Le mystère du Guilgoul dans la vie réelle – Enseignements fascinants de Rabbi ‘Haïm Vital

 


Le mystère du Guilgoul dans la vie réelle – Enseignements fascinants de Rabbi ‘Haïm Vital

L’un des aspects les moins explorés du judaïsme, souvent négligé en raison de sa complexité, est le concept de Gilgoul (réincarnation).
Le grand Maran Yossef Karo (auteur du Choul’han Aroukh), dans son ouvrage Magguid Meicharim, rapporte que son Magguid (ange enseignant) lui a révélé que le Gilgoul est en réalité un élément très naturel du système de la Création.

Pourtant, beaucoup de gens hésitent à s’aventurer dans ses subtilités. Bien sûr, cela dépasse largement la compréhension de la plupart des gens, mais cette idée recèle des enseignements fascinants et inspirants qui peuvent nous réconforter et guider nos vies.

Avant tout, il est essentiel de comprendre qu’au fond de nous, nous sommes des âmes envoyées dans ce monde pour diverses raisons. Le corps n’est qu’un vêtement qui y répond. Comme beaucoup le savent, l’âme est composée de cinq composantes distinctes : Nefesh, Roua’h, Neshamah, Hayah et Yehidah. Parmi celles-ci, seules le Nefesh, le Roua’h et la Neshamah entrent dans le corps physique, mais seule la composante la plus basse (Nefesh) agit comme moteur de notre existence consciente, pour la plupart des gens.

Cependant, même avant que le saint Nefesh n’assume son rôle dans un corps, il se pare de divers vêtements spirituels appelés Levouchim. Ces vêtements sont essentiels pour façonner le moyen par lequel l’âme interagit avec le monde physique. Il convient de noter que ces Levouchim ont été souillés par les fautes d’Adam HaRichon et revendiqués par la Sitra A’hra (le « côté opposé » ou le mal).

Pour atteindre la perception bienheureuse de Hachem et inaugurer la réalité de l’Olam HaBah, nous devons restaurer l’ordre de ce système spirituel et le réparer. Ce processus de purification implique de nettoyer les Levouchim par l’étude de la Torah, l’accomplissement des Mitsvot et la prière.

Les non-juifs accomplissent également ce travail à travers les 7 Mitsvot des Noachides, et reçoivent aussi leur part dans l’Olam HaBah selon leurs efforts.

Ce faisant, nous pouvons briser le cycle du Gilgoul, nous épargnant ainsi la nécessité de revenir dans ce monde. À l’inverse, si nous échouons à rectifier notre chemin spirituel, nous pourrions nous retrouver à revenir pour une nouvelle chance de perfectionnement spirituel.




La difficulté de réparer le Nefesh
Malheureusement, la vérité demeure que très peu d’individus parviennent à réparer entièrement leur Nefesh au cours de leur vie, comme l’exprime le distingué Rav Shimon Agassi, proche associé du Ben Ish ‘Haï, dans son commentaire sur le Sha’ar HaGilgulim (La Porte de la Réincarnation). Le Nefesh est insatiable, avide de plaisirs, d’honneurs, de richesse, de pouvoir, et trouve rarement satisfaction.

Cependant, une fois réparé, l’individu peut accéder au Roua’h, puis à la Neshamah. Cette progression confère des capacités extraordinaires, permettant à certains de percevoir l’avenir ou de réaliser des prodiges. Bien que la tâche de réparer le Nefesh soit incontestablement difficile, elle ouvre la voie à un chemin comparativement plus fluide pour réparer le Roua’h et la Neshamah, car l’individu est déjà solidement engagé sur la bonne voie, avec des désirs matériels amoindris.

Dans son œuvre Sha’ar HaGilgulim, Rabbi ‘Haïm Vital développe deux façons distinctes dont les âmes peuvent descendre pour leur rectification. La première est le Gilgoul traditionnel, où une âme renaît comme entité complète, soumise aux épreuves d’une nouvelle vie. Par exemple, le Zohar enseigne que Moshé Rabbénou incarnait l’aspect positif de Hével et de Seth, tandis que Kora’h représentait le Gilgoul de l’aspect négatif de Caïn. Pour « réparer » la transgression de Caïn et « venger le sang de Hével », il était nécessaire que Moshé confronte et gère Kora’h.

