Les secrets mystiques du sel : éclairages du livre de Vayikra

 


Les secrets mystiques du sel : éclairages du livre de Vayikra

Selon la Torah, le sel (מלח Melakh) n’est pas seulement un ingrédient culinaire mais un symbole d’une importance spirituelle durable.

Dans cet article, nous explorons la signification mystique du sel telle qu’elle est révélée dans le troisième livre de la Torah, Vayikra. Connu pour son lien avec les offrandes et les rituels, le sel porte une signification kabbalistique profonde, bien au-delà de son usage pratique.

Le mot hébreu pour sel, melakh (מֶלַח), apparaît douze fois dans la Torah, avec un accent particulier dans Vayikra 2:13 :
« Tu mettras du sel sur toute offrande végétale ; tu ne laisseras pas ton offrande manquer du sel de l’alliance de ton Dieu. Sur toutes tes offrandes, tu offriras du sel. »
Cette répétition souligne l’importance du sel dans les rituels sacrés et son rôle dans le maintien de l’alliance divine.

En réalité, tout a un sens profond. Mais le sel est plus proche de notre quotidien, et semble simple. Découvrons les secrets profonds de cette substance humble, et comment elle peut être utilisée pour notre élévation personnelle et spirituelle.


Le sel est enraciné dans la Séphira de Gevoura

Dans Vayikra, le sel est mentionné dans le contexte des sacrifices. La Torah exige qu’on ajoute du sel à chaque offrande, ce qui reflète son rôle crucial dans les actes de Kedousha (sainteté).

Mais pourquoi le sel ?

Le sel est intrinsèquement lié à la rigueur (Gevoura) et à la transformation. Sa capacité à conserver les aliments — voire à les cuire, comme dans le cas du poisson placé entre des couches de sel — met en lumière sa force de transformation. En termes kabbalistiques, le sel représente l’aspect du jugement et de la sévérité, à la fois force de préservation et outil de purification. Ce qui est intéressant, c’est que, bien que le sel seul soit… salé, lorsqu’il est combiné avec d’autres aliments, il en révèle et améliore les saveurs.

Cela ressemble à ce que nous enseigne le Shaar Roua’h HaKodesh, où l’Arizal explique qu’un Nom divin peut être divisé entre ses lettres principales et le milouï (développement orthographique). Séparés, le milouï peut avoir plus de puissance que les lettres elles-mêmes, mais ensemble, le Nom complet est plus puissant que chacune de ses parties.

En Kabbale, le lien entre le sel et la rigueur est équilibré par son interaction avec le pain, qui symbolise la bonté et est enraciné dans la Chessed. Le pain, associé à la nourriture et au partage, contrebalance la sévérité du sel. D’ailleurs, les mots le’hem (לחם) et melakh (מלח) ont les mêmes lettres.

Cette interaction entre le sel et le pain reflète une idée spirituelle plus profonde : l’équilibre entre le jugement et la miséricorde.


L’alliance de sel et la puissance des Guevouroth

Selon les enseignements kabbalistiques, le sel symbolise le concept d’éternité. Cette idée est reprise dans Divrei HaYamim II 13:5, où il est dit que D.ieu fit une « alliance de sel » avec le roi David et sa descendance. Le sel, de par sa nature résistante à la décomposition, représente un engagement perpétuel et une existence sans fin, ce qui est remarquable, étant donné que toute chose matérielle tend normalement à se détériorer.

Dans la tradition kabbalistique, l’« alliance de sel » est considérée comme un pacte divin symbolisant la continuité éternelle. Le sel, reconnu pour ses qualités de conservation, incarne un lien indestructible et une présence perpétuelle. De même que le sel conserve la nourriture, il symbolise l’alliance éternelle entre Hachem et Israël.

La capacité du sel à absorber et neutraliser les impuretés correspond à son rôle dans la purification spirituelle. Dans de nombreuses cultures, le sel est utilisé dans des rituels de purification et de protection, pour éliminer les impuretés spirituelles et les énergies négatives. Il agit comme un support de sanctification des lieux, des objets et des personnes, les préparant à des expériences spirituelles élevées — et cela peut être aussi simple qu’un bain au sel d’Epsom, qui est parfaitement cachère.

Par ailleurs, la nature élémentaire du sel — dérivée de la terre et de l’eau — reflète l’équilibre entre enracinement et fluidité dans le service divin (Avodat Hachem). La terre donne stabilité et force, l’eau apporte souplesse et mouvement. Le sel, produit des deux, nous rappelle de rester fermes dans nos principes tout en étant souples dans nos actions.


Le rituel du sel et du pain

Le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 167:5) indique que, avant de réciter la bénédiction du Hamotsi, des condiments ou du sel doivent être présents sur la table afin que la ‘halla soit immédiatement trempée dedans après la bénédiction. Cette pratique ajoute une dimension spirituelle à la berakha. Le Michna Beroura (167:27) précise que tremper le pain dans le sel augmente non seulement le goût de la première bouchée, mais aussi l’honneur rendu à la bénédiction elle-même.

Le Rema ajoute une signification plus profonde à cette coutume, en la reliant au mizbéa’h (autel) du Beit HaMikdash. Puisque toutes les offrandes sur l’autel nécessitaient du sel, notre table devient un petit autel, et la présence du sel rappelle ce lien. Il est aussi dit que le sel sert de protection contre les anges accusateurs pendant le bref moment de silence après le Hamotsi, en évoquant l’« alliance de sel » (comme dans les sacrifices mentionnés dans la Torah).

Certains suivent cette coutume plus rigoureusement, trempant le pain trois fois dans le sel après le Hamotsi, comme l’enseigne l’Arizal, pour faire descendre les lumières de Chessed, Guevoura et Tiféret, chacune correspondant à un Nom divin י־ה־ו־ה de guématria 26 (3 x 26 = 78).


Le sel dans la vie quotidienne et les relations

Dans les interactions quotidiennes, qu’elles soient personnelles ou professionnelles, appliquer le principe de l’équilibre entre rigueur et bonté conduit à des résultats plus constructifs. En répondant à la dureté par la compassion, nous pouvons résoudre les conflits et nourrir des relations positives.

Les enseignements du livre de Vayikra nous rappellent qu’il faut intégrer la rigueur dans tous les aspects de la vie — car c’est ce qui donne du goût. Tout comme le sel est essentiel dans les offrandes et le pain, insuffler de la bonté dans nos actions permet de créer un monde plus équilibré et harmonieux. Cela reflète le plan divin de la création — où la dureté et les dinim ne doivent pas être détruits, mais adoucis pour construire et affiner le monde en continu.


Conclusion

Comme mentionné, la capacité du sel à préserver et à résister à la corruption est vue comme une métaphore de l’endurance spirituelle et de la protection. Le sel a le pouvoir de neutraliser les énergies négatives et d’agir comme barrière contre les impuretés spirituelles.

Les secrets mystiques du sel, tels que révélés dans Vayikra, offrent un aperçu profond de l’équilibre subtil entre rigueur et compassion. Cette substance apparemment simple nous enseigne que même dans les moments de jugement, la bonté doit être présente pour créer l’harmonie. Son rôle dans les anciennes offrandes comme dans le pain de tous les jours nous rappelle que la véritable croissance spirituelle passe par l’intégration de ces forces opposées.

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