Aperçus fascinants sur les Peyos – La loi, leur signification et la dimension kabbalistique
Aperçus fascinants sur les Peyos – La loi, leur signification et la dimension kabbalistique
Dans des centaines de communautés à travers le monde, la barbe et les papillotes (peyos) sont des emblèmes fiers des Bnei Torah pieux. En effet, de grands érudits se réfèrent souvent au décret du Choul'han Aroukh (Y.D. 181:9) : « Toute cette zone doit rester intacte » (lo tiga bo yad), comme un appui en faveur des longues papillotes.
Aujourd'hui, de nombreux groupes, qu’ils soient hassidiques ou non, portent les peyos comme élément vestimentaire, et parfois même des Juifs non affiliés s’y conforment.
Cet article vise à explorer les aspects historiques, culturels et kabbalistiques des papillotes, sans proposer une analyse purement juridique.
Fondements historiques des peyos
En analysant le commandement de la Torah « Vous ne raserez pas les coins de vos têtes » (Vayikra 19:29), le Rambam (Maïmonide) et le Séfer Ha’hinoukh expliquent que ce commandement vise à éloigner les Juifs des pratiques idolâtres consistant à raser les cheveux de manière circulaire — une pratique encore visible chez les prêtres catholiques (d'où leur surnom « galakhim »).
Ainsi, lorsqu’un élève du Rav de Brisk demanda pourquoi on utilise le terme machen peyos (« faire des papillotes ») alors que la Torah ne nous commande pas de les faire pousser mais simplement de ne pas les raser, le Rav répondit qu’en effet, selon le Rambam, les peyos remplissent une fonction positive : distinguer les Juifs des idolâtres.
Le Rambam (Téshouvot 244) considérait lui-même que la longueur requise pour les peyos était minimale :
« Il est permis de couper entièrement les peyos avec des ciseaux, et telle est notre pratique, » écrit-il. « Nous taillons les bords de la tête aux ciseaux, car seule la lame du rasoir est interdite. Nous ne sommes pas tenus de faire pousser les tzedaïm (cheveux latéraux), comme on le croit souvent ; seul un nazir est commandé de laisser pousser ses cheveux. Ainsi, s’il se rase, il transgresse un commandement positif et un commandement négatif. Cela ne s’applique pas aux peyos. Il s’agit uniquement d’un interdit négatif, et les faire pousser n’est pas une obligation, seulement leur destruction est interdite. »
Bien qu’aucune preuve historique ne montre que les anciens Juifs portaient de longues papillotes, l’isolement et l’ancienneté de la communauté yéménite donnent du crédit à leur tradition selon laquelle leurs longues peyos remontent à l’exil d’Eretz Israël. Le Dayan yéménite Mari Yosef Kapah (d. 2000) affirme que la tradition des peyos remonte à l’époque du premier Temple. Il écrit : « Il semble que la coutume de faire pousser et torsader les peyos est une pratique ancienne que nos ancêtres ont observée au Yémen, inspirée par ce qu’ils avaient vu en Terre d’Israël à l’époque du premier Beit Hamikdash. »
Cependant, la première mention explicite des longues papillotes apparaît dans les écrits mystiques de l’Arizal et de ses disciples. Rav ‘Haïm Vital rapporte la conduite de l’Arizal :
« Concernant les peyos de la tête, » il note, « mon maître vénéré, de mémoire bénie, les laissait pousser sans les couper jusqu’à ce qu’elles atteignent la zone sous la mâchoire, au niveau de la barbe. Il les égalisait alors à cette longueur, car la portion en dessous n’est plus considérée comme faisant partie des peyos de la tête » (Taamé Hamitsvot, Parachat Kedochim).
Suite à ce récit, certains hassidim évitent de couper leurs peyos sous la mâchoire, tandis que d'autres les gardent plus courtes. Le Darchei Téchouva (181:15) cite le Rebbe de Shinova, selon lequel l’Arizal taillait parfois ses peyos lorsqu’elles devenaient trop longues, car l’excès de cheveux pouvait susciter des jugements sévères (dinim).
Cependant, Rav Menasheh Klein d’Oungvar propose une vision différente :
« Nous avons vu parmi nos grands rabbanim, des justes de la génération, qu’ils ne modifiaient jamais la longueur de leurs peyos. De plus, nos frères du Yémen laissent librement pousser leurs papillotes à une grande longueur, » écrit-il. « En résumé, je n’ai jamais vu d’interdiction à cultiver de longues peyos. » Concernant le témoignage de Rav ‘Haïm Vital sur l’Arizal, Rav Klein pense que l’intention était simplement de montrer que les couper à cette longueur était permis (Michné Halakhot 4:116, 5:124).
De même, Rav Avraham Naftali Gallant (d. 1936) atteste que ne pas raccourcir ses peyos est considéré comme un moyen de mériter la longévité.
