Les profondeurs de la Séphira de Chokhmah, le point primordial de l’Arbre de Vie

 


Les profondeurs de la Séphira de Chokhmah, le point primordial de l’Arbre de Vie

Qu’est-ce que Chokhmah (la sagesse divine) et pourquoi se tient-elle à la racine de toute la création ?

Parmi les dix Séphirot, Chokhmah occupe une place unique et élevée. Le Zohar la désigne comme "Reishit", le commencement (Zohar I:31b), car elle constitue la première véritable révélation de la Lumière Infinie dans la structure ordonnée de la création. C’est l’étincelle initiale de sagesse qui détient une puissance immense pour nous inspirer à initier quelque chose de nouveau.

L’Arizal enseigne dans Eitz Ḥaïm (Shaar 42) que Chokhmah est le premier point dans lequel l’infini commence à être perçu — bien que sans limite ni division. Elle demeure un point indifférencié de potentiel, contenant en germe le déploiement complet de tous les mondes à venir.

Il est crucial de comprendre qu’il ne s’agit pas ici de sagesse intellectuelle au sens humain. C’est un éclair d’illumination divine qui précède et transcende toute compréhension verbale — il ne peut donc pas être expliqué. Pensez à ce que cela représente d’essayer de décrire une expérience personnelle à quelqu’un qui ne l’a jamais vécue : peu importe le nombre de mots utilisés, il sera impossible de la transmettre pleinement.

Le Rav Avraham Aboulafia décrit dans ses écrits prophétiques que la véritable Chokhmah (sainte) se vit comme une connaissance directe, une soudaine ouverture de l’œil intérieur à des réalités qui échappent à la pensée discursive. Ceux qui pratiquent la méditation comprennent que cela constitue à la fois la racine et la source constante de toute véritable perception spirituelle.

Cet article fait partie d’une série sur les 11 Séphirot. Si ce n’est pas encore fait, lisez l’article précédent sur la Séphira de Keter.

Chokhmah comme le point de Lumière Infinie

L’image de Chokhmah comme un point n’est pas une métaphore poétique, mais un enseignement kabbalistique précis.

L’Arizal, dans Eitz Ḥaïm (Shaar 42), explique que la lettre Youd du Nom Divin correspond à Chokhmah, car le Youd est un point — il représente l’essence indivisible à partir de laquelle toute expansion émergera. Dans ce point réside la présence non diluée de l’Ein Sof, encore hors d’atteinte, mais déjà orientée vers la révélation.

Autrement dit : la lumière de l’Ein Sof descend jusqu’à Chokhmah de Atzilout, et de là rayonne vers toutes les autres Séphirot de tous les mondes spirituels. Cela est très important, car dans les Kavanot, lorsque nous faisons descendre les Mokhin (flux de conscience), il faut toujours les recouvrir avec la barrière protectrice du Ḥessed Yoma D’Koulhou (« la bonté quotidienne universelle »), qui prend sa source dans Chokhmah.

Le Zohar développe encore ce point en enseignant que de ce point primordial s’écoulent d’innombrables courants cachés de vie et de sagesse, chacun destiné à être ensuite développé dans Binah et les Séphirot inférieures. Sans cet éclair initial, aucun processus créatif ne serait possible. C’est pour cette raison que Chokhmah est appelée le « père (Abba) des Séphirot », car c’est d’elle que provient la semence de tout ce qui se développera par la suite.


Le Arizal (selon le Zohar) enseigne que Chokhmah correspond au Youd du Nom Divin (Youd-Hé-Vav-Hé), représentant le point le plus concentré et insaisissable de la révélation divine (Eitz Ḥaïm, Shaar 1). Le Youd est la source à partir de laquelle toutes les autres lettres et structures du Nom se déploient.

Cela reflète le rôle de Chokhmah en tant que père primordial (Abba) des Séphirot. Elle est la source de la lumière divine pure, laquelle sera ensuite développée et articulée à travers Binah (Ima), sa contrepartie féminine. Leur dynamique est celle du don pur et de la contemplation réceptive.

Le Zohar (III:290a) parle de l’écoulement de Chokhmah vers Binah comme d’une union secrète qui engendre tous les mondes inférieurs. Sans cette union, la lumière divine resterait cachée et inaccessible. Chokhmah initie le processus de révélation divine en transmettant son essence à Binah, qui ensuite l’élargit et la communique au reste des Séphirot. En ce sens, elle se tient comme la semence cachée de toute la création.

