L’importance incroyable de la Tsédaka dans la Kabbale

 


L’importance incroyable de la Tsédaka dans la Kabbale


L'importance incroyable de la Tsédaka dans la Kabbale

La tsédaka, souvent traduite par « charité », est bien plus qu’un simple geste de bonté selon la Halakha et la Kabbale. Le mot tsédaka provient de la racine tsedek, qui signifie justice ou droiture, reflétant son rôle dans la création d’un monde équilibré et moral. Donner aux autres ne relève pas seulement de la générosité, mais constitue l’accomplissement d’une obligation divine visant à réparer les injustices de ce monde — et bien plus encore.

D’un point de vue simple, la Torah insiste à maintes reprises sur cette valeur, nous exhortant à soutenir les pauvres et à élever ceux dans le besoin. Comme il est dit dans Devarim 15:7-8 :
« S’il y a chez toi un indigent… tu n’endurciras pas ton cœur et tu ne fermeras pas ta main envers ton frère nécessiteux. Tu lui ouvriras plutôt ta main, et tu lui prêteras de quoi il a besoin. »
Ce commandement nous rappelle que chaque acte de don est un partenariat avec D.ieu pour soutenir Sa création.

La mitsva de tsédaka, sa vertu et sa grandeur sont bien connues à partir des paroles sacrées de nos Sages, telles qu’elles sont exprimées dans le Talmud, les Midrashim et les écrits saints.

Concernant la grandeur de cette mitsva, nos Sages ont enseigné qu’elle équivaut à toutes les autres mitsvot réunies (Bava Batra 9a). Sa valeur dépasse celle de tous les sacrifices (Soukka 49b) et elle rapproche la rédemption (Bava Batra 10a). Par son mérite, une personne obtient la vie, la richesse et l’honneur (voir Kiddouchin 40a) et mérite des miracles ouverts grâce à sa puissance (Yérouchalmi Peah 8:9 ; Shekalim 5:4). De plus, elle sauve de la mort, comme il est écrit : « La tsédaka sauve de la mort » (Mishlei 10:2).

Nous ne présenterons ici qu’une petite portion pour inspirer nos cœurs à propos de cette grande mitsva, afin de nous encourager à nous y engager et à y investir, que l’on donne beaucoup ou peu, tant que le cœur est dirigé vers le Ciel.

Par la suite, nous approfondirons ses aspects mystiques, y compris sa signification, ses coutumes et ses intentions, selon ce que nous aurons le mérite d’apprendre, avec l’aide d’Hachem, à partir des écrits du saint Ari Zal.


1. L’importance fondamentale de la Tsédaka dans le Judaïsme

La tsédaka est considérée comme l’un des trois piliers sur lesquels le monde repose, comme il est dit dans Pirqei Avot 1:2 : « Le monde repose sur la Torah, le service divin et les actes de bonté. » Les Sages d’Israël ont compris la tsédaka comme une expression directe de la justice divine, essentielle au maintien de l’harmonie sociale. Le Talmud (Bava Batra 10a) va même plus loin, enseignant que donner la tsédaka revient à imiter D.ieu Lui-même, qui pourvoit constamment à toute la création. Puisqu’Il est la source de tout don, lorsque nous donnons, nous devenons semblables à Lui — et les kavanot (intentions spirituelles) de la tsédaka s’y rapportent, comme nous le verrons plus tard.

Pourtant, cette mitsva ne concerne pas uniquement le bénéficiaire ; c’est aussi un acte transformateur pour celui qui donne. Le Midrash Tanhouma (Michpatim 15) enseigne que la tsédaka protège celui qui la pratique contre les malheurs et élève son âme. En essence, ce commandement ne se limite pas à la charité, mais crée une relation avec D.ieu, avec la communauté et avec soi-même, reflétant l’interdépendance inscrite dans le tissu de la vie juive.

Le Talmud (Shabbat 119a) affirme que « la tsédaka équivaut à toutes les autres mitsvot réunies ». Cette déclaration souligne la puissance extraordinaire de la tsédaka. Alors que chaque mitsva a son propre effet spirituel, la tsédaka est vue comme un acte global qui contient en lui le mérite de toutes les autres mitsvot. C’est véritablement remarquable, et cette idée est reprise dans le Midrash (Béréchit Rabbah 1:4), où il est expliqué que la tsédaka élève l’âme et crée un lien avec D.ieu d’une manière que d’autres commandements ne permettent pas.

