Comme en haut, ainsi en bas – Le principe extraordinaire des eaux masculines et féminines
Comme en haut, ainsi en bas – Le principe extraordinaire des eaux masculines et féminines
Au cœur de la Kabbale se trouve l’étude des effets des eaux masculines et féminines à tous les niveaux.
Comprendre la Kabbale, c’est découvrir les fils cachés qui tissent le tissu de la Création.
Imaginez distiller toute l’essence de la Kabbale en un seul concept — un concept qui résonne avec les enseignements profonds du Rav Shalom Sharabi, le Rashash Zt’l. Il s’agit de l’interaction entre les Mayin Dukhrin, les Eaux Masculines, et les Mayin Nukvin, les Eaux Féminines.
Ce principe est le battement de cœur de la Kabbale, le noyau vibrant à partir duquel tout découle.
Les Mayin Nukvin représentent le désir qui s’élève d’en bas vers le haut, incarnant notre aspiration sincère à nous aligner sur la volonté d’Hachem. En contraste, les Mayin Dukhrin coulent du haut vers le bas, incarnant les bénédictions qui nous sont dispensées ici-bas. Toute la beauté réside dans la réalisation que l’ensemble de la Kabbale est résumé dans cette dynamique — tout descend d’en haut ou monte d’en bas.
En essence, le principe des eaux masculines et féminines enseigne que ce que nous faisons ici-bas génère une réponse d’en haut.
Voici maintenant la partie fascinante que nous abordons : tout est uni de manière interconnectée et fluide sous la surface. En enlevant les couches, on découvre que le jeu des volontés, le va-et-vient entre le haut et le bas, culmine dans une unité harmonieuse : l’unité d’Hachem.
Dans les sections suivantes, nous approfondirons ce concept fondamental, dévoilant davantage d’éclairages qui illuminent le chemin de la compréhension dans le domaine fascinant de la Kabbale.
Pourquoi tout se passe comme cela se passe
Celui qui s’engage dans le chemin sacré de l’Avodat Hachem élève essentiellement les fragments brisés des réceptacles tombés du monde de Nekoudim, pour les ramener à leur place dans le monde spirituel d’Atsilout.
Depuis la chute d’Adam HaRishon, la responsabilité de réparer les vases brisés et de les reconnecter à leur source dans les sphères supérieures repose sur nous. Imaginez une immense tapisserie en attente d’être tissée, où l’unification des eaux détient la clé. Cette union est ce qui permet l’écoulement de l’abondance, un flux du haut vers le bas.
Imaginez maintenant ceci : en maîtrisant l’art de générer davantage de Mayin Nukvin (notre volonté de sainteté), nous déverrouillons la porte du progrès dans le service du Créateur. C’est comme si Hachem lui-même attendait notre participation harmonieuse en tant que partenaires.
Et le secret pour renforcer ce flux : marcher dans les voies d’Hachem. Il ne s’agit pas seulement de suivre des règles à travers la Téchouva (bien que cela soit essentiel), mais de créer activement un courant de Mayin Nukvin. Le retournement fascinant est que, rétroactivement, lorsque nous empruntons le chemin de la sainteté jusqu’à la Malkhout de Kédoucha comme Rebbe Na’hman l’enseigne dans le Likouté Moharan, nous sommes guidés vers les mitsvot que nous devons accomplir.
Et pourtant, nous pouvons rencontrer des sceptiques qui disent : « J’ai tout essayé, mais mon compte en banque ne reflète pas mes efforts. Où sont les bénédictions ? » Et c’est une préoccupation valable.
Mais attendez, ce n’est pas si simple.
Pour comprendre le mystère des eaux masculines et féminines, il faut considérer plusieurs variables qui façonnent l’équation. Ce n’est pas une simple transaction ; c’est un processus complexe qui prend du temps.
L’analogie de l’unification des eaux masculines et féminines
Nous l’avons dit à maintes reprises, mais explorer les profondeurs de la Kabbale révèle une complexité qui dépasse la simplicité. Rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît. Ainsi, initier une cause spirituelle ne produit pas forcément des effets immédiats, tout comme le fonctionnement d’un système d’approvisionnement en eau mondial.