« Dans certaines communautés, il y avait des personnes pieuses qui croyaient que conserver de longues papillotes était un gage de longue vie, » explique-t-il. « On raconte que durant l’enfance du Maharsham de Brazhin, il accompagna son père chez Rav Meir de Pramishlan… qui toucha doucement les peyos de l’enfant et dit : ‘Ton grand-père, Rav Shalom, n’a jamais coupé ses papillotes, et cela lui a valu une longue vie. Imite-le ; conserve tes peyos, et tu vivras longtemps toi aussi.’ » (Mo'adim Lésim'ha)
S’inspirant de l’Arizal et d’autres considérations, les peyos existent sous diverses longueurs et formes. Rav Yosef Kapah rapporte que, au Yémen, la longueur des peyos des garçons dépendait parfois de raisons esthétiques :
« Nous enduisions les papillotes d’huile, et lorsqu’elles devenaient longues et tombaient joliment jusqu’à la poitrine, elles salissaient parfois nos vêtements, » se souvient-il. « Certains maîtres les mesuraient jusqu’au menton pour couper l’excédent, tandis que d’autres décourageaient toute coupe, même minime. »
Réflexion sur le positionnement
Un autre débat concernait la position des peyos — devaient-elles pendre librement ou être placées derrière les oreilles ? Rav Binyamin Zilber (Az Nidberu 12:37) privilégiait la seconde option :
« Quand je suis arrivé de l’étranger en 1933, » raconte-t-il, « j’ai trouvé un livre à la yéchiva appelé Hatsva Amoudeha Chiva, qui critiquait vivement cette pratique. J’étais perplexe : pourquoi Hachem serait-il contrarié ? De nombreuses personnes venant de l’étranger avaient l’habitude de placer leurs peyos derrière les oreilles. Cela relève de la hassidout (piété supplémentaire). Ce n’est pas une honte, car elles restent visibles. C’est juste plus confortable, surtout lors des voyages en voiture. »
Certaines explications kabbalistiques indiquent qu’il faut les séparer de la barbe.
Mais Rav ‘Haïm Kanievsky (Or’hot Yosher, chap. 5) note que le ‘Hazon Ich encourageait à afficher fièrement les peyos sans les dissimuler :
« Le ‘Hazon Ich… n’aimait pas qu’on les mette derrière les oreilles. Il voyait cela comme une forme de honte vis-à-vis de la mitsva. Mon père [le Steipler Gaon] était aussi contre cela. À l’étranger, on craignait la moquerie des non-juifs… mais en Eretz Israël, où la Torah prospère, il n’y a plus lieu de cacher ce signe. »
Le Or’hot Rabbeinou (chap. 3 p. 137) rapporte même une décision halakhique rare : un jeune Yéménite expliqua au Steipler qu’il jouait souvent avec ses peyos pendant Chabbat et en arrachait parfois involontairement quelques cheveux. Il envisageait donc de les couper. Le Steipler lui répondit de ne pas le faire ; s’il le souhaitait, il pouvait les couvrir avec sa kippa.
Témoins silencieux
Contrairement aux Ashkénazes, les peyos longues étaient rares chez les Séfarades. Le Ben Ish ‘Haï (dans Ben Ish ‘Hayil, p. 30) explique que les peyos, appelées simanim (signes), distinguent les Juifs des non-Juifs. Il illustre par une anecdote :
Lors de la conquête musulmane d’Eretz Israël, alors que les idolâtres étaient massacrés, un Juif parmi eux courut vers un chef musulman, attrapa ses peyos et s’écria : « Shuf ya sidi ! Ana Yehudi vehadoula Sahoudi ! » (Regarde, mon seigneur ! Je suis Juif, et voici mes témoins.)
Ainsi, le Ben Ish ‘Haï conclut : « Gardons précieusement ces deux témoins fidèles qui vous couronnent comme un emblème du judaïsme. Je ne vous impose pas d’avoir des peyos épaisses et longues comme les Ashkénazes, mais qu’elles soient visibles ! Pas comme de fines herbes invisibles. »
Il termine par un jeu de mots : « Tout comme un katan (mineur) ne peut témoigner, ainsi de petites peyos ne peuvent témoigner de votre judaïsme. Seul un gadol (adulte) le peut. »
Notons qu’en Crimée, les Tatars appelaient les Juifs karaïtes zulufsiz gufutlar (Juifs sans peyos) et les Juifs classiques zulufli gufutlar (Juifs avec peyos).
Un des signes les plus frappants de l’identité juive via les peyos apparaît durant les persécutions : les oppresseurs rasaient de force les peyos pour humilier.
Rav Menasheh Levertov, grand rabbin de Cracovie, raconta que lors de l’occupation nazie :
« Les Allemands traquaient les Juifs avec barbes et peyos, qu’ils coupaient violemment. Il devint dangereux de sortir, et beaucoup restaient cloîtrés chez eux pour se protéger. »
Un autre exemple fut le décret du Tsar Nicolas Ier en 1845 interdisant la tenue juive, incluant les peyos.
Conclusion
Qu’elles tombent sur les épaules, se placent derrière les oreilles ou s’enroulent autour, les peyos témoignent fièrement de l’identité juive et distinguent le peuple élu (am haniv’har).
Les peyos d’un Juif reflètent les Partzoufim du monde spirituel. Le Zohar décrit Zeir Anpin et Arikh Anpin avec barbes et peyos — des lumières spirituelles élevées au-delà des mots.
Rav ‘Haïm Vital écrit dans Shaar Haguilgoulim que les âmes du Rambam et du Ramban viennent des peyos d’Arikh Anpin. Le Rambam du côté gauche (gvoura) n’a pas mérité la Kabbale, le Ramban du côté droit (’hessed) si.
Cela soulève des questions profondes. Si les Avot viennent de ’Hessed, Gvoura, Tiféret, comment les Rishonim leur seraient-ils supérieurs ?
Preuve qu’il existe des aspects cachés de la Kabbale, qui seront révélés dans le monde futur.
Après cette étude, il apparaît que les peyos sont bien plus qu’une simple coutume. Elles peuvent être une source de bénédictions, tout comme la barbe juive.
Puissions-nous tous en être dignes.

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