L'importance impressionnante de la barbe dans la loi juive
L'importance impressionnante de la barbe dans la loi juive
Contrairement à la pensée populaire, la barbe revêt une importance considérable pour le Juif. Ce n’est pas seulement un signe de maturité, et jusqu’à il y a quelques générations, il était impensable que les Juifs taillent même partiellement leur barbe, sauf dans des circonstances extrêmes, comme nous allons le voir plus bas.
La barbe est un signe de distinction et de vérité [liée au Tzelem Elokim], comme il est écrit dans le Zohar Idra Rabba. Il est donc surprenant de constater combien il est devenu courant que des Juifs coupent leur barbe de leur plein gré, alors que la Halakha, la Kabbale et le Minhag nous enjoignent de faire le contraire.
Ce traité s’appuiera principalement sur un ouvrage remarquable intitulé Hadras Ponim Zokon du Rav Moché Weiner, ainsi que sur Zakon Yisrael Kehilchato, compilé par le Rav Shalom Yehouda Gross. Ce dernier est gratuit et disponible en ligne.
Et donc, sans plus tarder…
Selon le Zakon Yisrael Kehilchato :
L’origine de la coupe de barbe chez les Juifs remonte à une époque de contrainte, et non à un choix libre. Il y a près de neuf cents ans, les Juifs d’Allemagne faisaient face à de graves dangers physiques, des souffrances et des persécutions causées par les Croisés, cruels et barbares. Afin de permettre aux Juifs, notamment ceux employés comme marchands itinérants, d’échapper aux violences et aux persécutions, les rabbins autorisèrent un changement vestimentaire, ainsi que l’ablation de la barbe. La population non-juive de cette époque ne portait plus la barbe. Les marchands juifs, en se rasant, devenaient ainsi moins reconnaissables et échappaient aux attaques des antisémites. À leur retour de voyage, ces Juifs sans barbe apparaissaient fort différents de leurs coreligionnaires. Cela entraîna peu à peu d’autres Juifs à se raser également. Les rabbins et les érudits, qui demeuraient dans leurs communautés tout au long de l’année, conservaient quant à eux leur apparence juive, tandis que la majorité des Juifs d’Allemagne était devenue glabre. Les Juifs qui quittèrent l’Allemagne avant l’an 4856 (date à laquelle cette pratique commença) et s’installèrent en Pologne, ne furent pas concernés par cette décision halakhique permissive, et conservèrent leur barbe jusqu’au siècle dernier, tandis qu’en Allemagne, elle avait presque disparu (Responsa Hatam Sofer, Ora’h ‘Haïm 159).
Halakha concernant le port de la barbe :
Il est permis de peigner la barbe, bien que beaucoup prennent garde de ne pas le faire (de peur d’en arracher involontairement des poils).
Il n’est pas convenable d’attacher ou d’épingler la barbe sous le menton, bien que cela soit courant chez ceux qui portent une longue barbe.
La partie de la moustache qui dépasse les lèvres peut être raccourcie si elle gêne lors des repas. La Halakha cite à ce sujet plusieurs raisons : un individu portant une longue moustache peignée sur les côtés de la bouche ressemble aux non-Juifs qui adoptent ce style.
Sources :
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Yad Ne’eman 14a, Sdé ‘Hémed (Klalim, Gimel § 75), Responsa K’sonas Yossef (Y.D.1), Hadras Ponim Zokon (Partie II, chap. 12)
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Zikhronot Eliyahou (Y.D., Zayin, Aleph), Rav Akiva Eiger (cité dans Hadras Ponim Zokon, p. 223-224), Mateh Ephraïm 426:3 ; cf. Likouteï Si’hot, vol. 7, PE-325
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Rav Yossef ‘Haïm de Bagdad (Ben Ich ‘Haï) et le Rabbi Rachab de Loubavitch, cités dans H.P.Z., loc. cit., p. 522
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Shoul’han Gavoha (Y.D. § 17), H.P.Z. Partie II, chap. 11
La barbe dans la loi juive :
Des particules de nourriture peuvent rester coincées dans la moustache, causant un mélange entre viande et lait à proximité de la bouche.
Propriétés de la barbe :
Selon le Zohar, la bouche doit rester complètement libre et dégagée. Durant la prière, il convient de dégager les poils de la zone autour de la bouche.
Un poil qui gêne la consommation des aliments est considéré comme répugnant et souille la nourriture.
Le Gaon Rav Shlomo Kluger fut un jour approché par un homme ayant perdu tous ses enfants en bas âge. Le Tsadik lui conseilla : « Écoute bien, mon fils ! Un bébé saisit naturellement la barbe de son père. Puisque tu n’as pas de barbe, tes enfants n’ont rien à quoi s’agripper. Laisse ta barbe pousser, et la vie de tes enfants sera préservée. »
Interdiction de couper sa barbe selon les Poskim
Le célèbre ‘Hida (Rav Yossef ‘Haïm David Azulai) écrit dans le même esprit : à l’époque du Talmud, l’idée même de se couper la barbe était inconnue. Ce n’est que plus tard, en Europe, que cette pratique fut introduite en raison des persécutions subies par les Juifs de la part des non-Juifs. Même lorsqu’on enlève la barbe dans de telles circonstances extrêmes, il est néanmoins nécessaire de demander pardon à D.ieu.
Nous apprenons donc que, bien que certaines indulgences halakhiques puissent être trouvées, il ne convient pas de s’y appuyer sauf en cas de danger physique réel. Le ‘Hazon Ich s’est exprimé à ce sujet en des termes très sévères.