Le Talmud (Kiddouchin 40b) enseigne que bien que chaque mitsva ait une récompense, la tsédaka occupe une place particulière. La Michna dans Peah 1:1 affirme que la récompense de la tsédaka s’étend bien au-delà de ce monde et atteint le Monde à Venir. Le Zohar ajoute que l’acte de charité permet à une personne de se connecter à la source divine de toute vie, et cette connexion perdure au-delà de cette vie, menant à une récompense éternelle.

Le ‘Hafets ‘Haïm (Rabbi Israël Meïr Kagan, 1838–1933) écrit abondamment sur la puissance de la tsédaka, soulignant que sa récompense dans le Monde à Venir est incommensurable. Dans son Michna Beroura, il explique que plus une personne donne, plus elle se rapproche de D.ieu, car elle démontre un véritable altruisme et une humilité sincère.

2. Halakhot pratiques de la Tsédaka

La mitsva de tsédaka est très structurée en droit juif, pour qu’elle soit accomplie de manière efficace. Le Choul’han Aroukh (Yoreh Déa 249–256) donne des directives précises, en insistant sur le fait que chacun, quelle que soit sa situation financière, est tenu de donner. Même celui qui reçoit la tsédaka est censé donner à d’autres, montrant que l’acte de donner est universel.

Une notion clé en halakha est la priorité. Le Rambam (Maïmonide) enseigne que les membres de la famille passent en premier, suivis de la communauté locale, puis du reste du monde. De plus, le plus haut niveau de tsédaka, selon les « huit degrés de charité » du Rambam, est d’aider une personne à devenir autonome, en lui offrant la dignité de l’indépendance plutôt qu’une aide temporaire. Cela montre que la tsédaka ne se limite pas à l’argent, mais inclut aussi tout ce qui peut soutenir quelqu’un dans sa dignité.

Une autre leçon en découle : on ne peut être vraiment bon envers les autres qu’en l’étant d’abord envers sa propre famille.

3. Qui doit recevoir la Tsédaka ?

La halakha principale sur qui doit recevoir la tsédaka se trouve dans le Talmud (Bava Batra 9a), qui enseigne que les pauvres d’Israël doivent être les premiers bénéficiaires. Toutefois, la halakha précise aussi que les pauvres de sa propre ville passent avant ceux des autres lieux, car il est considéré comme plus charitable d’aider ceux qui sont proches de soi. Le Talmud distingue également différents types de bénéficiaires. Par exemple, une personne pauvre qui n’est pas complètement indigente mais qui reste dans le besoin doit aussi être aidée, mais quelqu’un qui ne cherche pas d’aide ou qui peut se suffire à lui-même ne doit pas recevoir la tsédaka.

Par ailleurs, la Torah dans Devarim 15:7–8 commande explicitement de ne pas rejeter un pauvre, mais d’ouvrir sa main. Même de simples paroles bienveillantes sont obligatoires, car l’idée est que la tsédaka doit être donnée avec un cœur ouvert, sans réticence. La Michna dans Peah 8:7 insiste sur le fait qu’il ne faut pas humilier celui qui reçoit la tsédaka, mais respecter sa dignité.

En période d’abondance, lorsque tous les besoins communautaires sont couverts, même les riches ayant tout perdu doivent pouvoir retrouver la dignité de leur ancien niveau.

4. Combien faut-il donner ?

Le montant de la tsédaka dépend de la situation financière de la personne. Si la Torah ne donne pas de pourcentage précis, le Talmud (Bava Batra 9a) recommande de donner au moins un dixième (10 %) de ses revenus. Le Rambam, dans le Mishné Torah, note que l’idéal est un cinquième (20 %) pour ceux qui peuvent se le permettre. Le Choul’han Aroukh (Yoreh Déa 249:3) suit cette ligne directrice : minimum 10 %, mais plus si possible sans s’appauvrir.

Bien que l’obligation initiale soit de 10 %, de nombreuses sources rapportent des miracles chez ceux qui donnent 20 %. On raconte beaucoup d’histoires de personnes devenues riches ainsi — bien que je l’avoue, je ne l’ai pas essayé moi-même.

Il est important de souligner que la tsédaka ne se limite pas à l’argent. Le Rambam (Hilkhoth Matnot Aniyim 10:7) enseigne qu’on peut aussi accomplir la tsédaka par des actes de bonté : aider une personne dans ses besoins personnels, prêter main-forte, ou offrir l’hospitalité. Ainsi, la mitsva s’étend aux gestes, au temps et à l’effort.

