Le paradoxe de l’imagination et l’atteinte de l’état de transe puissant – Un guide introductif sur les Kavanot
L’une des grandes questions que je me posais lorsque j’ai commencé à apprendre la Kabbale était : « Est-ce que j’imagine des choses ou est-ce que j’affecte réellement les Mondes Spirituels ? »
Dans son introduction au Sha’ar HaKavanot, Rav Haïm Vital explique que celui qui est mekaven provoque effectivement ces Tikkounim dans les Mondes Spirituels. Comment cela est-il possible ?
Un Juif est connecté aux 4 Mondes Spirituels par son Nefesh (Assiyah), Rouaḥ (Yetsirah), Neshama (Beriah) et Ḥaya (Atzilout). Lorsqu’il a la bonne intention, la partie de son âme associée à ce Monde spécifique est activée pour produire l’effet désiré.
Il est important de garder à l’esprit que l’âme est essentiellement la conscience de la personne. Cela ne peut être assez souligné.
Et c’est l’un des enseignements qui a le plus transformé ma perception, car il donne une tangibilité à un concept souvent indéfini : l’âme. Plus encore, savoir cela ouvre effectivement notre esprit à comprendre où nous nous situons, une sorte de jauge. Comment va votre âme ? À un niveau simple, c’est votre Nefesh, dans les états normaux de conscience.
Nous pouvons alors comprendre comment les prophètes, les Tannaïm et les Amoraïm étaient de grands méditants et atteignaient leur niveau spirituel élevé à travers la méditation et l’expansion de leur esprit. La Rouaḥ HaKodesh est donc un état de conscience très élevé qui peut être ouvert et atteint avec un entraînement approprié. Et cela est atteint grâce à ce que l’on appelle « l’état de transe ». Nous en parlerons davantage dans un autre article.
Mais une question se pose alors : comment puis-je savoir si je provoque réellement les rectifications que je souhaite, ou si je suis simplement en train d’imaginer des choses ?
Il existe deux modes de pensée appelés « Maḥshava » et « Da’at ».
Le mot à la mode dans le monde entier est « pleine conscience » (mindfulness), par opposition à « l’esprit-singe ». Avec la pleine conscience, qui correspond en réalité à l’usage du Da’at (la conscience), on est dans un mode actif de l’esprit où un véritable effort conscient est fourni.
En revanche, Maḥshava désigne le flux incessant de pensées qui semblent nous bombarder sans logique ni direction. C’est ce qu’on appelle « l’esprit-singe », que l’on peut considérer comme un état « d’inconscience ».
La question, cruciale pour comprendre la méditation, devrait donc être reformulée ainsi : imaginez-vous de manière passive ou de manière active ?
Car imaginer de façon active et utiliser son Da’at, c’est cela la véritable Kavanah.
À l’inverse, laisser son esprit dicter passivement ses pensées, ce n’est pas cela.
Je crois que cette distinction est faite par Rav Mordekhaï Sharabi, mais cela reste à vérifier.
C’est la base de toutes les Kavanot et Yihoudim. C’est également la base d’une prière puissante, lorsque l’on est conscient de ce que l’on fait. Da’at / pleine conscience est probablement la Middah la plus importante à acquérir. La capacité à bien utiliser son esprit est absolument cruciale pour affronter les épreuves de la vie et s’en sortir dans de bonnes conditions.
Il y a encore beaucoup à dire sur le Da’at, la pleine conscience et les Kavanot.
Voici quelques exercices pour entraîner votre Da’at / pleine conscience :
Dans tous ces exercices, asseyez-vous confortablement sur une chaise, les bras posés correctement et la tête droite. Ne contractez pas les muscles, mais cherchez une position dans laquelle vous pouvez vous détendre. Prenez ensuite quelques minutes pour vider (ou tenter de vider) votre esprit. Cela peut être difficile si vous n’avez pas encore l’habitude.
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Essayez de garder votre esprit libre de toute pensée aussi longtemps que possible.
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Si cela est trop difficile, vous pouvez méditer en fixant une bougie ou en portant attention à votre respiration.
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Vous pouvez aussi compter de 30 à 1 (comme je le fais souvent) afin de garder votre Da’at et ne pas le perdre. C’est une excellente technique pour s’endormir si vous souffrez d’insomnie, et cela m’aide beaucoup.
 
L’important est de garder votre esprit libre de toute pensée étrangère. Puisque vous utilisez activement votre imagination pour compter ou percevoir des couleurs ou des senteurs, cela n’est pas considéré comme une pensée étrangère. Essayez de ne pas contracter la tête ni le corps pendant cet exercice.
Cela peut sembler simple, voire futile, mais je vous assure que ce ne l’est pas. Avec un bon entraînement, vous pouvez atteindre ce qu’on appelle l’« état de transe », dans lequel l’esprit est unifié et où l’on se sent beaucoup plus ancré.
Il y a un puissant sentiment de transe qui se manifeste lorsque l’on parvient à garder son esprit sous contrôle suffisamment longtemps. Le corps se détend, et certains experts avancent qu’il se produit alors une augmentation des connexions neuronales entre l’hémisphère gauche du cerveau (analytique) et l’hémisphère droit (créatif). Ce n’est pas étonnant, car Da’at se situe précisément entre Ḥokhmah (la partie créative) et Binah (la partie analytique) dans le schéma de l’Arbre de Vie. Lorsqu’un tel équilibre est atteint, la personne peut ressentir une énergie renouvelée, ainsi que de nombreux bienfaits pour la santé.
Encore une fois, cela peut prendre du temps avant de devenir naturel (comme tout dans la vie), mais cela en vaut largement la peine.
Des esprits puissants, associés à bien d’autres aspects, produisent des prières puissantes. Un esprit calme, joyeux, centré, énergisé peut accomplir beaucoup plus dans les mondes spirituels qu’un esprit envahi de pensées parasites, fatigué, triste et affaibli.
Un esprit fort vous permettra également de mieux comprendre le Talmud (comme ce fut le cas pour moi), et peut grandement nous aider à vivre une vie bien meilleure. C’est, après tout, ce que tous les Tsadikim ont pratiqué à travers les âges.



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