Les mystères sublimes de Chavouot – Comment mériter les couronnes de bénédictions

 






Les mystères sublimes de Chavouot – Comment mériter les couronnes de bénédictions

Nous sommes déjà bien avancés dans la période du Séfirat HaOmer, ce qui signifie qu’il est temps de se préparer à la sainte fête de Chavouot.

Chavouot, connue comme la fête du don de la Torah, est souvent perçue comme l’une des fêtes les plus simples à préparer, mais l’une des plus exigeantes à accomplir du point de vue kabbalistique.

Rabbenou Ba’hya, un grand kabbaliste à part entière, établit une distinction entre les fêtes sur la base d’un verset de la Torah :
« כִּי קָרוֹב אֵלֶיךָ הַדָּבָר מְאֹד בְּפִיךָ וּבִלְבָבְךָ לַעֲשֹׂתוֹ »
« Car cette chose est très proche de toi, dans ta bouche (Pessa’h) et dans ton cœur (Chavouot), pour la mettre en pratique (Souccot). »

À Pessa’h, nous utilisons notre bouche pour raconter la Haggadah, tandis qu’à Souccot, nous accomplissons des actes concrets comme la construction de la Soucca et l’agitation des quatre espèces.

Mais à Chavouot, l’accent est mis sur la méditation du cœur.


La Séphira de Kéter

Kéter, souvent traduit par « couronne », symbolise le sommet de toute élévation spirituelle — un domaine de compassion pure et de lumière infinie. Il est considéré comme la source de la sagesse divine (‘Hokhmah), qui descend à travers les Séphirot pour se manifester dans le monde physique. À Chavouot, le travail spirituel accompli durant la période du ‘Omer culmine en une révélation comparable à l’illumination divine de Kéter, offrant une opportunité spirituelle inégalée.

Nos sages enseignent qu’au mont Sinaï, le peuple d’Israël perçut Hachem comme un « sage ancien ». Cette vision fait allusion à la révélation liée à la Séphira de Kéter (ou au Partsouf de Arikh Anpin).

Recevoir la Torah à Chavouot est comparé au couronnement du peuple juif. Tout comme Kéter incarne la volonté divine qui transcende l’intellect, la Torah établit un lien avec Hachem qui dépasse la sagesse humaine, représentant la pure volonté divine. La Torah est ainsi une manifestation de la sagesse divine émanant de Kéter.

Kéter est aussi lié au concept de bitoul (annulation de soi), c’est-à-dire la mise de côté de l’ego personnel afin de s’aligner sur la volonté divine. À Chavouot, l’essence de Kéter appelle à l’humilité et à l’ouverture, et cela se reflète dans la disposition du peuple à accepter la Torah en déclarant : « Na’assé véNishma » (nous ferons et nous écouterons), incarnant ainsi la soumission totale à la volonté divine que Kéter représente.

Ainsi, Chavouot met l’accent sur l’unité du peuple juif, intrinsèquement liée à la notion de Kéter, lorsque nous étions « un seul homme avec un seul cœur ». Cela reflète également l’élévation spirituelle collective vers la lumière divine de Kéter.

C’est un ‘èt ratson (temps de grâce) unique, dans lequel la Séphira de Kéter est déjà reçue dès les premières heures du matin — contrairement aux autres fêtes.


Le Tsadik et les couronnes

De plus, Chavouot entretient un lien puissant avec la figure du Tsadik de la génération.

Le Ari zal enseigne que le parcours allant de Pessa’h à travers le Séfirat HaOmer jusqu’à Chavouot constitue un seul système spirituel, ou Partsouf. Pendant le Séfirat HaOmer, nous réparons les Séphirot de ‘Hokhmah, Bina, Da’at, ‘Hessed, Gvoura, Tiféret et Malkhout, mais Nétsah, Hod et Yessod restent incomplètes.

Ces Séphirot manquantes sont attirées durant Chavouot, lorsque nous accomplissons le Tikkoun.

Selon le Zohar, les deux Tables que Moché rapporta du mont Sinaï symbolisent Nétsah et Hod. Ce point est en effet mystérieux… Qu’en est-il de Yessod ?

La réponse est que Moché Rabbénou (le Tsadik de la génération) représente Yessod, comme il est dit dans Michlé 10:25 :
« וצדיק יסוד עולם » – « Le Tsadik est le fondement du monde. »

Cela montre l’importance d’être connecté au guide spirituel de sa génération, car la Torah constitue la structure spirituelle fondamentale pour toutes les époques.

Vous avez peut-être remarqué l’absence de Kéter, la lumière la plus haute. Et cela parce que Kéter, comme nous l’avons vu, se manifeste comme un don divin à la fin de chaque cycle.

Le Tikkoun de Chavouot

Le Ari zal a institué le Tikkoun de Chavouot comme l’étape finale du parcours spirituel qui commence à Pessa’h et se poursuit à travers le Séfirat HaOmer. Il est traditionnellement accompli par les hommes (puisque les femmes sont également exemptées du Séfirat HaOmer), soulignant leur rôle dans l’introduction de la Torah au sein du foyer.

(En revanche, Yom Kippour élève la Shekhina, intimement liée aux femmes qui n’ont pas fauté avec le veau d’or. Certains expliquent ainsi que les femmes ont un lien plus fort avec Yom Kippour que les hommes.)

Le Tikkoun consiste à réciter des extraits des 24 livres du Tanakh, y compris le rouleau complet de Ruth, pendant environ deux à trois heures, suivi de l’étude de la Kabbale durant toute la nuit.

