Le Mystère Incroyable Autour des Pièces de Bar Kochba de l’Époque du Second Temple
Le Mystère Incroyable Autour des Pièces de Bar Kochba de l’Époque du Second Temple
Deux fois dans l’histoire juive, des tyrans ont tenté d’abolir l’observance de la Torah, et les Juifs se sont révoltés. La première fut la révolte de Matityahou et de ses fils ; la seconde, la grande révolte de Bar Kochba.
Pourquoi l’une a-t-elle abouti à une victoire éclatante tandis que l’autre s’est terminée en désastre ?
Quels facteurs les différenciaient, menant à des issues si opposées ?
Et comment la révolte de Bar Kochba, après un début spectaculaire, a-t-elle sombré dans une dévastation peut-être plus tragique encore que la destruction du Temple ?
Prenons un détour hors de la Kabbale pour explorer un peu d’histoire. Après tout, l’histoire est un reflet de ce qui se passe dans les mondes spirituels, et nous pouvons tous en tirer des leçons pour notre Avodat Hachem.
Il n’existe pas de réponse unique, et il est difficile d’attribuer une conséquence à une cause unique. Néanmoins, de nombreux enseignements émergent de cette période.
Le Règne de Bar Kochba
La révolte de Bar Kochba éclata en réaction à l’empereur Hadrien qui érigea une idole à Jérusalem et interdit la circoncision, l’étude de la Torah et l’observance du Shabbat.
Le célèbre Histoire Romaine du sénateur Cassius Dion, écrit un siècle plus tard, rapporte :
« À Jérusalem, Hadrien établit une nouvelle ville sur les ruines de l’ancienne, qu’il nomma Aelia Capitolina. Il érigea un temple dédié à Jupiter sur le site de l’ancien Temple. Cela déclencha un conflit intense, car les Juifs ne supportaient pas que des cultes étrangers prennent racine dans leur ville. »
Les Juifs, d’abord discrets, fabriquaient volontairement des armes de mauvaise qualité destinées aux Romains, espérant les détourner pour leur propre usage. Mais lorsque Hadrien s’éloigna, ils se révoltèrent ouvertement.
Selon Dion, les Juifs évitaient les batailles frontales, préférant la guerre de guérilla : fortifications, tunnels, stratégies rurales. Rapidement, la révolte se généralisa en Judée.
La résistance juive remporta de grandes victoires, jusqu’à reprendre Jérusalem vers l’an 132 (3892 du calendrier hébraïque). Marquant leur autonomie retrouvée, ils frappèrent leur propre monnaie pendant deux ans et demi. Les pièces des deux premières années portent l’inscription « 1re/2e année de la rédemption d’Israël (ou de Jérusalem) », celles de la troisième : « pour la liberté de Jérusalem ».
Ces pièces, abondantes aujourd’hui, étaient des monnaies romaines regravées. Elles affichent des symboles du Temple : Saint des Saints, instruments comme lyres, trompettes, ustensiles d’huile, palmiers à sept branches (symbole probable de la Menorah), ou les arba minim de Souccot.
Bar Kochba : Messie ou imposteur ?
Le Talmud de Jérusalem (Taanit 4:5) relate un débat sur la prétention messianique de Bar Kochba. Rabbi Shimon bar Yohaï rapporte les propos de Rabbi Akiva :
« Une étoile sortira de Yaakov » — Koziva (jeu de mots avec Bar Kochba) sortira de Yaakov. Chaque fois qu’il le voyait, Rabbi Akiva disait : « C’est le roi Messie ! »
Mais Rabbi Yo’hanan ben Torsa répliquait :
« Que de l’herbe pousse sur tes joues, mais que le fils de David ne vienne pas ! »
Lorsque Rome intensifia sa riposte, Bar Kochba perdit du terrain. À l’apogée de sa puissance, Rome envoya ses meilleurs généraux, dont Julius Severus, gouverneur de Bretagne. Ce dernier évita les affrontements directs, préférant l’encerclement, l’usure, et la famine. Il réussit ainsi à anéantir progressivement la résistance.
Pourquoi Bar Kochba fut-il vaincu ?
Malgré la supériorité militaire romaine, une victoire juive restait possible si Hachem avait été avec eux, comme lors de la victoire des Maccabées. Pourquoi ce soutien divin fit-il défaut ?
Nos Sages avancent deux explications.
Dans ses Lois des Rois, le Rambam écrit :
« Ne pense pas que le Messie doive accomplir des miracles… Rabbi Akiva soutenait Bar Kochba et ne lui demanda aucun signe. »
Mais dans la Halakha 4, le Rambam énumère des critères stricts pour reconnaître le Messie — que Bar Kochba n’a pas remplis.
Le Raavad objecte en citant le Talmud (Sanhedrin 93b) :
« Bar Kochba régna deux ans et demi. Il se prétendait Messie. Les sages exigèrent qu’il prouve qu’il pouvait juger par la crainte de Dieu. Il échoua. Ils le firent exécuter. »
Le Kesef Mishné cite un Midrash (Eikha Rabbati 2) avec une autre version :
Durant le siège de Beitar par Hadrien (3 ans et demi), Rabbi Elazar Hamodaï pria sans relâche. Finalement, Hadrien recula. Mais Bar Kochba, trompé par un délateur, fit exécuter Rabbi Elazar. Ce péché entraîna la chute de Beitar et sa propre mort.
