Explorer la Séphira nourricière de Binah : le sein de la compréhension divine
Explorer la Séphira nourricière de Binah : le sein de la compréhension divine
La troisième Séphira, Binah, est souvent traduite par « compréhension », mais la profondeur de ce terme ne peut se réduire à cette seule traduction.
Aussi appelée Imma (la Mère), cette séphira est un sein spirituel qui façonne, développe et donne forme aux étincelles de sagesse émanant de Chokhmah, également appelée Abba (le Père). L’implication est claire : Binah traduit les intuitions divines issues de Abba en une idée pleinement formée avec tous ses détails, tout comme une femme reçoit la semence de son époux et la transforme en un enfant.
Comme l’enseigne le Zohar :
« Binah est la carrière de la Torah. » (Zohar III:179b)
C’est en Binah que le point brut de Chokhmah est taillé et élargi pour devenir l’amplitude de la compréhension qui engendre des réalités spirituelles. Cela est extrêmement important à comprendre, car dans la méditation kabbalistique, notre objectif est souvent de transcender les intuitions de Binah pour atteindre l’état éthéré de Chokhmah.
Cependant, Binah n’est pas simplement intellectuelle. C’est une force créative et nourricière qui transforme les éclairs de sagesse divine en une conscience structurée et incarnée. Elle sert également de pont entre le transcendant et l’immanent, rendant l’infini accessible à l’âme finie.
Avant de poursuivre, veillez à consulter les articles précédents sur la Séphira de Keter et celle de Chokhmah.
À l’intérieur de l’Arbre de Vie mystique
Binah comme racine de toutes les middot (attributs émotionnels)
Le Rav Ḥaïm Vital écrit dans Eitz Ḥaïm (Shaar HaKelalim, chap. 1) que Binah est la racine de toutes les émotions (middot), car c’est à travers son processus de contemplation et de profondeur qu’elle éveille la conscience et remue le cœur. Comme vous l’avez vu dans l’image ci-dessus, c’est elle qui « donne naissance » aux 7 émotions : Ḥessed, Gvoura, Tiferet, Netzaḥ, Hod et Yessod.
Cette puissance de l’âme est également le domaine de l’imagination, qui, lorsqu’elle est bien utilisée, engendre de nouvelles perceptions. Nous ne devrions jamais rejeter nos pensées comme de simples « errances » de l’esprit. Elles sont présentes et réelles dans les mondes spirituels, et c’est souvent à travers elles que nous percevons des messages supérieurs.
Le Rav Avraham Aboulafia approfondit cette compréhension en enseignant qu’elle correspond également à la faculté de hitbonenout (contemplation méditative). Dans Otzar Eden HaGanouz, il écrit que la véritable compréhension dans Binah se manifeste par une contemplation disciplinée du Nom Divin, qui ouvre l’esprit à de nouvelles dimensions de la réalité.
Binah comme source de la Teshouva
Le lien entre Binah et Teshouva est établi dans le Zohar III:122a (Parachat Pinḥas) :
« בינה — תשובה היא »
« Binah, c’est la Teshouva. »
Le Zohar relie aussi cela au verset :
« Reviens, Israël, vers Hachem ton D.ieu » (Hochéa 14:2), expliquant que la Teshouva consiste à ramener l’âme à sa racine dans Binah Ila’ah (la Mère Suprême).
De plus, l’Arizal écrit dans Shaar HaTeshouva (dans Pri Etz Ḥaïm, Shaar 4) que l’essence de la Teshouva consiste à restaurer l’âme des griffes de la Sitra Aḥra et à la réaligner avec Binah, source de purification et de réparation. Puisqu’elle est la Mère Supérieure, elle a le pouvoir d’enfanter l’âme de nouveau dans la sainteté — et cet état est particulièrement accessible à Yom Kippour, lorsque les Partzoufim de Zeir Anpin et Noukva s’élèvent jusqu’à elle.
