Méditations précieuses pour le mois d’Eloul – Préparation aux Grandes Fêtes


Méditations précieuses pour le mois d’Eloul – Préparation aux Grandes Fêtes

Nous entrons à présent dans l’un des moments les plus cruciaux de l’année : le mois d’Eloul.

Alors que nous passons de Ticha BéAv à Tou BéAv, notre attention se tourne progressivement vers les Grandes Fêtes à venir. Pour saisir pleinement l’importance de cette période, il est indispensable de se préparer de manière approfondie. Roch Hachana, Yom Kippour et Souccot forment ensemble une structure spirituelle unifiée, un Partzouf cohérent, dans lequel la transformation de notre existence dépend de l’harmonie entre ses composantes fondamentales.

Avant de pénétrer ces jours si propices, nous traversons le mois sacré d’Eloul — une période remplie de bienveillance divine et porteuse d’un immense potentiel de transformation, tant spirituelle que physique. Durant ce temps, Hachem, dans Sa bonté infinie, dévoile Ses 13 attributs de miséricorde à toute la Création, facilitant ainsi notre cheminement vers l’élévation et la croissance, comme si l’on recevait une note favorable du Ciel.

La tradition de sonner le Chofar et de réciter le Psaume 27 constitue une supplication adressée à Hachem, dans laquelle nous implorons Son aide dans le processus de Téchouva. De manière remarquable, le Nom divin YHVH y apparaît 13 fois, en parfaite correspondance avec les 13 attributs de miséricorde. En outre, l’acte mystique appelé Yihoud de la barbe (l’unification divine à travers les canaux de miséricorde représentés par la barbe) peut être pratiqué en plein jour, et pas uniquement lors de moments particulièrement favorables comme le Chabbat ou après minuit en semaine.

Il existe des différences de coutumes entre les Sépharades et les Ashkénazes concernant les Seli’hot (prières pénitentielles). Les Sépharades les récitent chaque jour depuis Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à Yom Kippour, tandis que les Ashkénazes commencent seulement la semaine précédant Roch Hachana. Il est à noter que l’Arizal, dans sa grande sagesse, intégrait divers éléments des deux traditions, mais en ce qui concerne les Seli’hot, il suivait clairement la tradition sépharade, comme l’atteste Rabbi ‘Haïm Vital dans le Cha’ar HaKavanot (Les Portes des Intentions Mystiques).

Pour ceux qui aspirent à un réel changement positif dans leur vie, la période de 40 jours — du Roch ‘Hodech Eloul à Yom Kippour — représente une opportunité exceptionnelle. Cette puissance particulière s’appuie sur un principe fondamental de nos sages : « Tout suit le commencement ». Ainsi, cette phase est d’une influence incomparable, riche d’un potentiel de transformation profonde.

Méditations essentielles pour le mois d’Eloul – Préparation aux Grandes Fêtes

Bien que le potentiel de transformation reste ouvert au-delà de Roch Hachana, il est important de reconnaître que la tâche devient progressivement plus difficile — tout en demeurant tout à fait accessible. Roch Hachana marque une étape décisive : c’est le jour où les jugements initiaux sont inscrits. Ensuite, Yom Kippour exige un effort accru, puisqu’il représente la clôture finale de ces jugements.

Après Hoshana Rabba, le dernier jour de Souccot, les possibilités de changement deviennent extrêmement limitées, car les registres célestes sont confiés aux armées angéliques, lesquelles, selon les enseignements du Ram’hal, exécutent leur mission jusqu’à son accomplissement complet.

Conformément au verset des Téhilim « Recherchez Hachem lorsqu’Il se trouve », notre tradition prophétique révèle que ce moment opportun correspond précisément au mois d’Eloul. Le Zohar ajoute que cette période est comparable à une scène où le Roi quitte son palais pour aller à la rencontre de ses sujets dans les champs.

D’ordinaire, le Roi demeure dans Son palais, inaccessible ; mais pendant Eloul, Hachem « descend » vers nous, se rend disponible à tous, et écoute nos supplications. L’acronyme du mot Eloul provient aussi du verset du Cantique des Cantiques : « Ani leDodi veDodi Li » (אני לדודי ודודי לי) – « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi » – un résumé sublime de la relation intime et réciproque entre l’homme et Hachem.

Rabbi Na’hman de Breslev et les Téhilim

Le mois d’Eloul est intrinsèquement lié à la notion de Téchouva – le retour vers Hachem.

Dans le Likouté Moharan (II, Torah 73), Rabbi Na’hman nous livre un enseignement profond : le chemin pour mériter un retour divin passe par la récitation régulière des Téhilim. De même que nous cherchons à nous rapprocher d’Hachem, Il se rapproche de nous à travers la 50e Porte de la Téchouva.