La tsédaka doit être donnée régulièrement — idéalement chaque jour — et le Talmud (Ketoubot 67b) dit qu’on ne doit pas attendre une demande officielle, mais chercher activement ceux qui ont besoin d’aide. Le Choul’han Aroukh (Yoreh Déa 249:1) le confirme : celui qui a les moyens de donner mais ne le fait pas a manqué à son devoir. Les rabbins enseignent que donner la tsédaka ne doit pas être vu seulement comme un commandement, mais comme une expression de justice personnelle, par laquelle le donateur acquiert un mérite spirituel.


3. Le moment de donner la Tsédaka

Le moment où l’on donne la tsédaka est un aspect essentiel de la mitsva. Le Talmud (Bava Batra 9b) enseigne que la charité doit être donnée en temps opportun, en particulier dans des périodes de crise ou de difficulté. La tsédaka est vue comme un moyen de détourner le malheur, et le Talmud (Soukka 49b) affirme qu’elle a le pouvoir de « sauver de la mort », en particulier en période de danger. C’est pourquoi il est d’usage d’augmenter la tsédaka lors de détresses personnelles ou communautaires, comme en cas de maladie, de guerre, de catastrophe ou encore avant les Yamim Noraïm (Roch Hachana, Yom Kippour, Souccot et Chemini Atséret), périodes pendant lesquelles de nombreuses sources recommandent de multiplier les actes de bonté pour mériter une bonne année.

De plus, le Choul’han Aroukh (Yoreh Déa 249:1) souligne qu’il ne faut pas retarder la tsédaka. Si l’on a la possibilité de donner et que l’on diffère, on transgresse un commandement de la Torah. La tsédaka doit être donnée avec un sentiment d’urgence, pour répondre aux besoins immédiats des pauvres et accomplir la mitsva pendant qu’on en a encore les moyens.

Selon la Kabbale, le moment privilégié pour donner est le jour. Toutefois, si un pauvre sollicite de l’aide la nuit, il faut aussi lui donner. La différence réside dans le fait que le jour, on doit activement rechercher à qui donner, car les dinim (rigueurs célestes) peuvent être adoucis avant la prière de Cha’harit.

4. La Tsédaka dans la pensée kabbalistique

Donner la tsédaka est comparé à une réparation des canaux de lumière divine — ou chéfa — qui irriguent le monde. Le Zohar (Tome 3, 263b) décrit la tsédaka comme un outil pour canaliser les bénédictions : lorsque l’on donne, on ouvre des voies pour que l’abondance afflue non seulement vers le bénéficiaire, mais aussi vers soi-même et toute la création.

Le Ari Zal explique que donner la tsédaka à des moments précis s’aligne avec le verset : « Je contemplerai Ta face dans la justice » (Tehilim 17:15), ce qui fait référence au don de tsédaka avant la prière de la Amida, pendant la récitation de « Vayevarekh David » (la section précédant l’Amida dans la prière du matin). Le montant minimum de tsédaka à donner à ce moment-là est de trois peroutot (petites pièces), réparties ainsi : d’abord deux peroutot correspondant à Malkhout de Bina et à l’aspect féminin de Léa, puis une troisième perouta pour l’aspect féminin de Ra’hel. Cette tsédaka devrait idéalement être remise à un collecteur (gabaï), qui représente la séfira de Yessod, laquelle rassemble l’abondance et la transmet à Malkhout.

Le but de cette tsédaka spécifique est de préparer l’aspect féminin (Noukva) en élevant les Mayin Noukvin (les « eaux féminines ») pour l’union spirituelle qui a lieu pendant la prière de la Amida. Cette préparation s’aligne avec le Saint Nom divin sous-entendu dans la phrase « VeAta Moshel Bakol » (« et Toi, Tu règnes sur tout »), tirée de Vayevarekh David. Le Ari Zal développe en détail ce concept, et des explications plus approfondies peuvent être trouvées dans la première section de ses écrits, où les méditations de « VeAta Moshel Bakol » sont longuement étudiées.

Ainsi, cet acte de tsédaka est une réparation précise liée à l’aspect féminin (Noukva) dans le contexte de la prière. C’est pourquoi le Rashash (Rav Shalom Sharabi) n’a pas inclus les méditations générales de tsédaka à ce moment précis dans son Siddour imprimé, se concentrant uniquement sur les intentions propres à cet instant.

