La signification extraordinaire des Téfilines dans la pratique et la mystique juives

 


La signification extraordinaire des Téfilines dans la pratique et la mystique juives
La Mitsva des Téfilines — l’un pour la tête et l’autre pour le bras — fait partie des plus chères aux hommes juifs.

Aussi appelés phylactères, ce sont essentiellement de petites boîtes noires en cuir contenant des parchemins de la Torah, portées pendant la prière du matin en semaine, fixées par des lanières de cuir.

Depuis des milliers d’années, cette mitsva est un pilier de la pratique juive, symbolisant l’union du cœur et de l’esprit dans la dévotion à Hachem. Même les hommes non pratiquants font l’effort de mettre les Téfilines et de réciter le Shema afin d’accomplir cette mitsva. Mais au-delà des obligations halakhiques (légales juives), les Téfilines recèlent de profondes couches de secrets kabbalistiques.

La plupart des hommes utilisent seulement les Téfilines de Rachi, qui font descendre les Mokhin de Bina. D’autres ajoutent aussi les Téfilines de Rabbénou Tam, qui font descendre les Mokhin de Hokhmah. Certains portent les deux en même temps (si elles sont suffisamment petites pour tenir sur la tête), et ces deux sortes de Téfilines relèvent du système général de Yisrael Saba et Tevouna dans le Partzouf des Mitsvot.

Une paire de Téfilines moins connue appelée Shimusha Rabbah est utilisée par quelques hommes pendant Min’ha ; elles font descendre aussi les Mokhin de Keter. Dans les trois cas, il s’agit essentiellement de faire revenir la Reshimo (empreinte résiduelle) des Mokhin du Partzouf de la veille, qui sont partis à la tombée de la nuit.

C’est une coutume connue du Ben Ish ‘Haï d’étudier avec les Téfilines après Sha’harit. Rabbi Yehouda Fetaya ajoute que cela aide une personne à faire descendre une portion de son Roua’h, ce qui témoigne de leur pouvoir à rectifier l’individu.

1. Le commandement des Téfilines : Origines et aperçu halakhique
Commençons par les bases : la Mitsva des Téfilines trouve son origine dans la Torah, précisément dans quatre passages clés qui sont inscrits à l’intérieur des boîtiers :
Chémot 13:1–10, Chémot 13:11–16, Devarim 6:4–9 (le Shema), et Devarim 11:13–21 (le Vehaya). Ces textes soulignent l’importance du souvenir et du dévouement envers Hachem, résumés par cet appel :
« Tu les attacheras comme un signe sur ta main, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux » (Devarim 6:8).

Détails halakhiques essentiels :

Quand et comment ils sont portés :
Les Téfilines sont portés par les hommes juifs, en général dès l’âge de la Bar Mitsva (13 ans), bien que beaucoup commencent plus tôt à titre de Chinoukh (éducation) à la Mitsva. Ils sont mis pendant les prières du matin en semaine. On ne les porte pas durant Chabbat et les fêtes majeures du calendrier juif, en raison de la sainteté intrinsèque de ces jours, qui sont eux-mêmes appelés Ot (un signe), tout comme les Téfilines. Puisqu’il y a déjà un signe pour le jour, nous n’avons pas besoin d’un autre signe sur le bras et la tête.

Placement physique :
Le Téfiline Shel Yad (du bras) est attaché sur le haut du bras, face au cœur, tandis que le Téfiline Shel Roch (de la tête) est placé au-dessus du front, aligné avec le cerveau. Cette disposition symbolise l’harmonisation des émotions (le cœur) et de l’intellect (l’esprit) avec le service divin.

Exigences matérielles :
Selon les sources talmudiques (Mena’hot 42b) et le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 32), les Téfilines doivent être fabriqués à partir de la peau d’animaux cachères, et les parchemins doivent être rédigés par un sofer (scribe) qualifié, suivant des directives strictes de Kedoucha (sainteté).

