L'œuvre essentielle du Dvekout à travers les Yihoudim – La pleine conscience sacrée dans l’Avodat Hachem

 


L'œuvre essentielle du Dvekout à travers les Yihoudim – La pleine conscience sacrée dans l’Avodat Hachem

Un des critères fondamentaux pour évaluer notre Avodat Hachem (service divin) est de mesurer combien de notre âme nous y investissons. Mais comment peut-on quantifier cela ?
C’est une question à laquelle il n’existe pas de réponse concrète, mais il est possible d’examiner les éléments qui l’entourent.

Tout le monde connaît l’histoire paradigmatique du Juif très pratiquant qui mène une vie religieuse entière sans jamais vraiment accomplir une seule Mitsva correctement. Extérieurement, il est l’image parfaite du Juif exemplaire : il connaît toutes les prières par cœur, suit le Choul’han Aroukh à la lettre. Mais intérieurement, il est empli de frustration, de tristesse, de jalousie, et de colère.

Aucune de ses Mitsvot n’a jamais été accomplie avec joie ni concentration. En d’autres termes : elles étaient mortes. Je crois malgré tout que cette personne aura un Olam HaBa (monde futur) honorable — contrairement à ce que beaucoup pensent — mais il lui manquera beaucoup, car une grande partie de l’Avodat Hachem consiste en Tikkoun HaMidot (réparation des traits de caractère).

Alors, qu’est-ce qui distingue une Mitsva puissante, génératrice de lumière, d’une simple Mitsva “exécutée” ?

Et, dans le même esprit : pourquoi nos Sages enseignent-ils que certaines Mitsvot ont des Segoulot (vertus spirituelles) extraordinaires, mais que peu en ressentent les effets ?

Et bien sûr, comment atteindre cela dans notre Avodat Hachem ?

Étudier avec joie – L’énergie de l’âme

Beaucoup pensent que l’âme est une entité abstraite, quasi inaccessible, que seuls des justes comme Yossef HaTsadik peuvent ressentir.

Moi aussi, je le pensais.

J’ai souvent entendu cette idée : « Tu n’as pas besoin de ressentir quoi que ce soit. Fais simplement les Mitsvot Lichema (pour le Ciel). Ça, c’est le vrai service de Dieu ! ».
Cette philosophie tordue ronge encore beaucoup de communautés, et il m’a fallu longtemps pour m’en défaire.

L’argument : si tu cherches à ressentir de la joie ou de la satisfaction dans les Mitsvot, c’est que tu le fais par intérêt personnel, donc la Mitsva perd toute valeur.

Mais un jour, dans une Yéchiva à Bné Brak, j’ai posé la question à un ami :
« Est-ce que c’est un problème de ressentir la présence d’Hachem ? »

Avant même qu’il réponde, je savais déjà que ma question n’avait pas de sens.

Il m’a dit quelque chose comme :
« Au contraire. Si tu ressens la joie et la puissance d’une Mitsva (comme tu le devrais), tu seras inspiré pour en accomplir encore plus, et mieux. Où est le mal ? »

En étudiant les Kitvé HaAri, j’ai compris que même un homme simple peut atteindre des Hasagot (perceptions spirituelles) et expérimenter une joie réelle dans l’Avodat Hachem.
Rabbi ‘Haïm Vital, le principal élève du Ari zal, cherchait sans relâche à ressentir la proximité divine, à recevoir des révélations, à acquérir la sagesse. Il voulait vivre la Avodat Hachem, pas simplement l’accomplir machinalement.

Ce que j’ai appris :

Tu dois être dans un état de joie lorsque tu étudies, fais une Mitsva, ou pries.

Certes, il y a du mérite à faire ce qu’on n’a pas envie de faire, à lutter contre sa nature. Mais ce n’est pas une règle absolue.
L’idéal est d’atteindre un niveau de conscience dans lequel tu ressens une énergie spirituelle puissante.

Il existe une méthode pour cela — basée sur la méditation et la kavanah — que j’enseigne en séances individuelles.

Ce n’est pas une recherche de sensation, mais une expérience authentique d’Hachem, qui peut transformer l’âme, donner de la force, et abattre le Yétser HaRa.