La raison est la suivante :

Il est connu que par le mérite de la mitsva de tsédaka, l’union de Zeir Anpin (Z"A) et de Noukva (Nouk) s’opère d’une manière particulière. Lors de cette union, Z"A transmet à Noukva les cinq ’Hassadim (flux de bonté). Comme l’explique le Ari Zal dans Etz ‘Haïm, Cha’ar HaTzelem (la Porte des Enseignements sur l’image spirituelle), lorsque ces ’Hassadim descendent rapidement et avec intensité dans le Yessod (fondation), ils remontent sous forme de lumière rayonnante qui transperce les membranes du Yessod de Ima (l’aspect maternel), se multiplient et amplifient la lumière des Mokhin (intellects spirituels), lesquels illuminent les réceptacles de Z"A. Par conséquent, les lumières qui affluent dans Z"A grandissent et se multiplient de manière considérable.

La tsédaka symbolise ces ’Hassadim donnés à Noukva. C’est pourquoi celui qui donne la tsédaka ne doit pas craindre de voir sa richesse diminuer. Bien au contraire, tout comme les ’Hassadim se multiplient et croissent plus ils sont diffusés, ainsi en est-il de la richesse de celui qui donne : plus il donne, plus il reçoit en abondance.

Ce concept est encore éclairé par ce que le Ari Zal explique au sujet de Yaakov Avinou, paix sur lui, qui retourna chercher ses petits récipients. Cela est lié à l’enseignement du Talmud (Sota 12a) selon lequel la richesse des justes leur est plus chère que leur propre corps — une idée qui peut sembler étrange au premier abord. Mais une fois qu’on comprend que les biens matériels d’une personne représentent l’abondance divine reçue d’en-Haut, et que plus on en donne à la tsédaka, plus cette abondance augmente et se multiplie, il devient clair que protéger et sanctifier ses possessions est un honneur rendu à Hachem. Comme l’écrit le Ari Zal dans Sha’ar HaMitsvot sur la paracha Michpatim :

Chaque acte de tsédaka est perçu comme un acte de tikkoun olam — une réparation des récipients brisés de l’énergie divine qui se sont fracturés lors de la création. La tsédaka a le pouvoir d’élever les étincelles de sainteté emprisonnées dans la matérialité, les libérant et rétablissant l’équilibre dans les mondes spirituels. Même le simple geste de mettre la main dans sa poche est considéré comme un symbole de l’attraction de la lumière divine dans le monde matériel, créant un lien entre le ciel et la terre.

En effet, l’une des kavanot (intentions spirituelles) du Ari Zal pour la tsédaka est d’élever les étincelles des âmes déchues des impies encore retenues en Guehinom, comme nous le verrons ci-dessous. Maintenant, pour être honnête, je ne fais pas toutes ces prières chaque jour — seulement lorsque je donne un montant plus important chaque mois.

Voici maintenant le Leshem Yichoud simple pour toutes les mitsvot :


Cela se poursuit avec la Tefila (qui ne doit pas être récitée à voix haute) pour la mitsva de Tsédaka et les kavanot associées :


Je saute toute la section du "Matbéa’h HaBracha", qui pourrait être trop complexe à expliquer pour l’instant, mais ceux qui savent de quoi il s’agit devront avoir la kavana que toutes les רפ״ח ניצוצין (288 étincelles) s’élèvent jusqu’à Adam Kadmon, génèrent les Mokhin (intellects divins) et les font descendre dans les kelim (réceptacles) de Z"A et de Noukva. On peut retrouver cela en détail dans tout Siddour contenant les kavanot, mais cela ferait trop pour un seul passage. De plus, celui qui accomplit toutes ces kavanot réalise déjà une très grande chose.

À la fin, on doit dire :


Les Tefilot pour ces jours-ci sont les suivantes :




Enfin, à la fin, on donne l’argent.

La Tsédaka comme outil de rédemption
La tsédaka ne sert pas seulement à améliorer des vies dans l’immédiat ; elle est également un élément clé dans l’avènement de la rédemption. Le Talmud (Sanhédrin 98a) relie la charité à la venue du Machia’h, en disant :
« Israël ne sera délivré que par la tsédaka. »
Cela nous enseigne que l’effet cumulatif de nombreux actes de bonté et de justice peut faire pencher la balance du monde vers le Tikkoun spirituel ultime.

Je vous bénis pour que vous soyez toujours en position de donner la tsédaka, et que nous méritions tous de récolter les fruits de cette merveilleuse mitsva !

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