Comme toutes les Halakhot, celles des Téfilines ne sont pas de simples règles techniques, mais sont enracinées dans la sagesse de la Kabbale.

2. Composants des Téfilines : construction et symbolisme
La construction des Téfilines est complexe et chaque élément renferme de profonds symboles :

Téfiline Shel Yad et Shel Roch :
Le Téfiline du bras (Shel Yad) est enroulé autour du bras sept fois, face au cœur, symbolisant la dévotion des forces et des émotions à Dieu, ainsi que les 7 Heikhalot (palais célestes) : Livnat HaSapir (pierres de saphir – Malkhout et Yessod), Etzem HaShamayim (essence du ciel – Hod), Noga (brillance – Netsa’h), Ratzon (désir – Tiféret), Zekhout (mérite – Guevoura) et Ahava (amour – ‘Hessed).
Le Téfiline de la tête (Shel Roch) comporte quatre compartiments, chacun contenant un des quatre passages de la Torah, symbolisant non seulement la compartimentation des pensées dans une dévotion concentrée, mais aussi les quatre Mokhin : Hokhmah, Bina, les ‘Hassadim de Da’at et les Guevouroth de Da’at. Ces Mokhin sont séparés dans la tête mais réunis dans le bras, qui ne contient qu’un seul compartiment.

Les parchemins à l’intérieur :
Les parchemins manuscrits sont sans doute la partie la plus sacrée des Téfilines. Ils contiennent les quatre passages de la Torah qui résument l’essence de la foi et de la pratique juive. Le Michné Torah (Téfilines 1:1) et le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 32:19) décrivent en détail la calligraphie et la disposition précises requises pour ces textes.
Nous aborderons, espérons-le, la calligraphie du Nom divin YHVH dans un autre article.

Représentation symbolique :
La conception des Téfilines reflète l’intégration de divers aspects des facultés humaines :

  • Esprit, cœur et action : Porter les Téfilines symbolise l’engagement à aligner pensées (esprit), émotions (cœur) et actions avec la volonté divine. Cette triple connexion reflète le principe kabbalistique fondamental d’équilibre entre les trois piliers : Hokhmah (sagesse), Bina (compréhension) et Da’at (connaissance).

  • Unité de la connexion divine : La division entre les compartiments du Shel Roch et la nature unitaire du Shel Yad représente à la fois l’unité de Dieu et la nature multifacette de la lumière divine dans le monde. Le Zohar (Volume 2, 43b) explique que les Téfilines servent de pont entre les sphères spirituelles et physiques, insufflant à celui qui les porte une influence divine subtile mais puissante.

3. Signification kabbalistique des Téfilines, des nœuds et des lanières
Comme nous l’avons vu, les Téfilines ne sont pas de simples « objets rituels » ; ils sont considérés comme des canaux par lesquels l’énergie divine descend dans le monde physique. Selon le Zohar (Volume 3, 250b), le fait de mettre les Téfilines aligne l’homme avec les mondes spirituels supérieurs, créant un lien direct entre l’individu et des sphères plus élevées de conscience. L’homme devient ainsi un canal de cette lumière ici-bas.

Cet acte incarne le principe de se « lier » à Dieu — une idée reflétée dans le mot Téfiline, qui vient de la racine tefillah (prière) et pelilah (jugement), soulignant l’introspection et l’alignement spirituel. (À noter : ce concept a été corrompu par des sorciers et prêtres d’autres traditions cherchant à s’aligner non avec le divin mais avec des entités impures.)

Dans le Zohar (Volume 2, 44a), on apprend aussi les qualités protectrices des Téfilines : lorsqu’ils sont portés avec kavanah (intention juste), une lumière spirituelle entoure l’individu, le protégeant des influences négatives. Cette lumière est liée à l’attribut divin de Keter (la Couronne), représentant le lien le plus élevé avec la volonté divine.
En effet, un homme qui a la capacité de mettre les Téfilines mais qui ne le fait pas en récitant Shema Yisrael est considéré comme un menteur, car il manque un élément essentiel d’unité.