Faisons une analogie avec l’immensité du cycle de l’eau sur Terre. Imaginez la grandeur de l’océan — un réservoir immense de potentiel. Les rayons du soleil touchent sa surface, déclenchant l’évaporation qui transforme l’eau en nuages éthérés portés par le vent. Ces nuages, gorgés de l’essence de l’océan, voyagent vers les montagnes et libèrent leur richesse sous forme de pluie. La pluie s’écoule vers les rivières et, finalement, retourne à l’océan.
Cela semble simple, n’est-ce pas ?
C’est en réalité une métaphore du fonctionnement du système spirituel.
Prenons maintenant une vue microscopique. Imaginez marquer une seule goutte d’eau dans l’océan avec une teinte violette vive. Observez cette goutte marquée s’élever dans le cycle d’évaporation, rejoindre les nuages qui couvrent l’océan tout entier. Elle devient partie d’un récit plus vaste, une histoire complexe qui se déroule dans le temps.
Mais voici le piège : ce n’est pas un processus rapide. Certainement pas le même jour, probablement pas la même semaine, et peut-être même sur plusieurs mois. La goutte qui tombe depuis le sommet de la montagne met du temps à retourner à l’océan, sans compter les complexités liées aux nuages et autres éléments.
Dans le monde de la Kabbale, la patience est la compagne de la compréhension, alors que nous naviguons dans les cycles complexes de causes et d’effets spirituels. Elle est également présente dans l’étude des nombreuses (apparentes) contradictions qui semblent aller à l’encontre des principes fondamentaux de la Torah. Ce n’est qu’en rassemblant patiemment ces difficultés que l’on peut, après un long processus, dessiner une “image mentale” d’Hachem, qui n’est rien d’autre que le système spirituel derrière la Création.
Le parallèle entre le monde physique et les mondes spirituels
Les mondes spirituels obéissent à des règles, des principes et des idées souvent déroutants car ils ne reflètent pas toujours le monde physique. Comme mentionné précédemment, lorsque nous entreprenons le voyage de l’Avodat Hachem, l’intention est claire : ramener les étincelles tombées de leur demeure terrestre jusqu’aux plus hauts niveaux spirituels.
Déroulons davantage ce concept par une analogie.
Imaginez un homme d’affaires remarquablement prospère, maître de la réussite dans chaque projet. Chaque investissement qu’il entreprend devient un succès éclatant. Pourtant, au cœur de cette réussite constante, une subtile inquiétude s’installe. Il examine ses succès, les compare à ceux de ses amis engagés dans les mêmes domaines.
Il se demande, perplexe : « Est-ce que je fais vraiment quelque chose d’extraordinaire ? Je ne suis pas plus intelligent qu’eux, pourtant tout ce que j’entreprends réussit. » Le doute s’installe — peut-être est-il en train de consommer tous ses mérites dans ce monde, ne laissant rien pour le Monde à Venir.
Notre ami se trouve au bord de l’incertitude, anxieux face aux implications de son succès. Cette scène poignante reflète les complexités auxquelles nous faisons face dans notre cheminement spirituel.
Combien de temps faut-il pour que les cercles que nous générons dans les mondes spirituels se complètent ?
Parfois, Hachem retient les bénédictions d’une personne comme une forme de kapara (expiation). Parfois, c’est une forme de souffrance par amour. Les sages du Talmud enseignent que si une personne ne ressent aucune forme de douleur, elle devrait s’inquiéter de recevoir tout son Olam HaBa ici-bas.
L’incertitude ajoute une couche de mystère à notre Avodat Hachem, nous poussant à réfléchir sur l’interaction à long terme entre nos actions ici-bas et leurs répercussions dans l’au-delà. Comme je l’ai entendu un jour d’un Rav enseignant l’Etz Haïm : « Nous ne recevrons rien dans le Olam HaBa — nous révélerons simplement tout ce pour quoi nous avons œuvré durant notre vie. »
Je ne sais pas à quel point c’est exact, mais c’est une perspective intéressante.