Les 50 Portes de la Téchouva correspondent aux 50 Portes de la Compréhension (Bina) qui émanent du Olam HaBa, le Monde à Venir. La 50e, en particulier, dépasse les capacités humaines. Même si un individu travaille ardemment à son raffinement intérieur, l’élévation ultime dépend de la miséricorde d’Hachem — c’est l’essence même du verset : « Revenez à Moi, et Je reviendrai vers vous » (Malakhi 3:7).

Rabbi Na’hman établit aussi un lien entre les 49 Portes de la Téchouva et les Noms des Douze Tribus ainsi que les 49 jours du Omer, période de purification. Il arrive que certaines personnes peinent à identifier leur « lettre » et leur « porte », ce qui bloque leur accès à la Téchouva. Pourtant, les Téhilim ont la puissance de réveiller l’individu et de l’amener à cette transformation, même lorsqu’il se sent incapable de trouver son chemin.

Ségoula pour la réussite et la santé pendant Eloul

La récitation du psaume « LeDavid Hashem Ori VeYishi » durant Eloul et Tichri possède une histoire riche, à la fois textuelle et traditionnelle. Bien qu’absente du Choul’han Aroukh et du Rema, c’est le Michna Beroura qui explique ses origines, les attribuant aux A’haronim.

Une source majeure est le Mateh Ephraïm (chapitre 581), écrit par Rav Ephraïm Zalman Margolios (1762–1828), fervent opposant à la Haskala et collaborateur du ‘Hatam Sofer. Ce traité sur les lois et coutumes d’Eloul et de Tichri cite le Midrash Sho’har Tov (27), qui relie directement le verset du psaume aux Jours Redoutables :

« Il est ma lumière » — cela fait référence à Roch Hachana, jour du jugement (comme il est dit : « Il fera paraître ta justice comme la lumière » – Téhilim 37:6).
« Il est mon salut » — cela désigne Yom Kippour, jour de pardon.
Et « Il me protègera dans sa soukka » — cela fait allusion à la fête de Souccot.

Cependant, l’usage de réciter LeDavid précède même le Mateh Ephraïm. Il apparaît pour la première fois dans le Sefer Shem Tov Katan, publié en 1706 par Rav Binyamin Beinoush HaCohen de Kortchin. Ce livre, essentiel dans la transmission des coutumes ashkénazes, évoque LeDavid non pas comme une partie du rituel établi du Siddour, mais comme une ségoula — une pratique efficace sur le plan spirituel.

Dans un ton empreint de secret et de solennité, Rav Binyamin déclare :

« Je vais vous révéler un grand secret (sod). »

Il enseigne que la récitation de ce psaume, matin et soir, de Roch ‘Hodech Eloul jusqu’après Sim’hat Torah, a le pouvoir de neutraliser un décret céleste négatif, même déjà inscrit. Par cette récitation quotidienne, on peut obtenir un verdict favorable et une vie de paix et de bienfaits.

Fait notable : Rav Binyamin ne fonde pas son argument sur le Midrash Sho’har Tov, mais sur un autre fondement spirituel. Il souligne que le Nom divin YHVH apparaît 13 fois dans ce chapitre, ce qui correspond aux 13 attributs de miséricorde. Cette correspondance mystique renforce la profondeur de cette pratique.

Ainsi, la coutume de réciter LeDavid Hashem Ori pendant Eloul et Tichri n’est pas seulement une habitude liturgique, mais un acte de transformation spirituelle, une imploration de miséricorde et une puissante invocation des attributs divins de compassion.

La coutume de « LeDavid Hashem Ori » et les méditations d’Eloul – Histoire, controverse et profondeur

Le Sefer Shem Tov Katan connut un succès remarquable à son époque, comme en témoignent ses huit réimpressions, qui ont probablement contribué à la diffusion généralisée de la coutume de réciter le psaume LeDavid Hashem Ori (Psaume 27) durant Eloul et Tichri.

Dans le sillage de son influence, plusieurs autres ouvrages se sont mis à souligner l’importance de cette récitation, probablement inspirés par sa mention dans le Shem Tov Katan. Parmi eux, on peut citer le Sefer Hazekhirah de Rav Zechariah ben Yaakov Simnar (Hambourg, 1709) et le Sefer Hayirah (Berlin, 1724).

Une coutume en pleine expansion

En quelques décennies, cette coutume s’est largement répandue, au point que Rav Mordekhai de Vilekatch note dans son Shaar HaMelekh (1762) la généralisation et la valeur de cette pratique immédiatement après la prière.

