Le pouvoir caché des Mizmorim quotidiens pendant Cha’harit

 


Le pouvoir caché des Mizmorim quotidiens pendant Cha’harit

Beaucoup passent à côté de la profondeur des Mizmorim quotidiens récités durant la prière du matin, notamment Mizmor LeToda et Yehi Kavod.

Ces Psaumes (145 à 150) ne sont pas de simples ajouts poétiques, mais reposent sur des fondements halakhiques et spirituels qui nous relient directement au service divin. D’après le Zohar, l’Arizal enseigne que ces Mizmorim permettent d’élever les étincelles de sainteté propres à chaque jour à travers les chambres du monde de Yetsira.

Voici leur répartition :

  • Mizmor 145 (Achré) – Pas encore d’élévation (peut-être une préparation ?)

  • Mizmor 146Heikhal Malkhout

  • Mizmor 147Heikhal Yessod jusqu’au verset « לֹא בִּגְבוּרַת הַסּוּס… », puis jusqu’à la fin, Heikhal Nétsah et Hod

  • Mizmor 148Heikhal Tiféret, sauf le dernier verset, qui est Heikhal Gvoura

  • Mizmor 149Heikhal ‘Hessed

  • Mizmor 150Heikhal Kéter, ‘Hokhma, Bina et Da’at

Le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 51:9) tranche explicitement que Mizmor LeToda doit être récité avec joie et mélodie, en accord avec l’esprit de gratitude qu’il exprime. Le chant possède un pouvoir immense pour élever la prière.

Le Korban Toda, auquel ce Psaume fait écho, était offert au Temple par celui qui avait été sauvé d’un danger ou avait vu un acte clair de bonté divine (cf. Vayikra 7:12, Berakhot 54b). Ce sacrifice comprenait quarante pains et devait être consommé en un seul jour, symbolisant une reconnaissance débordante envers Hachem.

La leçon est claire : si nous réalisions réellement le privilège de servir Hachem, nous réciterions Mizmor LeToda avec la joie de Yossef HaTsadik, qui resta spirituellement vivant même en exil, dansant chaque jour (un Midrash raconte qu’il dansait dans les rues d’Égypte).

Cette expression sincère de remerciement n’est pas seulement source d’élévation émotionnelle ; elle contribue aussi à retirer les blocages spirituels et à adoucir les jugements, comme l’enseignent de nombreux Mekoubalim.


Le pouvoir transformateur des Mizmorim récités avec une gratitude joyeuse

Le Baal Chem Tov enseignait que servir Hachem avec joie n’est pas simplement un état émotionnel, mais un impératif spirituel. Dans Tzava’at HaRivash (§111), on apprend que par la joie, on peut s’attacher à Hachem, accomplissant le verset : « Aimer Hachem, ton Dieu, marcher dans toutes Ses voies, et t’attacher à Lui » (Devarim 11:22). Cet attachement se réalise en élevant notre fréquence intérieure, et la joie en est un élément clé dans cette imitation spirituelle.

Le Midrash (Vayikra Rabbah 9:7) enseigne que dans le futur, tous les sacrifices seront abolis, sauf le Korban Todah (l’offrande de remerciement). Cela reflète la pertinence éternelle de la gratitude dans notre relation avec Hachem. Certes, Hachem ne nous doit rien, même si nous comptons sur Sa miséricorde pour tout — mais cela sera le sujet d’un autre article.

En continuant à réciter les Mizmorim de Cha’harit, nous entretenons un lien intemporel avec cette forme de service divin. Cela nous rappelle quotidiennement l’importance de reconnaître et d’apprécier la bonté constante que nous accorde le Créateur.

La puissance durable de la gratitude

Le Midrash Vayikra Rabbah (9:7) enseigne que dans le futur, toutes les offrandes seront annulées, sauf le Korban Todah, qui ne disparaîtra jamais. La gratitude est éternelle. Comme l’enseignent nos Sages dans Berakhot, nos prières remplacent aujourd’hui les sacrifices. Dire Mizmor LeToda avec intention est comparable à offrir un Korban Todah : cela active des canaux d’abondance et de protection. Il en va de même pour tous les Mizmorim.

La structure des Mizmorim eux-mêmes indique l’importance centrale de ce psaume. De Achré (Psaume 145) aux cinq derniers psaumes Hallelou-kah (146–150), la séquence forme une montée spirituelle unifiée. Mizmor LeToda (Psaume 100) précède cette série finale : il agit comme une porte d’entrée vers l’élévation. En termes kabbalistiques, c’est le récipient qui canalise le flux divin éveillé par Baroukh Chéamar, enraciné dans les Treize attributs de miséricorde, au moment où l’on commence l’élévation à travers le monde de Yetsira.

