétal, animal — jusqu’à être réparée.
La destruction du temple d’idolâtrie
La dernière chose que l’on imagine en pensant à un maître kabbaliste, c’est qu’il soit aussi un guerrier intrépide. Et pourtant, cela ne posa aucun problème à Rabbi ‘Haïm Vital lorsque parvint à ses oreilles la rumeur d’un temple idolâtre à Damas si puissant qu’il séduisait tous ceux qui passaient devant, les poussant à apostasier.
Quand il apprit cela, Rabbi ‘Haïm Vital prit quatre de ses disciples de confiance et se rendit à Damas. Pas pour discuter, car parler avec le mal ne sert à rien — cela est réservé aux faibles.
Il les posta aux quatre coins du temple, leur donna les Yihoudim (unifications mystiques) à réciter, puis entra dans le sanctuaire avec une épée pour tuer tous les prêtres qui s’y trouvaient.
Il relate que des chiens démoniaques s’enfuirent tandis qu’il accomplissait sa mission.
Le temple ne fut jamais reconstruit depuis.
Remarques finales
Rabbi ‘Haïm Vital a laissé un héritage qui a transformé le judaïsme tel que nous le connaissions. La sagesse cachée de la Kabbale, autrefois réservée à une élite restreinte, est désormais accessible au grand public. Certes, il reste encore beaucoup à comprendre, mais au moins, on n’a plus besoin d’errer à la recherche d’un vrai maître, tant il existe aujourd’hui plus de 3 000 ouvrages, dont beaucoup sont traduits.
Bien que ses écrits soient connus sous le nom de son maître, le Ari zal, dans le Sefer Ha‘Hezyonot, Rabbi ‘Haïm Vital rapporte qu’à la fin de sa vie, il mérita la vision du prophète Éliyahou HaNavi.
Sans aucune prétention ni orgueil, il écrit qu’Éliyahou le réprimanda pour ne pas avoir davantage œuvré à rapprocher les Juifs de la Téchouva. C’est là une leçon bouleversante pour chacun de nous.
Mystérieusement, Rabbi ‘Haïm Vital quitta la Terre sainte pour mourir à Damas. Quand on interrogea Rabbi Israël Najara — un proche disciple du Ari zal — sur ce choix, il expliqua qu’il y avait à Damas une grande klippa (coquille impure) du nom de "Rimon" (grenade).
Quand cette klippa cherche à accuser le peuple juif, elle aperçoit le kèver (tombeau) de Rabbi ‘Haïm Vital — et en est aussitôt anéantie, exactement comme la klippa de Pe‘or qui, en voyant le tombeau de Moché Rabbénou, est totalement neutralisée.
Rabbi ‘Haïm Vital s’est éteint le 30 Nissan et repose à Damas.
Que sa mémoire soit une bénédiction, et que cet article serve d’élévation à son âme sainte.



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