La Kabbale du Ramhal – Le légendaire mekoubal Rabbi Moshe Hayyim Luzzatto et les 9 étapes vers la sainteté

 



La Kabbale du Ramhal – Le légendaire mekoubal Rabbi Moshe Hayyim Luzzatto et les 9 étapes vers la sainteté

Idées clés de la Kabbale d’après les enseignements du saint Rabbi Moshe Hayyim Luzzatto (Ramhal)

Il n’est pas facile de résumer la grandeur du Ramhal en un seul article, mais nous allons essayer. Rabbi Moshe Hayyim Luzzatto (1707-1746) était un rabbin juif italien éminent, philosophe et mekoubal. Il est surtout connu pour ses ouvrages sur l’éthique juive et la Kabbale, parmi lesquels le Mesillat Yesharim (Le Sentier des Justes) et Derekh Hashem (La Voie de Dieu), ainsi que pour son immense devekout (adhésion spirituelle) à Hachem.

L’un de ses grands ouvrages allégoriques est Migdal ‘Oz (ou Tummat Yesharim), écrit pour célébrer le mariage de son ami Israël Benjamin Bassani. Cette pièce en quatre actes se distingue par sa versification magistrale et son langage mélodieux, riche en images rappelant la poésie classique. Elle illustre la victoire de la justice sur l’iniquité, un thème sous-jacent récurrent dans l’œuvre du Ramhal.

Dans ses dernières années à Amsterdam, le Ramhal a pu poursuivre ses études et ses écrits kabbalistiques avec moins d’entraves. C’est à cette époque qu’il rédigea Mesilat Yesharim (1740), un traité éthique aux fondements mystiques, et Derekh Hashem (La Voie de Dieu), une œuvre concise sur la théologie juive fondamentale, qui est aujourd’hui largement connue.

Un tournant décisif dans sa vie fut lorsqu’il affirma avoir reçu un enseignement direct d’un ange (un maggid). Lorsqu’une personne atteint une pureté extrême et vit dans un devekout constant avec Hachem, il est possible que son énergie s’élève à un tel niveau qu’elle développe des yeux spirituels lui permettant de voir au-delà du monde physique. Certains disent que le Ramhal marchait les yeux presque toujours fermés, ce qui s’expliquerait parfaitement.

Cette affirmation d’avoir reçu la Torah d’un ange, bien que fascinante pour beaucoup, a suscité la méfiance des autorités rabbiniques italiennes, notamment à cause du contexte postérieur aux revendications messianiques controversées de Shabbetaï Tsvi. La réaction « naturelle » de ceux qui ne comprennent rien à la Kabbale est évidemment de persécuter ceux dont l’Avodat Hashem (service divin) leur échappe.

Les écrits du Ramhal de cette période, dont certains sont aujourd’hui perdus, furent considérés par certains comme hérétiques, et il fut confronté à une opposition sévère, incluant des menaces d’excommunication.

On peut retrouver certains de ses ouvrages sur Sefaria. Ils sont majoritairement en hébreu.

La Kabbale du Ramhal

Ses écrits kabbalistiques, bien que moins connus que ses œuvres éthiques, présentent un système complet pour comprendre la structure de la Création et la nature des émanations divines que l’on appelle Séphirot. Ces textes, dont Klach Pitchei Chokhmah (Les 138 Portes de la Sagesse), offrent une exploration détaillée et systématique de la Kabbale, de la métaphysique, et de l’implication d’Hachem dans la Création, avec l’objectif d’harmoniser tradition mystique, pensée rationnelle et vie éthique.

L’étendue du savoir du Ramhal — de la mystique à la philosophie, de l’éthique au théâtre — témoigne de son génie polyvalent et de son attrait durable. Sa capacité à naviguer entre divers genres et disciplines, tout en cherchant à élever la condition spirituelle et morale de ses contemporains, rend son œuvre toujours aussi pertinente aujourd’hui qu’au XVIIIe siècle.

Un autre ouvrage majeur de cette période est Da’at Tevunot (« Le Cœur Connaissant »), qui établit un pont entre rationalité et Kabbale. Ses écrits ont été salués par de grands érudits, notamment le Gaon de Vilna, qui exprimait une grande admiration pour Mesilat Yesharim. Malgré les controverses, l’œuvre du Ramhal a continué d’influencer la pensée juive bien après sa mort — et jusqu’à aujourd’hui. Littéralement, chaque Yéchiva et Beit Midrash les possède.

Voici un aperçu de certains concepts kabbalistiques centraux dans les enseignements du Ramhal :

1. Les Séphirot et la Structure Divine

Séphirot :
Le Ramhal a mis l’accent sur le concept des Séphirot, les dix émanations à travers lesquelles l’Infini (Ein Sof) se révèle et crée continuellement les mondes physiques et spirituels. Il encourageait la compréhension de l’interaction dynamique entre ces Séphirot pour saisir le flux divin d’énergie et de conscience.

Émanation divine :
Selon lui, les Séphirot ne sont pas des entités indépendantes, mais les manifestations des attributs d’Hachem — comme la sagesse, la compréhension, la miséricorde. Cela permet de relier la transcendance divine à l’immanence dans les mondes spirituel et matériel.