Lorsque nous récitons Mizmor LeToda, nous ne remercions pas seulement pour les bénédictions évidentes, mais aussi pour celles qui sont cachées. Cette pratique cultive un esprit de gratitude constante, renforçant notre lien avec Hachem et notre conscience spirituelle.

La méditation de la Ménorah : Lamenatséa’h

Dans de nombreux Sidourim, le Psaume 67 (Lamenatséa’h) est imprimé en forme de Ménorah. Cette tradition vient de l’Arizal, qui enseignait que cette disposition contient une puissante énergie spirituelle. Le verset central (« Yodoucha amim Elokim… ») représente la branche centrale de la Ménorah, tandis que les autres versets forment les branches latérales.

Bien que certaines versions commencent par la droite (selon l’ordre habituel de l’hébreu), la tradition selon l’Arizal (Cha’ar HaKavanot, Derouché HaTefila) place le premier verset à gauche. Cet ordre reflète une symétrie spirituelle profonde, et non un simple agencement esthétique. Les Roché Téivot (initiales) et Sofé Téivot (lettres finales) des versets forment divers Noms Divins destinés à la méditation et à la kavanah.

Même si ton Sidour ne présente pas ce psaume sous forme de Ménorah, tu peux l’imaginer mentalement. Cette visualisation n’est pas purement symbolique ; elle agit comme un réceptacle pour attirer la Lumière et harmoniser les sept sefirot inférieures, tout comme la Ménorah du Temple représentait cette harmonie. Tu peux aussi annoter dans les pages des Mizmorim les Heikhalot (chambres célestes) selon la liste indiquée plus haut.


Adoucir les jugements par la prière et les actes

Nous avons appris dans de nombreux autres articles que les difficultés de la vie trouvent souvent leur origine dans des jugements spirituels.

La réparation de notre âme collective durant les 6000 années de la Création consiste à corriger les dommages causés par la faute d’Adam, qui introduisit dureté et dissimulation dans le monde (voir Etz ‘Haïm, Sha’ar Adam Kadmon). Chaque personne doit œuvrer à adoucir ces jugements, non seulement par la souffrance, mais en utilisant des outils spirituels spécifiques.

Un exemple frappant est le Maror consommé durant le Séder de Pessa’h. L’Ari zal (Pri Etz ‘Haïm, Sha’ar Pessa’h) explique que Maror a la même guematria que mavet (mort). En le mangeant avec kavanah et en le trempant dans le ’Haroset doux, on transforme symboliquement l’amertume en douceur. Ce geste n’est pas qu’un symbole : c’est une pratique spirituelle profonde pour convertir le jugement en miséricorde.

Le chant, la danse et les applaudissements accomplissent la même chose, comme l’a enseigné Rabbi Na’hman à de nombreuses reprises. Ces pratiques sont vivement recommandées lorsqu’une personne est confrontée à des épreuves (’has véchalom).

Le Pidyon et la puissance de la Tsedaka

Une autre méthode pour adoucir les décrets est le Pidyon Nefesh ou Pidyon Kaparot — une forme de rédemption spirituelle dans laquelle de l’argent est donné à la tsedaka pour détourner un mal potentiel. Le Zohar relie le dam (sang) au mammon (argent), les deux représentant la force vitale. En donnant de l’argent à la place du sang, on suscite la miséricorde divine et on accomplit le décret de “verser le sang”, de manière symbolique et douce.

Nos Sages enseignent dans Bava Kama 119a que voler de l’argent équivaut à voler la vie d’une personne. Cela renforce l’idée que l’argent représente l’effort, le temps et l’essence d’un individu. Donner la tsedaka, particulièrement dans des moments de tension ou de danger, peut détourner des décrets sévères et apporter une grande guérison.

Vous pouvez en apprendre davantage sur le Pidyon HaNefesh et le pouvoir de la Tsedaka ici.

Conclusion : Cultiver une pratique quotidienne de conscience joyeuse

Dans cet article, nous avons vu différentes formes d’adoucissement des jugements. Idéalement, on devrait commencer à Hatsot Halayla (minuit), ou au minimum prier Cha’harit avec kavanah, en particulier pendant les Mizmorim.

Que ce soit par Mizmor LeToda, en visualisant la Ménorah dans Lamenatséa’h, ou en donnant la tsedaka avec intention, nos pratiques quotidiennes possèdent un puissant potentiel de transformation et de bénédictions. Elles sont toutes enracinées dans la joie de l’accomplissement des Mitsvot et de la prière.

La gratitude et l’intention nous alignent avec le flux divin de la Lumière et préparent le monde à la rédemption. Ne laissons pas passer ces moments sans y prêter attention.

Engageons-nous avec eux, réjouissons-nous en eux, et utilisons-les pour reconstruire notre sanctuaire intérieur.

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