Le ‘Hazon Ich écrit encore dans une seconde lettre :
« Je n’ai jamais accepté le comportement de ceux qui se rasent la barbe, car cela était interdit autrefois. On considérait cela aussi grave que de marcher dans la rue sans kippa ou de modifier son habillement traditionnel. Bien que le rasage de la barbe soit désormais courant, même chez les érudits en Torah, cela ne diminue en rien la gravité de la transgression. Cette pratique me brûle littéralement d’indignation. »
Voici également une lettre émanant de certains Guedolim de notre génération :
À la personne qui a posé la question, qu’il soit en bonne santé,
Concernant le rasage de la barbe avec une tondeuse électrique – voir le Sefer Likouteï Halakhot sur le traité Makot (du ‘Hafets ‘Haïm), page 14b (sous « Ein Michpat »), où il est écrit que c’est interdit, et qu’on ne peut en aucun cas se montrer indulgent à ce sujet. Il est également bien connu que le ‘Hazon Ich, de mémoire bénie, a tranché que l’usage de toutes les tondeuses électriques est interdit.
Telle est ma réponse.
(Signé)
Éléazar Mena’hem M. Shach,
Rav Moché Stern,
Grand Rabbin de Debrecyn,
Auteur des responsa Be’er Moché (six volumes), Brooklyn, New York
Autres sources halakhiques :
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Il ne faut pas enlever la barbe, même en cas de danger physique !
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L’abnégation dont les Juifs ont fait preuve en gardant leur barbe durant l’esclavage fut l’un des mérites qui entraînèrent la rédemption d’Égypte.
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Un Juif enrôlé dans l’armée ne doit pas se raser, même si cela entraîne pour lui une perte financière importante, ou s’il risque les moqueries des non-Juifs.
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Même si tous les autres Juifs de la ville ou de la région transgressent et se rasent la barbe, à D.ieu ne plaise, et qu’il est le seul à en porter une, il lui est néanmoins interdit de la raser.
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En Pologne, en l’an 5606 (1846), un décret gouvernemental interdit les vêtements juifs traditionnels et imposa le rasage de la barbe. Les deux grands Gaonim et poskim de l’époque proclamèrent qu’il était interdit de se raser même sous menace de mort. Le grand Gaon et tsaddik, Rav Yits’hak Meïr Alter, premier Rebbe de Gour, avec le grand Gaon Rav Avraham de Tzechonov, déclarèrent : « Yéhareg véal ya’avor » (qu’il soit tué plutôt que de transgresser ce saint commandement).
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Sefer ‘Hassidim, §199 ; Hadras Ponim Zokon Partie II, chap. 14
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Sha’ar Yissakhar (Nissan, §59)
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‘Hafets ‘Haïm dans Ma’hane Israël, chap. 13 ; cf. H. P. Z., Partie I, pp. 262-264
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Rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm LaTorah, Kedochim 19:27)
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Meïr Eyné HaGola, §399 ; II, p. 41 ; cf. Sipouré ‘Hassidim (Emor)
La barbe selon la Kabbale
Comme nos sages l’enseignent, l’homme est un monde en miniature. L’Arizal va plus loin et nous enseigne à plusieurs reprises que chaque monde inférieur est l’empreinte du monde qui le précède. Non seulement chacun des Olamot Élyonim suit les structures de ceux d’en haut, mais nous, en tant que Juifs, sommes aussi construits selon des fonctions similaires.
Bien qu’il n’y ait pas de physicalité là-haut, nous pouvons comprendre ce qui s’y passe en observant notre réalité. Lorsqu’on parle des téfilines de D.ieu, de Son trône, de Son nez ou de Ses bras, cela ne signifie pas que ces choses existent littéralement là-haut comme ici-bas. Les Mekoubalim veulent dire que ce sont des représentations anthropomorphiques de Ses Middot. Cela signifie que nous ne devons jamais, ‘hass véchalom, penser que nous sommes simplement la version physique de ces Middot, car cela constituerait l’hérésie de Hagshama. En revanche, nous pouvons dire que nous cultivons le Tselem Elokim en L’imitant.
De même que Ses Middot « mettent des téfilines » (c’est-à-dire réfrènent leurs Guévourot), nous aussi mettons les téfilines pour accomplir la même fonction.
Les hommes ont une barbe parce que nous suivons le schéma du Partzouf (système spirituel) de Zéïr Anpin et, lorsqu’on atteint la complétude d’un système défini, celui du Partzouf de Arikh Anpin (Keter). Selon le Zohar, ces deux Partzoufim ont une « barbe », c’est-à-dire qu’ils possèdent des canaux extrêmement élevés et sacrés de lumière divine qui descendent.
Ainsi, en cherchant à imiter les voies de D.ieu, il convient de laisser pousser sa barbe librement afin d’attirer ces bénédictions, sinon dans ce monde, assurément dans le Olam HaBa.
Sources supplémentaires :
- Medrash Rabbah
- Even Ezra; Raven
- Rokeach
- Abarbanel
- Seporno: Keser Torah
- Shnei Luchos Habris
- Bayis Chodosh (Bach)
- Sidur R. Yakov Emdin
- Hafloah
- Tzemach Tzedek
- MinchasChinuch
- Komarner Rov: Sedei Chemed; Responsa Meharsham
- Chazon Ish H.P.Z. part Hichapter 4
- Ritvah
- Bach: Beis Meir
- Yafeh L’Lev: Sedei Chemed: Saba Kadisha
- Meharsham
- ChofetzChaim
- Darchei Teshuva
- Klei Chemda. See H.P.Z. part II chapter 6 at length
Remarques conclusives
La barbe n’est pas simplement un beau minhag. C’est une composante intégrante du Tselem Elokim chez l’homme juif. Les bénédictions liées au port d’une barbe pleinement développée ne se manifestent probablement pas dans ce monde inférieur, mais elles sont assurément visibles dans le Olam HaEmet. Cela ne doit en aucun cas être pris à la légère.


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