Quel était le secret de cette large acceptation de Rav Binyamin Beinoush HaKohen ? Son autorité fut renforcée par l’approbation de Rav Yehonatan Eibshitz, qui le qualifia de son plus grand maître. Rav Pinhas Katzenelenbogen, dans son Yesh Manchilin, témoigne :

« Sache que l’auteur de Amtachas Binyamin est le grand mekoubal Rav Binyamin Beinoush HaKohen, qui visita ma maison en 1720 à Valerstein. J’ai entendu de lui des merveilles. C’était un Baal Shem véritable, un homme aux actes extraordinaires. Il maîtrisait toutes les formes de sagesse. »

Le titre de Baal Shem faisait référence à un individu possédant un savoir kabbalistique pratique et la capacité d’agir pour la guérison ou le salut. Ce titre fut d’ailleurs porté par le célèbre Baal Shem Tov lui-même, fondateur du hassidisme.

Trois Baal Shem et des divergences dans la coutume

Malgré l’estime portée à Rav Binyamin Beinoush, la coutume de LeDavid ne fut pas acceptée universellement. Parmi les Sépharades, elle fut surtout adoptée dans certaines communautés nord-africaines. Même chez les Ashkénazes, les avis divergèrent.

Le Siddour Maassé Rav, basé sur les usages du Gaon de Vilna, insiste pour ne pas réciter ce psaume entre Roch ‘Hodech Eloul et Yom Kippour. La raison ? Éviter d’imposer une charge excessive (torach) à la communauté et prévenir le bitoul melakha (perte de temps de travail productif).

Rav ‘Haïm de Sanz s’abstenait également de réciter LeDavid, expliquant qu’il évitait d’introduire des pratiques non fondées dans le Choul’han Aroukh ou les écrits de l’Arizal.

Une anecdote hassidique intrigante

Rav Moshe David Shtrum de Tarnow rapporte que Rav Shimon de Zhelichov s’interrogea sur la différence de pratique entre Rav Aryeh Leibush de Sanz (qui ne disait pas LeDavid) et les communautés de Shiniveh (qui le disaient). Il cita alors une histoire concernant Rav Eliyahou Baal Shem Tov.

Dans cette histoire, un seigneur local exigea des prières pour avoir un fils, sous menace d’expulsion des Juifs. Rav Eliyahou promit un fils dans l’année. Pour cet acte de dévotion, un décret céleste lui infligea soixante coups de feu célestes. Mais, par sa miséricorde, Hachem réduisit la peine, à condition qu’on annule deux takanot (institutions) qu’il avait établies : la récitation de Kegavna avant Boréhou le vendredi soir, et celle de LeDavid Hashem Ori.

Cette histoire soulève la question : de quel Rav Eliyahou Baal Shem Tov s’agissait-il ? Deux figures historiques portent ce nom :

  • Rav Eliyahou Baal Shem de Chelm (élève du Maharshal, décédé vers 1483).

  • Un élève du Maharal de Prague, Rav de Worms, décédé en 1536.

Selon cette tradition, la coutume de LeDavid pourrait remonter non pas à 1706, comme mentionné précédemment, mais aux XVe ou XVIe siècles.

L’affaire du Chemdat Hayamim

Un autre facteur explique l’abstention de certaines communautés : le lien présumé avec le Chemdat Hayamim, imprimé en 1737. Bien que ce livre soit estimé par de nombreux mekoubalim comme Rav Shlomo Elyashiv, certains émettaient des réserves à cause d’associations possibles avec le mouvement Sabbatéen.

Le nom de l’auteur reste inconnu, car le premier volume, qui aurait pu l’identifier, a été perdu.

Rav Pinhas Chaim Toib de Razla, dans le Lev Samea’h Ha’Hodash, rapporte que des rebbes s’abstenaient de dire LeDavid car son origine serait liée au Chemdat Hayamim. Il raconte qu’un tsaddik de Parisov reçut cette tradition de son grand-père, le Yehoudi HaKadosh, qui suivait l’enseignement de son maître à Lublin.

Cependant, cette position ignore un fait essentiel : LeDavid est déjà mentionné dans le Shem Tov Katan, imprimé trente-et-un ans avant le Chemdat Hayamim. Cela démontre que la coutume existait indépendamment et antérieurement à cette œuvre controversée.

Remarques finales

Malgré les débats historiques et les divergences communautaires, la coutume de réciter LeDavid Hashem Ori s’est maintenue dans de nombreuses traditions comme une ségoula puissante, censée apporter bonheur, santé et longévité.

Nos Sages nous enseignent une vérité fondamentale : la Téchouva, le retour vers Hachem, précède même la Création du monde. Sans ce mécanisme divin, l’univers n’aurait pas pu subsister. C’est le fondement même du Ratson Hachem : permettre à l’homme de réparer et de revenir.

Ces 40 jours exceptionnels — de Roch ‘Hodech Eloul à Yom Kippour — constituent une opportunité unique d’examiner nos actes, faire Heshbon Nefesh (bilan personnel), et nous rapprocher de la miséricorde divine.

Puissions-nous tous être bénis dans ce chemin de préparation spirituelle, et atteindre les Yamim Noraïm avec un cœur sincère, purifié et empli de crainte d’Hachem.

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