Vous pouvez trouver le Tikkoun complet avec toutes les kavanot du Ari zal et du Rashash ici.

Au cours de cette nuit redoutable, la Shekhina (Malkhout) reçoit 24 ornements, juste avant son union symbolique avec Zéir Anpin (les six Séphirot de ‘Hessed, Gvoura, Tiféret, Nétsah, Hod et Yessod). Tout au long du Tikkoun, nous complétons le Partsouf en intégrant les Séphirot manquantes : Nétsah, Hod et Yessod.

Rabbi Chimon Bar Yo’haï développe dans le Zohar que ceux qui accomplissent ce Tikkoun sans dormir du tout recevront pas moins de 70 bénédictions de la part d’Hachem, seront inscrits dans le Séfer HaZikhronot (Livre des Souvenirs), et seront appelés « Serviteur de la Reine » (la Shekhina).

Cependant, cette promesse ne s’applique que s’ils restent éveillés pendant tout le Tikkoun.


Rabbi ‘Haïm Vital enseigne également que quiconque ne dort pas du tout durant cette nuit est assuré de ne pas mourir durant le reste de l’année. Cela peut sembler étonnant, car nous savons que de nombreux Tsadikim sont décédés pendant cette période jusqu’à Roch Hachana. La réponse, à mon avis, est que cette promesse concerne la « mita méshouna », c’est-à-dire une mort anormale — lorsqu’une personne décède de manière soudaine ou violente, et non paisiblement dans son lit, comme cela devrait être la norme.

Cela s’ajoute, d’ailleurs, au Tikkoun plus général selon lequel quiconque étudie la Torah pendant toute une nuit rectifie une faute passible de karet (retranchement spirituel).

À titre de remarque complémentaire, le Rashash (Rav Chalom Sharabi) enseigne qu’après ‘Hatsot Layla (minuit halakhique), on peut déjà réciter les Birkot HaShachar (bénédictions du matin), à l’exception, bien sûr, des trois bénédictions sur la Torah, ainsi que Al Netilat Yadayim, Asher Yatsar et Elohai Nétzor (si l’on n’a pas dormi).

Le Ari zal explique qu’à l’approche de l’aube, juste avant de mettre le talit pour prier, les hommes doivent s’immerger au Mikvé pour attirer la Séphira de Kéter dans les dix Séphirot qui en sont encore dépourvues. Puisque nous sommes les « serviteurs de la Reine » (la Shekhina), nous nous immergeons avec elle dans le Mikvé suprême pour faire descendre ces Mokhin (intellects spirituels sublimes) et la purifier pour son union avec Zéir Anpin.

Comme on le sait, la prière de Chaharit, idéalement récitée Vatikin (à l’aube pour aligner l’Amida avec le lever du soleil), est le moment idéal pour prier selon la Kabbale. Tous ces Mokhin que nous faisons descendre proviennent d’Abba ‘Ila’a (le quatrième Partsouf) et Imma ‘Ila’a (le troisième Partsouf). Les Mokhin du cinquième Partsouf n’arrivent qu’avec Moussaf : la Nefesh, Roua’h et Neshama pendant l’Amida silencieuse, et ‘Haya et Yé’hida pendant la répétition par le ‘Hazan.

Puisque tous les Bérourim (épurations spirituelles) ont été réalisés et que tous les Partsoufim sont en place, nous n’avons plus qu’à être mékaven (avoir l’intention mystique) à partir du mot « BeAhava » jusqu’à la fin de l’Amida.

Vous pouvez trouver les prières de Cha’harit et Moussaf avec toutes les kavanot du Ari zal et du Rashash ici.

L’union ultime (Zivoug) entre la Shekhina et Zéir Anpin culmine durant la Kédousha de Moussaf, lorsque nous récitons :
« Chema Israël, Hachem Elokénou, Hachem E’had. »
Il faut s’efforcer de dire ces mots avec la plus grande concentration, car ils représentent le sommet spirituel de toute la fête.

(Extrait du Siddour mentionné ci-dessus)



Mais même cela ne constitue pas la totalité de ce qu’il faut accomplir.

La lumière extérieure

Enfin, le Kiddouch et le repas du matin concluent le Tikkoun, et nous sommes alors libres de nous reposer. Selon la Kabbale, il convient de faire immédiatement le Kiddouch et de consommer du pain (ou des gâteaux) afin de “matérialiser la lumière” que nous avons attirée à travers toute l’étude.

Il est important de se rappeler que nos prières font descendre la lumière intérieure de Chavouot, tandis que le repas festif procure la lumière extérieure, comme c’est le cas pour chaque Chabbat et fête. On consomme des mets lactés la nuit, non seulement parce que la Torah est comparée au lait, mais aussi pour nous aider à rester éveillés — ce qui est d’une importance capitale.

Vous pouvez trouver encore plus d’enseignements sur la nuit de Chavouot dans le Zohar et les sources révélées ici.

Bien que les femmes puissent également accomplir le Tikkoun, elles ne s’immergent pas au Mikvé. Néanmoins, leurs efforts sont évidemment reconnus, et beaucoup d’entre elles prient aussi Vatikin.

Pour respecter la halakha qui exige de manger de la viande pendant les jours de fête, de nombreuses personnes prennent un repas carné dans la journée, afin d’accomplir cette obligation.

Béatsla’ha dans le Tikkoun, et puissions-nous tous mériter de recevoir ces bénédictions extraordinaires !

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