Utiliser le mérite de nos ancêtres
Un certain élève approcha Rav David Pinto Shli’ta avec une question qui résonnait dans ses pensées : pourquoi la réussite le comblait-elle (l’élève) avec tant d’abondance ? La réponse fut une révélation qui traversa les générations : « Ce ne sont pas seulement tes mérites ; ce sont ceux de ton grand-père. »
L’histoire remonte à l’époque où le grand-père de cet homme, de mémoire bénie, accomplit un acte de générosité noble. Bien avant les démarches actuelles de son petit-fils, le grand-père possédait une somme importante, de quoi assurer une vie confortable pour lui et sa famille. La voie logique était d’investir pour garantir l’avenir.
Mais le destin en décida autrement.
Un jour, le grand-père vit un homme chercher de l’argent pour son mariage, sans moyens pour une célébration digne. Dans un acte de Tsedaka extraordinaire, le grand-père choisit la compassion au lieu du confort. Il donna généreusement la moitié de sa fortune pour permettre à ce jeune marié de construire son foyer.
Ce geste désintéressé changea sa trajectoire. Au lieu d’une vie aisée, il dut emprunter un chemin plus difficile. Mais les graines de bonté semées à travers cet acte commencèrent à germer.
Aujourd’hui, alors que le petit-fils rayonne de réussite, il se rappelle que les fruits abondants qu’il récolte ne sont pas uniquement le résultat de ses efforts. Ce sont la moisson de la générosité de son grand-père, un témoignage de l’impact durable d’un seul acte de compassion accompli des années auparavant.
En fin de compte, tout repose sur l’Emouna
En Kabbale, on peut poser des questions jusqu’à un certain point. Au-delà, tout repose sur l’Emouna véritable, qui transcende tout. Toutefois, je suis contre la position qui consiste à « tout laisser à l’Emouna ». Il y a tant à apprendre et à approfondir, et Hachem attend cela de nous. Rebbe Na’hman enseigne dans le Likouté Moharan qu’un Juif ne peut être bon que s’il étudie beaucoup. Jusqu’à atteindre le point des « non-réponses », nous devons tout faire pour comprendre autant de Torah que possible.
Dans le domaine de la vraie Emouna, la croyance dépasse la simple reconnaissance de l’omniscience divine : elle devient la conscience profonde qu’Hachem connaît chaque facette de notre être.
Cette conscience sacrée ne se limite pas aux grands gestes ou aux bonnes actions conscientes. Elle s’étend à chaque action, même celles accomplies sans intention délibérée. Hachem reconnaît ces actes et accorde des récompenses bien au-delà de ce qui semble mérité.
Pourtant, cette relation n’est pas transactionnelle. Elle transcende la cause à effet immédiate que l’on pourrait attendre. La clé réside dans le fait d’aligner nos intentions avec une finalité plus élevée. Voilà sans doute la forme la plus élevée et la plus puissante des eaux masculines et féminines. Et encore une fois, la faute nous revient : Hachem est toujours prêt à nous bénir, si seulement nous faisons preuve de vraie Mesirut Nefesh (dévouement).
Voici un mystère — une source profonde d’abondance dans les domaines spirituel, émotionnel et matériel. Cette source, voilée dans le mystère, n’est véritablement comprise que par les tsaddikim les plus accomplis.
Mais au cœur de tout cela se trouve l’Emouna.
Tout commence et se termine avec une foi inébranlable dans la compassion permanente d’Hachem et sa volonté de récompenser toutes les bonnes intentions venant de notre part. Voilà ce que sont les eaux masculines et féminines, Mayim Nukvin et Mayim Dukhrin.
Prenez un moment pour méditer là-dessus. Fermez les yeux et réfléchissez aux multiples bénédictions de votre vie. Dans cette contemplation, vous pourriez réaliser que la goutte marquée de rouge, symbole de reconnaissance et de récompense divines, n’a jamais été vraiment loin de vous.

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