Chokhmah et le pouvoir de l’intuition

Le Rav Avraham Aboulafia souligne dans Otzar Eden HaGanouz que Chokhmah n’est pas atteinte par déduction rationnelle, mais par des moments de hitgalout — dévoilements spirituels soudains. Il décrit cette expérience comme un éclair prophétique, une connaissance spontanée qui contourne les processus normaux de la pensée. C’est pourquoi Chokhmah est souvent comparée à l’éclair dans les écrits des Mekoubalim : une illumination brève mais totale, capable de transformer instantanément la perception de l’âme.

Telle est la puissance d’une expérience spirituelle où aucun mot n’est nécessaire.

Il est important de noter que de telles intuitions ne sont pas arbitraires. Elles surgissent lorsque l’esprit est suffisamment raffiné, silencieux et réceptif.

Cela se reflète dans Pirkei Avot 1:17 :
« Je n’ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence. »
Le silence, en termes kabbalistiques, désigne une quiétude intérieure qui rend possible l’éclair de Chokhmah. Ainsi, cultiver un réceptacle adapté ne demande pas un effort intellectuel, mais une pureté de cœur et une ouverture à la lumière divine.

Chokhmah comme source d’énergie vitale

Le Zohar déclare :
« Chokhmah donne la vie à tous » (Zohar III:290a),
en référence au verset :
« La sagesse donne la vie à ceux qui la possèdent » (Ecclésiaste 7:12).
Ce n’est pas qu’une poésie. Le Arizal explique dans Eitz Ḥaïm (Shaar HaKelalim) que la vitalité de tous les mondes dépend de son influx continu. Sans son illumination constante, les Séphirot inférieures se flétriraient, et les mondes tomberaient dans l’obscurité et la désintégration.

Cette compréhension aide à expliquer pourquoi la Torah est appelée Torat Ḥaïm — la Torah de vie.

La Torah est un canal permettant à la lumière de Chokhmah d’entrer dans le monde. Lorsqu’une personne s’engage profondément dans l’étude de la Torah avec une kavanah (intention) appropriée, elle attire cette lumière vivifiante dans son âme et dans son environnement. C’est pourquoi la véritable étude de la Torah n’est pas un exercice intellectuel, mais un acte de vitalité spirituelle.

Cultiver la connexion à la ‘Hokhmah dans la vie quotidienne
Bien que la ‘Hokhmah soit exaltée au-delà de toute saisie, il existe des chemins pour s’accorder à sa lumière.

Comme nous l’avons vu, l’un des principaux est l’étude profonde de la Torah, en particulier dans le domaine du Sod (la sagesse intérieure), telle qu’enseignée par Rabbi Shimon bar Yo’haï et développée par l’Arizal. Un autre chemin est de s’attacher aux tsaddikim, qui servent de canaux vivants de cette précieuse Séfirah, comme le dit le Zohar (I:11b) : « Le visage du tsaddik brille de la lumière de la ‘Hokhmah. » Fréquenter de telles personnes affine les réceptacles intérieurs et attire une illumination supérieure.

La pureté de pensée et la simplicité du cœur sont également essentielles.

Le Zohar et l’Arizal (en de nombreux endroits) soulignent que la ‘Hokhmah est une lumière qui ne peut reposer dans un réceptacle confus ou centré sur soi. Ainsi, cultiver l’humilité, la sincérité et le calme intérieur rend la personne plus apte à recevoir cette lumière. Vivre avec une ouverture spirituelle selon la lumière de la Torah, sans attentes rigides, permet d’être surpris et transformé par des instants de véritable ‘Hokhmah (également appelée sagesse spirituelle), lorsqu’ils sont accordés d’En-Haut.

En effet, la Kabbale (litt. « recevoir ») ne peut être reçue autrement.

En résumé, la Séfirah de la ‘Hokhmah est la source de toute véritable compréhension, vitalité et vie spirituelle. Bien qu’elle dépasse la compréhension humaine, elle offre continuellement des éclairs de sagesse divine à ceux qui sont préparés à les recevoir. Par l’étude de la Torah, la prière, la contemplation et le raffinement intérieur, on peut ouvrir les portes de la ‘Hokhmah et faire descendre sa lumière vivifiante dans l’âme comme dans le monde.


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