Anatomie de l’âme

Il faut d’abord se rappeler un principe fondamental : l’âme est conscience.
Ta perception du monde reflète l’état de ton âme.

Nous avons cinq niveaux d’âme, du plus bas au plus élevé : Nefesh, Roua’h, Néchama, ‘Haya, Yé’hida.
Les trois premiers résident dans le corps. Les deux derniers sont Makifim (environnants), illuminant les niveaux inférieurs.

À mesure que la personne progresse, la lumière de la ‘Haya est intégrée dans la Néchama, celle de la Néchama dans le Roua’h, et celle du Roua’h dans le Nefesh.

Mais chaque niveau est divisé en cinq sous-niveaux.
Exemple : Nefesh du Nefesh, Roua’h du Nefesh, etc., jusqu’à 25 niveaux globaux.

L’état de conscience ordinaire est celui du Nefesh, et encore — souvent c’est le Nefesh HaYesodit (animal), et non le Nefesh HaSikhli (intellectuel, divin).

Selon Rav Chimon Agassi (commentaire sur Sha’ar HaGilgoulim), il est très difficile pour une personne ordinaire de rectifier totalement son Nefesh pour recevoir le Roua’h, car le Nefesh est brut et demande beaucoup de travail.

Mais une fois ce travail accompli, le reste suit avec plus de facilité.

Et donc ?

Il semble possible de rectifier le Nefesh du Nefesh et de mériter le Roua’h du Nefesh.
C’est une progression lente mais accessible à celui qui applique la pleine conscience sacrée — à travers les Yihoudim, la prière avec kavanah, l’étude vivante, la joie.

C’est cela, le véritable Dvekout — attachement intime à Hachem.
Pas seulement faire. Mais ressentir. Vivre. Intégrer. Se transformer.

Et tout commence par l’intention.

La puissance du Rouaḥ et les Yihoudim dans l’Avodat Hachem

Bien que la réparation complète du Nefesh puisse prendre toute une vie, il existe des moments particuliers où, par la méditation et la kavanah, on peut invoquer la lumière du Rouaḥ pour qu’elle brille en nous. Il ne s’agit pas d’une révélation totale, mais cette intervention du Rouaḥ est liée à une forme de ta’anoug (délice spirituel) qui peut profondément transformer notre être. Ce dévoilement partiel est une expérience puissante et peut énormément aider le Nefesh dans sa réparation.

Rappelons-le : c’est principalement le Nefesh qui nécessite une véritable réparation.

Les Yihoudim dans l’Avodat Hachem

Les Yihoudim ont de nombreuses fonctions, et les Kitvé HaAri en sont remplis. Ce sont des formes de méditation très efficaces qui peuvent avoir des effets extraordinaires à tous les niveaux de l’âme. Parmi leurs usages : guérison, éveil de la crainte d’Hachem (Yirat Shamayim), rectification des Midot, suppression des blocages spirituels, acquisition de sagesse, ouverture des canaux de parnassa (c’est le Yihoud basé sur le verset « פותח את ידך »), etc.

Les Yihoudim peuvent être comparés à des raccourcis, des torrents de lumière vers l’âme, qui laissent un impact profond et durable. Ils sont une composante essentielle de l’Avodat Hachem et, selon l’Arizal, leur valeur dépasse même celle de l’étude de la Torah, comme le montre cette citation du Sha’ar Rouaḥ HaKodesh :

ואל תאמר שעסק התורה גדול ואין ראוי לבטלו, כי ענין היחודים הנז׳ הוא גדול מעסק התורה, כי הוא מייתד העולמות העליונים ונקרא עסק התורה ויחוד והכל הוא ביחד

Traduction :
« Et ne dis pas que l’étude de la Torah est plus grande et qu’il ne convient pas de l’interrompre, car le sujet des Yihoudim mentionné ci-dessus est plus grand que l’étude de la Torah, car il unifie les mondes supérieurs et est appelé à la fois étude de Torah et Yihoud, et tout cela ne fait qu’un. »

Cela révèle à quel point les Yihoudim sont une œuvre capitale dans l’élévation spirituelle.