Quel fut ce péché ?
Le Midrash rapporte leur déclaration présomptueuse :
« Hachem n’a pas besoin de nous aider tant qu’Il ne nous nuit pas. »
Cette autosuffisance orgueilleuse, selon nos Sages, causa leur perte.
Le contraste avec les Maccabées
Ainsi, la défaite de Bar Kochba serait due soit à sa fausse prétention messianique, soit à l’arrogance de ses troupes qui crurent pouvoir vaincre sans aide divine. Ce contraste est souligné dans la prière Al Hanissim de ‘Hanouka, qui insiste sur le rôle de Hachem dans la victoire, illustrant la différence spirituelle fondamentale entre les deux révoltes.
Conséquences dévastatrices
Cassius Dio décrit un désastre total :
« Très peu survécurent ; cinquante places fortes et 985 villages furent rasés. 580 000 Juifs périrent par la guerre, la famine, la maladie et le feu. La Judée devint un désert, comme l’avait prophétisé l’effondrement du tombeau de Salomon, suivi de l’invasion de loups et de hyènes. »
Le Doros Harishonim écrit que la vraie tragédie ne fut pas la destruction du Temple, mais l’anéantissement complet de la Judée. Ce drame força les Sages à se réfugier en Galilée pour échapper aux persécutions.
Même Cassius Dio admet des pertes romaines massives. Hadrien, dans sa lettre au Sénat, omet les salutations traditionnelles, preuve du prix élevé payé par Rome.
Une Ironie Historique
La persécution qui suivit sous le règne d’Hadrien se poursuivit jusqu’à sa mort. Ironie du sort : elle cessa précisément à son décès, avec l’ascension inattendue d’un nouvel empereur au regard bien différent sur le peuple juif. Cassius Dion rapporte un moment clé, peu avant la mort d’Hadrien en 138 (3898), lorsqu’il convoqua les sénateurs romains pour désigner son successeur :
« Allongé sur son lit, il leur dit : “La nature m’a refusé le don d’un fils, mais grâce à votre autorité législative, cela fut rendu possible… J’ai choisi mon successeur, Antonin. Bien qu’il paraisse réticent au pouvoir et détaché des affaires du monde, j’ai confiance qu’il assumera la responsabilité qui lui est confiée.” »
Certains historiens suggèrent que cet Antonin serait le même empereur romain qui lia une profonde amitié avec Rabbi Yehouda Hanassi, et qui, selon le Talmud de Jérusalem (Meguila 1), se serait secrètement converti au judaïsme. Toutefois, une contradiction se présente, car les Sages rapportent que la mère d’Antonin aurait échangé son fils avec Rabbi Yehouda Hanassi alors bébé pour sauver ce dernier d’une exécution à la suite d’une circoncision interdite.
Mais puisque Rabbi Yehouda Hanassi naquit le jour de la mort de Rabbi Akiva en 135, et qu’Antonin devint empereur trois ans plus tard, il semble peu probable qu’il fût alors un nourrisson. Il est donc plus plausible que l’ami de Rabbi Yehouda Hanassi fût en réalité le successeur d’Antonin le Pieux : le célèbre empereur philosophe Marc Aurèle (Marcus Aurelius Antoninus).
Cela ajoute une autre ironie historique : Hadrien, en désignant Antonin le Pieux comme successeur, exigea que celui-ci adopte officiellement Marc Aurèle. Ainsi, de manière indirecte, Hadrien permit — après sa propre mort — une période d’accalmie pour le peuple juif, offrant à Rabbi Yehouda Hanassi l’opportunité de compiler la Torah orale.
Comme le souligne le Doros Harishonim :
« Seule une nation éternelle, dont l’essence est la Torah, imbriquée dans son être profond, peut traverser de telles épreuves, se relever des abîmes, et renaître — jusqu’à redevenir une lumière parmi les nations. »
Leçons Kabbalistiques
En étudiant le récit complexe de la révolte de Bar Kochba et de ses conséquences, on ne peut que percevoir la main de la Providence divine. Si nous avons un Tikkoun à accomplir, nous ne devons jamais oublier que c’est Hachem qui est derrière toute chose. L’ascension et la chute des espoirs de Bar Kochba, les fluctuations du destin du peuple juif, et l’émergence ultérieure d’un souverain plus favorable portent la marque d’un dessein bien plus vaste que ce que nous percevons à première vue.
C’est seulement en prenant du recul que l’on peut réellement comprendre, tout comme en Kabbale : il faut d’abord observer toutes les parties pour saisir l’ensemble.
Le Zohar enseigne le lien éternel entre le peuple juif et la Torah, décrivant celle-ci comme la sève vitale qui le soutient et le ravive tout au long de son histoire tourmentée. Malgré la destruction causée par la révolte de Bar Kochba, la renaissance spirituelle qui s’ensuivit, notamment par l’émergence des Sages du Talmud, révèle une vérité profonde : même dans les ténèbres les plus profondes, la lumière divine présente dans l’âme d’Israël ne s’éteint jamais.
Puissions-nous mériter de préserver cette tradition qui a traversé les épreuves de l’Histoire, recevoir la protection et la guidance d’Hachem, et voir la construction du Troisième Temple de notre vivant, amen.

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