Les nœuds et les lanières :
Selon l’Arizal, le nœud du Shel Yad forme la lettre hébraïque Youd, celui du Shel Roch forme la lettre Dalet, et la lanière enroulée sur le bras forme la lettre Shin. Ensemble, ces trois lettres forment le Nom divin Shaddaï (שדי), associé à la protection et à la puissance divine.

La manière dont les lanières sont enroulées autour du bras et de la main est liée au Nom divin Havaya (le Tétragramme), symbolisant la liaison des actions humaines à la volonté divine. Selon Rabbi ‘Haïm Vital dans Sha’ar HaKavanot, les sept tours autour du bras sont également associées aux sept Sephirot inférieures (de ‘Hessed à Malkhout), représentant la manière dont les attributs divins se manifestent dans le corps et les actions humaines.

5. Pratiques méditatives et Kavanot en portant les Téfilines
Porter les Téfilines n’est pas un simple acte physique, mais une invitation à une méditation spirituelle profonde. Beaucoup de Tannaïm ne sortaient pas sans eux, car ils les considéraient comme de puissants instruments de canalisation énergétique. L’Arizal insistait sur le fait que se concentrer sur les Kavanot (intentions spirituelles) en mettant les Téfilines peut en amplifier l’effet mystique et transformer l’état de conscience du porteur. C’est d’ailleurs pourquoi il est interdit d’en détourner l’attention pendant leur port.

Voici quelques méditations kabbalistiques simples :

  • Contempler la lumière divine : Une pratique courante consiste à visualiser une lumière divine descendant de l’Ein Sof (la source infinie) dans les Téfilines, puis se diffusant dans le corps. Cette méditation est fondée sur le Séfer HaBahir (verset 53), qui décrit comment la lumière divine interagit avec la conscience humaine.

  • Se concentrer sur les Noms divins : Il est recommandé de penser à des Noms divins spécifiques lors de l’enroulement des lanières, comme Shaddaï pour la protection ou Havaya pour l’unité divine. Le Sha’aré Orah (Les Portes de la Lumière) de Rabbi Yossef Gikatilla enseigne que cette pratique permet d’accorder l’âme aux Sephirot et aux émanations divines.

  • Intégration de l’esprit et du cœur : Méditer sur la connexion entre le Téfiline du bras (proche du cœur) et celui de la tête (sur le cerveau) permet d’aligner l’intellect et les émotions pour un service harmonieux de Dieu. Cela reflète le concept du Tanya (chapitre 41), où Rabbi Chnéour Zalman de Liadi explique comment les Téfilines servent d’outil pour atteindre un état de bitoul (annulation de soi) devant Dieu.

Kavanah avancée pour les Téfilines
Ce Yihoud ci-dessous est à avoir à l’esprit avant de réciter la bénédiction, et il sert aussi à rectifier toutes les fois où un homme aurait manqué de mettre les Téfilines. Même si l’on n’a jamais manqué un jour dans cette vie, nos réincarnations passées peuvent l’avoir fait — il est donc toujours bénéfique d’en faire l’intention (au-delà de la valeur de l’unification elle-même).

Une fois la brakha récitée, on devrait également méditer sur les Noms divins qui forment le mot Téfiline, comme indiqué ci-dessous : ( )

Enfin, les lanières, qui représentent Netsa’h et Hod, ont une guématria de 371, soit 370 + le kollel du mot, et cela est lié à la lumière de Arikh Anpin qui est attirée vers le bas pour unifier les Partzoufim de Zeïr Anpin et Nouqva de Atsilout à travers le Roua’h D’Hayey.

En résumé, les Mitsvot des Téfilines renferment d’innombrables secrets sublimes, et jusqu’ici nous n’avons fait qu’effleurer la surface. J’espère sincèrement que les hommes développeront une meilleure appréciation de cette Mitsva à travers cet article.

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