La deuxième méthode, connue sous le nom d’Ibbour (grossesse), implique l’habitation temporaire d’un corps vivant existant par une âme visiteuse. Cela se produit généralement lorsque la personne-hôte est vertueuse, mais peut aussi survenir lorsqu’une personne passe à proximité d’un cimetière où sont enterrés des impies, et qu’elle n’est pas vigilante ou a commis une faute. Un avantage de cette approche d’Ibbour est que l’âme assistante acquiert des mérites si elle aide l’hôte à accomplir de bonnes actions. Cependant, elle peut tout aussi facilement partir si l’hôte choisit de se comporter de manière pécheresse.

Ce phénomène est illustré par l’exemple des explorateurs envoyés pour inspecter Éretz Israël alors que le peuple juif se trouvait dans le désert. Selon les enseignements de l’Arizal, chacun de ces espions avait un Ibbour des fils correspondants de Yaakov Avinou. Mais, face aux intentions malveillantes des espions, ces âmes visiteuses se sont promptement retirées pour ne pas être souillées par la faute.

Dans les deux cas, Gilgoul et Ibbour, les âmes sont généralement réincarnées lorsqu’il existe une racine d’âme commune ou une connexion profonde avec l’hôte.

Les enseignements de l’Arizal nous ont également transmis de nombreuses Ségoulot, pratiques spéciales, pour inviter un Ibbour dans sa vie. L’une de ces méthodes consiste à prier sur les tombes des Tsaddikim, des justes. Lorsqu’une personne se montre digne, elle peut recevoir une portion de la conscience d’une âme, qui la guide dans sa vie et lui apporte bénédictions.

Un exemple de ce phénomène se trouve dans le cas du Ben Ish ‘Haï, qui visita le lieu de sépulture de Benayahou ben Yehoyada, le champion du roi David et grand Tsaddik en son temps, considéré comme le Gilgoul d’Éliézer, serviteur d’Avraham Avinou. Le Ben Ish ‘Haï (Rav Yossef ‘Haïm) nomma ensuite ses ouvrages d’après les noms de Benayahou (Ben Ish ‘Haï, Mekatsiel, etc.)

Une autre Ségoulah consiste à faire une sieste après le repas de Chabbat en journée, une pratique suivie par l’Arizal lui-même. Cette sieste de l’après-midi n’est pas seulement source de grand plaisir (Oneg et Mitsvah du Chabbat), mais peut aussi potentiellement ouvrir la voie à un Ibbour d’une âme connectée. Par « connexion », on entend l’étude des enseignements du Tsaddik, l’imitation de ses coutumes, l’apprentissage de son histoire, la visite de sa tombe, etc.


Sur un plan plus pratique, cette compréhension éclaire les raisons pour lesquelles nous rencontrons divers défis dans la vie. Nous avons souvent tendance à nous percevoir comme une seule âme habitant un corps, alors qu’en réalité, nous pouvons coexister avec plusieurs âmes. Le véritable défi consiste à distinguer entre nos désirs et pensées personnels et ceux des âmes qui résident en nous.

Notre parcours de vie consiste à naviguer à travers ces épreuves, parfois sans comprendre clairement pourquoi certains événements se produisent. En réalité, ces événements représentent la manière dont Hachem procède à la réparation des âmes qui partagent notre enveloppe physique.

Le Gilgoul dans les 4 Royaumes
Le Zohar nous transmet des enseignements précieux sur l’existence de quatre royaumes ou catégories distinctes d’êtres vivants. Le plus basique est le Domem – le royaume silencieux – qui englobe la matière inanimée comme les roches, minéraux, métaux et l’eau. Ensuite vient le Tsoméa’h, ou royaume végétal, qui comprend toute la vie végétale, y compris les arbres et légumes. Puis, nous trouvons le Haï, représentant tous les êtres vivants du règne animal. Enfin, nous atteignons le plus haut niveau, le Médaber, habité par les créatures parlantes, c’est-à-dire les êtres humains.