Dans cette optique, on comprend que la Teshouva sincère ne consiste pas uniquement en un remords, mais en une véritable « renaissance » spirituelle. La personne, à travers une contemplation profonde (processus de Binah), dénoue son âme des dinim et impuretés qui s’y sont attachées, et lui permet d’être réabsorbée dans le sein purificateur. Ce même processus peut aussi se produire à travers des Kavanot appropriées avant de dormir.
Cela éclaire également la coutume de méditer sur le Nom Divin Youd-Hé-Vav-Hé durant la Teshouva, en se concentrant sur le premier Hé, afin de se reconnecter à la source de compassion et de purification.
Binah comme le premier Hé du Nom Divin
L’Arizal écrit clairement dans Eitz Ḥaïm (Shaar 1, Anaf 2) :
« י׳ — חכמה, ה׳ ראשונה — בינה… »
« Le Youd est Ḥokhmah, le premier Hé est Binah… »
Comme nous le savons, tout suit le modèle du Nom divin יהוה. Le premier Hé du Tétragramme (Youd-Hé-Vav-Hé) représente Binah, car c’est le récipient qui développe le Youd (le point de Ḥokhmah) en longueur et en largeur. Tout comme le Hé possède à la fois hauteur et largeur, Binah élargit la lumière cachée en compréhension et en élaboration. Elle est aussi formée comme un utérus, avec son ouverture en bas.
La manifestation des Dinim (jugements)
Il existe un principe dans le Zohar selon lequel, lorsque l’Ein Sof créa les mondes spirituels, il utilisa la force des dinim (jugements), afin d’y introduire des limites. Nous les percevons souvent comme négatifs, mais ils sont simplement une composante nécessaire de la Création. (Voir l’article à ce sujet sur les dinim.)
-
Les dinim à l’intérieur de Keter sont cachés par sa compassion englobante.
-
Les dinim à l’intérieur de Ḥokhmah peuvent être perçus, mais ils reposent comme des lies de vin au fond d’un tonneau.
-
Cependant, les dinim dans Binah sont éveillés et visibles.
Cette idée est enracinée dans le Zohar, Parachat Mishpatim (Zohar II:179b), qui dit :
« ומבינה מתערין דינין, ומתמן נפקין כולא »
« De Binah, les jugements sont éveillés, et de là ils émanent. »
Cela est longuement expliqué par l’Arizal dans Eitz Ḥaïm (Shaar 8, Deroush 5 sur Ima Ilaa). Le concept est que, tandis que Ḥokhmah est lumière pure et flux sans limites, dans Binah, la lumière commence à prendre forme — et avec la forme viennent les frontières, racine du din (jugement).
Cela explique aussi pourquoi, dans le mariage, l’homme (Abba/Ḥokhmah) est souvent plus facile à vivre, alors que la femme (Imma/Binah) peut être plus prompte à s’irriter. Cela ne signifie évidemment pas que l’un est supérieur à l’autre ni qu’il n’existe pas d’exceptions, mais c’est une règle générale. Une attitude trop détendue peut conduire à la paresse ou à l’indifférence, tandis qu’une personne à tempérament vif peut utiliser ses émotions pour se rapprocher davantage d’Hachem. Tout dépend de la manière dont nous utilisons nos traits.
Et chose fascinante, l’Arizal enseigne dans Eitz Ḥaïm (Shaar 34, Deroush 2) :
« והנה בינה היא סוד מיתוק הדינין. »
« Voici, Binah est le secret de l’adoucissement des jugements. »
C’est une idée extraordinaire. Bien que Binah soit la source des dinim, elle contient aussi la clé pour les adoucir. Pourquoi ? Parce que les jugements qui émanent de Binah ne sont pas enracinés dans la dureté, mais dans la clarté et le discernement.
Par une contemplation juste et un alignement profond avec Binah, une personne peut adoucir les jugements qui pèsent sur elle en percevant leur finalité et en se réalignant sur la sagesse divine. C’est pourquoi la Teshouva méditative (associée à Binah) transforme non seulement les actions futures de la personne, mais atténue aussi les décrets déjà enclenchés.
Pour plus d’informations sur la Séphira de Binah et les termes qui s’y rapportent, consultez l’article dédié.
Commentaires
Enregistrer un commentaire