Le Rebbe de Komarna, dans son commentaire à l’introduction du Zohar, ainsi que de nombreux autres Tzadikim, enseignent la même chose.

Regarder les Tzadikim pour comprendre l’élévation possible

Pour comprendre ce qu’est un véritable Avodat Hachem, il suffit d’observer les Tzadikim. Ils ne perdent pas une seule minute : ils étudient, prient, font des Yihoudim, enseignent, pratiquent la ’hessed, etc. Leur sommeil, alimentation, parole et plaisirs sont réduits au minimum.

Chaque instant éveillé (et parfois même endormi) est investi dans l’Avodat Hachem.

Je me souviens d’une histoire où Rav Ḥaïm Kanievsky demanda à son fils ou petit-fils ce qu’il avait mangé, car il était tellement absorbé dans son étude pendant le repas qu’il ne savait plus quelle bénédiction dire après.
Ou encore lorsque la voiture de Rav Berland se renversa au milieu de la route, et qu’on le retrouva la tête en bas… toujours en train d’étudier comme si de rien n’était. C’est une forme de Dvekout à un niveau viscéral.

Qui pourrait dire quels Yihoudim traversaient leur esprit à ces moments-là ?

Accessible à chacun à son niveau

Même si ces sommets paraissent lointains, chacun peut atteindre un effet relatif à son propre niveau. Avec un peu de discipline, les Yihoudim permettent de réparer, de se recentrer, d’acquérir de la Da’at (conscience sainte), et cela en tout lieu : en marchant, en mangeant, avant de dormir, etc.

Mais un conseil important :

Un homme doit être pur de Keri (impureté liée à une émission).
S’il a eu une pollution nocturne ou autre, il ne doit pas faire de Yihoudim avant de s’immerger au Mikvé.
Il est également interdit de faire des Yihoudim dans des lieux impurs ou face à des images indécentes.

Enfin, il convient d’avoir atteint un niveau minimal d’Avodat Hachem avant de commencer les Yihoudim. Cela signifie :

  • ne pas transgresser les grandes fautes comme la ‘Hiloul Shabbat,

  • garder la Brit (pureté dans l’alliance),

  • et s’engager pleinement dans la Torah et les Mitsvot.

Les Yihoudim ne sont pas un jeu, mais une œuvre spirituelle de haut niveau.

Je publie quelques-uns des Yihoudim plus accessibles ici : (photos)

Ceux qui comprennent bénéficieront énormément.

On peut faire des Yihoudim à tout moment : en attendant, en marchant, voire même en travaillant. Certes, les garder constamment à l’esprit est difficile, mais je ne pense pas que ce soit le but ultime.

En avançant dans la pratique des Yihoudim, la personne rectifiera naturellement ses Midot et provoquera les effets spirituels désirés. Le simple fait d’y penser de temps en temps est déjà très méritoire.

Méditer ne serait-ce que quelques minutes est merveilleux. C’est un travail de toute une vie, et toute Avodat Hachem en ressort grandie.

Considérons maintenant la citation suivante :

Je ne veux pas paraître présomptueux ou pompeux, mais rappelons que c’est une grande responsabilité. Ceux qui ont la capacité de faire des Yihoudim doivent les faire aussi souvent que possible. Je copie ici un passage extrêmement précieux de Shaarei Kedousha, partie 4 (censurée), chapitre 3 :

Traduction :
Et sois témoin ! Lorsqu’un individu s’est rendu digne de débloquer le secret du Dvekout [c’est-à-dire l’attachement à Hachem à travers les Yihoudim], il peut mériter le secret du Hishtavut [indifférence stoïque aux choses de ce monde]. Lorsqu’il atteint cet équilibre, le chemin est alors ouvert pour devenir digne du secret du Hitbodedout [méditation profonde et concentrée]. Lorsqu’on mérite le secret du Hitbodedout, on peut devenir apte à recevoir le Rouaḥ HaKodesh [inspiration divine], et alors seulement s’ouvre la possibilité d’accéder à la prophétie et de commencer à parler du futur.

Puisse chacun d’entre nous mériter ces niveaux merveilleux dans l’Avodat Hachem !

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