Il est important de noter qu’il existe une progression claire dans ces royaumes, avec le Domem au niveau le plus bas et le Médaber au plus élevé. Chacun de nous possède des middot, ou traits de caractère, spécifiques, qui nécessitent une réparation. Le Rav ‘Haïm Vital, dans son œuvre Sha’aré Kedousha (Les Portes de la Sainteté), explique que ces traits de caractère proviennent des quatre éléments fondamentaux de la création mentionnés dans le Zohar : la Terre, l’Eau, le Feu et le Vent. Il est essentiel de comprendre que ces éléments possèdent une dimension spirituelle qui correspond à leur manifestation physique.

Par exemple, une personne qui lutte contre la colère ou l’arrogance est en proie à un déséquilibre de l’élément Feu en elle, qui donne naissance à ces traits particuliers. Ceux qui parlent fréquemment pour ne rien dire doivent travailler sur l’élément Vent en eux. L’élément Eau est lié à l’amour des plaisirs physiques, tandis que l’élément Terre non rectifié est responsable des tendances à la paresse et à la tristesse. Tous ces attributs représentent des middot tombées, nécessitant un travail sérieux pour être réparées et purifiées.

De plus, chacun de ces éléments correspond non seulement aux quatre Royaumes, mais aussi aux quatre lettres du Nom Sacré de Hachem et aux quatre mondes spirituels, comme illustré dans le tableau suivant :

Lettre Monde Élément Trait Royaume
Yod Atsilout Feu Colère, Orgueil Humain
Beryah Vent Parole Animal
Vav Yetsira Eau Amour des plaisirs physiques Végétal
Assiya Terre Tristesse, Paresse Minéral


Que faire pour atteindre le Tikoun
Lorsqu’un individu s’engage sur le chemin de la réparation de ses Middot, il répare, en essence, tous les éléments correspondants dans le réseau interconnecté de la Création. Cette interconnexion met en lumière l’unité profonde de tous les aspects de l’existence, au-delà de toute disparité apparente. Il est important de noter que chaque facette de la Création a connu une chute de son état originel à cause de la faute d’Adam HaRichon.

Parfois, une personne ne parvient pas à accomplir ce travail de réparation au cours de sa vie. Dans ces cas-là, la miséricorde infinie de Hachem intervient. Le Gilgoul devient alors une possibilité, permettant à la personne de revenir pour corriger la Middah spécifique qu’elle n’a pas pu réparer dans sa vie précédente. Ce processus représente une opportunité de croissance et de perfectionnement continus. Toutefois, il faut comprendre que le Gilgoul peut être une expérience difficile et douloureuse, car l’individu peut involontairement causer plus de tort que de bien dans sa nouvelle vie.

Par exemple, si quelqu’un n’a pas réparé une Middah liée au royaume minéral, une partie de son âme peut se réincarner dans un objet inanimé, comme une pierre. De même, une Middah non résolue liée au règne végétal peut entraîner un Gilgoul en tant que plante, etc. Cela souligne l’interaction complexe et profonde entre les traits de caractère d’un individu et sa place dans la grande tapisserie de la Création.

Le Sefer HaHezyonot sur le Gilgoul
Dans la quête du Tikoun, lorsqu’un individu est réincarné dans un objet ou un être vivant, sa rédemption dépend du fait qu’une personne accomplisse une Mitsvah ou une bénédiction d’une manière prescrite impliquant cet objet ou cet être.

Par exemple, si une âme est réincarnée dans une amande, sa réparation dépendra du fait qu’une personne cueille cette amande, récite la bénédiction appropriée, et la consomme. Ce principe s’applique de même à une âme réincarnée dans un légume ou tout autre être. Toutefois, ce processus peut être plus difficile lorsque l’âme se retrouve dans un objet ou un être ayant peu ou pas d’utilité halakhique.

Par exemple, une personne réincarnée en chien devra parfois attendre qu’un tanneur utilise ses excréments pour fabriquer du parchemin destiné à des Téfilin ou à un Sefer Torah. Dans certains cas, le chien devra même mourir pour permettre à l’âme d’accomplir son Tikoun. Être réincarné dans un animal impur est considéré comme l’une des expériences les plus douloureuses pour une âme juive.