Tsimtsoum (contraction) :
Il aborda aussi le concept du Tsimtsoum, c’est-à-dire l’auto-réduction de la lumière divine, permettant l’existence d’une réalité apparemment indépendante hors de l’essence divine.

2. Le But de la Création et le Rôle de l’Homme

Libre arbitre et Tikkoun Olam (réparation du monde) :
Le cœur de l’enseignement du Ramhal est que le but de la création est une expression ultime de la bonté divine. Il insiste sur le rôle actif de l’être humain, doté du libre arbitre, dans le processus de Tikkoun Olam — ramener le monde à un état corrigé et plus parfait.

Ascension spirituelle :
Le Ramhal décrit la vie comme un parcours d’ascension spirituelle, où l’individu, par la conduite éthique et la pratique spirituelle, gravit l’« échelle » des émanations divines pour se rapprocher d’Hachem.

Ère messianique :
Ses écrits évoquent fréquemment la fin des temps et la venue du Messie. Il décrit cette époque comme un temps d’illumination universelle, où la Présence de Dieu sera pleinement révélée et connue.

3. Transformation Personnelle

Vie éthique :
Contrairement à certains kabbalistes focalisés exclusivement sur le mystique, le Ramhal soulignait l’importance d’une conduite éthique et d’une croissance spirituelle personnelle, les considérant comme essentielles dans le cheminement mystique.

Intégration de la mystique et de la Halakha (loi juive) :
Il plaidait pour une synthèse entre la Kabbale et la pratique religieuse concrète, affirmant que la véritable compréhension spirituelle se manifeste dans l’observance quotidienne de la loi juive.

Ainsi, la Kabbale du Ramhal ne se limite pas à des idées abstraites, mais elle propose un modèle structuré et applicable pour vivre une vie pleine de sens, enracinée à la fois dans le mysticisme, la raison, l’éthique, et la loi juive.

L’œuvre maîtresse : Mesilat Yesharim
Mesilat Yesharim (Le Sentier des Justes) est une œuvre fondamentale de la littérature éthique juive, écrite par Rabbi Moshe Hayyim Luzzatto, également connu sous le nom de Ramhal. Ce livre est considéré comme un chef-d’œuvre de la philosophie morale juive et est étudié dans de nombreux cadres d’apprentissage juif.

Vue d’ensemble

Objectif :
Ce livre est conçu comme un guide pour atteindre la perfection spirituelle, en mettant l’accent sur le développement des traits de caractère et la conduite éthique, dans le but d’atteindre une véritable sainteté.

Structure :
Mesilat Yesharim est organisé comme un guide progressif, en étapes successives, chacune représentant un niveau de raffinement éthique et spirituel.

Thèmes clés de Mesilat Yesharim

1. Le devoir de l’homme dans le monde
Le chapitre d’ouverture traite du but de la vie et de l’importance de servir Dieu avec joie et enthousiasme.

2. La vigilance (zehirut)
Cette section met l’accent sur la conscience de ses actions et pensées, en prônant une surveillance constante de son comportement.

3. L’empressement (zerizut)
Le Ramhal insiste sur l’importance de l’enthousiasme et de la promptitude dans l’accomplissement des mitsvot et des bonnes actions.

4. La propreté morale (nekhiout)
Cette étape concerne l’évitement du péché et de l’impureté morale, en se concentrant sur la purification des actes.

5. La séparation (perishut)
L’objectif ici est de se détacher des plaisirs matériels superflus pour atteindre des objectifs spirituels.

6. La pureté (taharah)
Ce niveau porte sur la pureté des intentions : agir uniquement pour servir Dieu.

7. La piété (chasidout)
La piété est décrite comme aller au-delà de la lettre de la loi dans la dévotion et la pratique religieuse.

8. L’humilité (anavah)
L’humilité consiste à reconnaître son insignifiance face à Dieu et à éviter l’arrogance.

9. La crainte du péché (yirat chet)
Cette étape insiste sur l’importance de la prudence face à la transgression, en comprenant ses conséquences.

10. La sainteté (kedushah)
Le stade final consiste à atteindre un haut niveau de sainteté et de proximité avec Hachem, marqué par une profonde transformation intérieure et une connexion spirituelle élevée.

Conclusion

Le Ramhal, Rabbi Moshe Hayyim Luzzatto, occupe une place unique dans l’histoire juive, en fusionnant le spirituel avec le concret. Sa vie et son œuvre sont un phare pour ceux qui cherchent à vivre avec sagesse et intégrité. Malgré les controverses qu’il a traversées, son message a non seulement survécu, mais s’est renforcé avec le temps.

C’est ainsi qu’on reconnaît un véritable tsadik : son influence croît après sa disparition.

Face aux complexités du monde moderne, les enseignements du Ramhal offrent une orientation qui dépasse les limites de la tradition juive et parlent à quiconque cherche à vivre une vie de sens, d’éthique et de connexion au divin.

Je me permets de dire que ses écrits sont aujourd’hui plus importants que jamais.
Que son mérite nous protège et que sa mémoire soit une bénédiction.

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