Le processus de réparation se fait par étapes. Une fois qu’un niveau est rectifié (par exemple le règne végétal), l’âme progresse vers le niveau suivant (règne animal), et ainsi de suite, jusqu’à atteindre le sommet de l’existence humaine. Toutefois, on ne doit jamais compter sur le Gilgoul comme un chemin garanti vers la réparation ; c’est un processus complexe et incertain. Une âme peut attendre littéralement des dizaines, voire des centaines d’années avant qu’un Gilgoul approprié n’apparaisse dans les plans de Hachem.

L’œuvre fascinante de Rabbi ‘Haïm Vital, Sefer HaHezyonot (le Livre des Visions), fait office d’autobiographie et offre un aperçu de nombreux événements extraordinaires auxquels il a assisté aux côtés de l’Arizal (Rav Yits’hak Louria), apportant une lumière précieuse sur ces concepts profonds.

Rabbi ‘Haïm Vital y partage une histoire poignante dans laquelle il rêva d’un Rav récemment décédé, qui semblait souffrir terriblement. Dans son rêve, l’homme était allongé sur un lit, le foie exposé et grouillant de vers, et il supplia Rabbi ‘Haïm Vital de l’aider à se réparer, d’une voix pleine de détresse. Rabbi ‘Haïm Vital, déconcerté, lui demanda : « Comment pourrais-je te réparer ? » L’homme lui répondit qu’il viendrait bientôt à lui.

Dans un retournement étonnant, alors que Rabbi ‘Haïm Vital étudiait avec ses élèves au Beit Midrash, une chèvre s’approcha et posa ses sabots sur le pupitre devant lui. Les gémissements plaintifs de la chèvre touchèrent profondément le Rav, qui fut poussé à agir.

Il décida d’acheter la chèvre aux Arabes locaux, expliquant à ses élèves qu’il réalisait un Siyoum, marquant l’achèvement du traité Hagigah. C’était aussi la fête de ‘Hanouka, ce qui ajoutait à la sainteté du jour et soulignait la Mitsvah de manger de la viande lors d’un repas festif.

Avant d’ouvrir la chèvre, Rabbi ‘Haïm Vital ordonna à ses élèves de retirer méticuleusement tous les vers de son foie et d’en assurer un nettoyage complet.

Les élèves se demandèrent comment leur maître pouvait savoir que le foie était infesté de vers, mais furent stupéfaits de constater l’ampleur de l’infestation.

Cette même nuit, le Rav de son rêve lui apparut à nouveau, exprimant une profonde gratitude pour le Tikoun qui avait été accompli. Cette histoire émouvante illustre le lien profond entre le monde spirituel et le monde physique, et souligne l’importance des Mitsvot et des actes de bonté.



Remarques conclusives
Dans cette profonde exploration du Gilgoul, le concept de la réincarnation, nous en venons à reconnaître la trame complexe de l’existence et l’infinie compassion de Hachem. C’est véritablement un acte remarquable de bonté divine que de nous accorder la possibilité de revenir, encore et encore, dans ce monde, afin de réparer nos âmes et d’affiner nos traits de caractère.

À travers le prisme du Gilgoul, nous acquérons une vision de l’interconnexion de toutes les formes de vie, de l’interaction entre nos Middot et du processus de rédemption de nos systèmes spirituels. Chaque retour sur cette terre représente une opportunité de corriger et de purifier, de se délester des impuretés de notre caractère, et de se rapprocher de notre but ultime : mériter le bienheureux Olam HaBa, le Monde à Venir.

Tandis que nous affrontons les défis et les épreuves de la vie, nous devrions accueillir le concept de Gilgoul non comme une garantie, mais comme une opportunité — une chance de réparer, d’évoluer, et, en fin de compte, de nous élever vers une plus grande proximité avec Hachem. Dans la vaste tapisserie de l’existence, chaque âme joue un rôle essentiel, et nos parcours, bien que parfois douloureux, sont guidés par Sa main aimante.

La quête de la réparation est un chemin empreint de profondeur spirituelle et de sens, porteur de la promesse d’une récompense éternelle, où l’âme, ayant achevé son parcours terrestre, peut jouir de la splendeur de l’Olam HaBa, le plus grand des plaisirs.

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